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On a déjà testé PES 2014
Une révolution. Critiqué, méprisé, relégué au rang de faire valoir du nouveau monstre FIFA, l'inimitable PES a longtemps encaissé les coups sans rien dire. Bien décidés à redorer leur blason, les lascars de Konami ont envoyé du lourd pour leur opus de la rentrée 2014. Et ça, ça valait bien un réveil aux aurores.
L’horloge de la gare du Nord indique 5h56, mais ça, les quelques junkys qui font office de comité d’accueil de fortune s’en foutent. À l’aise dans sa chemise noire et seul être à arborer un sourire bright dans ce hall d’âmes en peine, Nicolas fend la foule de la mezzanine « Eurostar » avec l’entrain du type qui a passé une belle soirée. Le genre de celle qui rend le réveil aux aurores moins difficile. « Le jeu, c’est une folie. C’est une révolution » , balance t-il d’entrée de jeu. Nicolas fait partie du gratin à qui l’on fait tester Pro Evolution Soccer, alors que le bébé de Konami n’en est qu’à sa version béta. Nicolas a été joueur professionnel de PES et, ce matin-là, il débarque avec « Chems » , vice-champion de France 2012 et Nabil, champion de France en titre. Ses deux compagnons sortent d’une nuit blanche passée à tâter l’opus 2013, mais Nicolas n’a que le futur à la bouche. Apparemment, ça valait le coup de se lever à 5h00.
Fabrizio Ravanelli et Alain Souchon
Les hommes qui rejoignent Londres sur un air de London Calling n’ont jamais foutu un pied en Angleterre. Il n’est pas encore 9h00 à la sortie de la gare de St Pancras qu’on délaisse assez volontiers les Clash pour Alain Souchon. Le soleil tape déjà sur les joues rosées du chauffeur de taxi britannique qu’on a envie de siffloter Sous les jupes des filles, le regard pendu à la fenêtre. Mais ce vendredi, si les garçons ont les yeux qui brillent, c’est parce que la voiture a mis le cap sur Windsor, à une petite heure à l’ouest de Londres. Au menu, pas de visite du château, mais la visite d’un endroit où les hommes du monde entier se prennent pour de vrais chevaliers : les locaux de Konami Europe. C’est là, dans une impasse verdoyante et dans un immeuble qui ne paye pas vraiment de mine, que Solid Snake et Fabrizio Ravanelli cohabitent. L’accueil passé, l’entrée dans les bureaux filerait des frissons à n’importe quel gamer. À gauche, quelques affiches, à droite, une immense vitrine où l’on peut admirer tous les opus depuis le premier ISS Pro, époque glorieuse des cuisses rectangulaires et des buts de Gabriel Batustita. Au bout de ce couloir, huit Playstation soigneusement branchées à huit belles télés où l’écran d’accueil de PES 2014 semble dire : « Eh, toi, viens m’essayer. » Mais il faudra attendre. Un peu.
Il est l’heure de dîner au Japon, mais rien de comestible ne figure sur cette table cosmopolite de Tokyo. Un Italien, un Anglais, un Américain, un Japonais. On se croirait sur le plateau d’Union Libre, sans Christine Bravo et, donc, sans saké. Cette équipe de choc est le pendant nippon de l’équipe de Windsor et elle fait un petit coucou par vidéo-conférence avant d’aller se reposer après une journée compliquée. C’est là l’une des données principales de ce premier test de PES 2014 : les équipes de Konami sont encore en plein boulot. La version qui nous est proposée ce jour-là est une version améliorée de celle qui avait été présentée à l’E3 de Los Angeles quelques semaines auparavant, mais elle n’est en rien la version définitive. C’est en partie pour cela que Nicolas, Chems et Nabil sont là : pour saisir les failles du jeu et donner leurs avis. Les discours de Jon Murphy et de Manorito Hosoda, boss de PES, terminés, les évolutions évoquées, l’heure de prendre la manette a sonné. Celle de se frotter au champion de France aussi.
Nouveau look pour nouvelle vie ?
Version béta oblige, seules deux équipes sont disponibles : le Bayern Munich et Santos. Au moment de cocher les noms sur la feuille de match, relativement peu de changements également. L’un des changements majeurs à prévoir concerne la barre d’énergie des joueurs qui jouent à domicile, qui pourront avoir un petit coup de boost grâce à leur public. Tant pis pour ceux qui joueront avec l’AS Monaco. C’est après quelques minutes de jeu et une fois passée la traditionnelle sensation de lenteur propre à la découverte de chaque nouvel opus, que l’on peut commencer à se rendre compte de la folie de PES 2014. Après un opus 2013 plutôt réussi, mais surtout deux ans après l’ignoble PES 2012, l’équipe de Konami a pris les choses en main. Au menu, un jeu beaucoup moins « arcade » et de réels progrès dans le graphisme et la modélisation. Les gestes techniques sont beaux, les passes moins « automatisées » , les contacts à l’image du jeu : plus réels (plus de passages fantômes à travers les joueurs, notamment). En effet, plus possible de réaliser des passes dans des angles improbables, de crocheter n’importe comment ou de tenter l’impossible. Le jeu se rapproche de la réalité en ce sens : ce qui est impossible dans le vrai foot est impossible dans le jeu. De fait, le jeu suit la mode lancée par ses homologues et devient compliqué, voire difficilement abordable, notamment pour les enfants. En ce qui concerne les points négatifs – car évidemment, il y en a toujours – on note la sempiternelle faiblesse du gardien, notamment lorsqu’il n’est pas contrôlé manuellement. Outre ce défaut habituel, on a aussi pu constater que la passe en profondeur par dessus la défense – L1 – Triangle, pour les puristes – passait beaucoup trop souvent. Cependant, c’est avec une l’impression agréable de jouer à un jeu qui a enfin évolué et qui est globalement réussi que l’on reprend le taxi direction Londres. Le jeu n’est pas terminé, mais on l’imagine assez tranquillement convaincre les sceptiques et combler le gouffre creusé par FIFA dans la jouabilité ces dernières années. L’horloge de la gare du Nord affiche 20h47, mais ça, on s’en fout. Maintenant, on a envie d’avoir la version définitive. Et d’y jouer jusqu’à 5h56.
Swann Borsellino