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On a décrypté les nouvelles règles d’arbitrage avec Michel Vautrot

Par Clément Gavard
8 minutes
On a décrypté les nouvelles règles d’arbitrage avec Michel Vautrot

Comme chaque année (ou presque), l'International Board (Ifab) a introduit plusieurs modifications dans les règles du jeu pour la saison à venir. À l'approche du retour de la Ligue 1, des principaux championnats étrangers et des compétitions européennes, il était important de faire le point sur les grandes nouveautés avec Michel Vautrot, ancien arbitre international français, pour se mettre à la page.

Il paraît que le football est en perpétuelle évolution, les nouvelles règles du jeu viennent chaque année confirmer cette théorie. En mars, l’International Board (Ifab), garant des lois du jeu dans le foot, a introduit plusieurs modifications, en vigueur depuis le 1er juin pour toutes les compétitions. « Vous tombez bien, j’étais en train de réviser » , sourit Michel Vautrot, ancien arbitre international français. Avant d’enchaîner : « Je ne sais pas si les gens s’en rendent compte, mais ça fait longtemps qu’il n’y avait pas eu autant d’ajouts et de modifications. Et même si je ne suis plus concerné directement, je trouve ça bien de voir les lois évoluer et s’adapter au foot moderne. » En France, les hommes et les femmes en noir ont fait le tour des clubs pour leur présenter ces nouveautés, alors que les consommateurs de foot restent, eux, parfois dans l’ignorance des dernières subtilités. Récapitulatif.

Jeux de mains, jeux de vilains C’est le grand débat de l’arbitrage depuis l’instauration de la VAR : quand faut-il siffler une main ? L’International Board a tenté de donner quelques précisions pour aider les arbitres à partir de cette saison. Désormais, la consigne sera de siffler toute faute de main d’un joueur qui marquera ou se créera une occasion de but, même si elle n’est pas volontaire. De plus, il est précisé qu’il y aura coup franc ou penalty dès qu’un joueur qui touchera le ballon du bras ou de la main augmentera « artificiellement » la surface de son corps, ou quand le contact interviendra au-dessus de ses épaules. Les deux bémols : le jeu se poursuivra si le cuir touche une autre partie du corps ou bien quand le ballon est dévié par un coéquipier ou un adversaire avant d’arriver sur le bras. Dernière chose : un joueur ne pourra plus être sanctionné s’il touche le ballon de la main en tentant d’amortir une chute.

L’avis de Michel Vautrot : « Les mains, ça a toujours été un problème dans l’arbitrage. Ce qui me gêne un peu, c’est qu’on fait la différence entre les mains des attaquants et celles des défenseurs. Si je comprends bien, ça devient plus simple pour juger les mains des attaquants du coup : une main volontaire ou non, on siffle. Au moins, ça a le mérite d’être clair, même si ça me gêne un peu philosophiquement qu’on siffle une main involontaire. Mais ça facilite le travail de l’arbitre, je m’en réjouis. Puis, je trouve ça très bien d’arrêter de sanctionner les mains après les chutes, ça évitera des discussions inutiles. »


Le bazar dans le mur, c’est fini Les malicieux et petits vicieux vont faire la tronche : l’équipe qui attaque n’a maintenant plus le droit de venir gêner le mur adverse sur un coup franc. Les joueurs devront désormais se trouver à un mètre et ne pourront plus venir coller le mur. Si la règle n’est pas respectée, la défense se verra accorder un coup franc indirect. Les explications de l’Ifab ? Cette perturbation des attaquants allait « à l’encontre de l’esprit du jeu » .

L’avis de Michel Vautrot : « Je dois avouer que ça me plaît bien, c’est une décision intelligente, parce qu’il y en avait marre d’avoir du grabuge dans le mur. C’est vrai que ça faisait partie du côté vicieux du football, certains entraîneurs mettaient en place des tactiques pour jouer avec cette possibilité, mais je parle du point de vue de l’arbitre, pas de celui du spectacle, il faut le préciser ! Est-ce qu’on pourra contourner la règle ? On peut toujours changer les règles et les lois, elles ne vaudront que ce que les êtres humains voudront bien en faire. Il va falloir attendre les premières journées de championnat pour voir comment ça se passe, mais je pense que ça évitera à l’arbitre de se disperser. »


La fête de la biscotte Attention, plus personne n’est à l’abri de récolter une biscotte. Désormais, sur le banc de touche, un membre de l’encadrement technique – l’adjoint, le médecin, un préparateur… – pourra également être sanctionné d’un carton jaune ou rouge en cas de mauvais comportement. Et si le carré arbitral ne trouve pas le coupable, ce sera l’entraîneur principal qui sera puni.

L’avis de Michel Vautrot : « Pareil, c’est très bien ! Avant, on pouvait expulser quelqu’un du banc, mais il n’y avait pas cette notion de carton. Le rouge n’apportera pas grand-chose pour les bancs, mais plutôt pour les tribunes qui comprendront tout de suite qu’un membre du staff est expulsé. En revanche, le carton jaune va permettre d’identifier les fautifs en les avertissant officiellement comme les joueurs sur le terrain. Et ce qui est important, c’est cette responsabilité donnée à l’entraîneur principal : il doit tenir son banc, sinon il peut lui aussi être sanctionné. S’il couvre quelqu’un, il va morfler. »

Autre chose : un joueur qui marque écopera toujours d’un jaune quand il enlèvera son maillot pour célébrer, même quand le pion sera invalidé, l’Ifab estimant que « l’impact du geste en matière de sécurité et d’image » reste le même.

« Déjà, est-ce que les gens savent pourquoi cette règle existe ? Il faut se rappeler de la source : c’est une question de sécurité, notamment pour les supporters dont les esprits peuvent vite s’échauffer. Cette précision, je la trouve logique. Il faut se dire que chaque décision est prise sur des fondements, ce n’est pas un mec qui se réveille un matin avec une idée à la con. Après, je me suis souvent demandé ce que j’aurais fait dans des circonstances exceptionnelles. Je pense à la mort d’un joueur, comme Sala récemment, si je suis arbitre et qu’un coéquipier lui rend hommage en retirant son maillot, je préfère ne pas mettre de jaune, et tant pis si je me fais suspendre. Car c’est vraiment un témoignage du coeur, et le football ne peut pas perdre les valeurs du coeur. »


Gardiens et penaltys C’est la fin de l’obligation pour les portiers d’avoir les deux pieds sur la ligne de but au moment où un adversaire tire un penalty. Les gardiens pourront se contenter d’un seul pied sur la ligne (ou à hauteur de celle-ci s’ils sautent en l’air). En outre, Alisson, Ruffier, Neuer et compagnie devront arrêter de frapper les poteaux, la barre transversale ou de faire trembler les filets pour déstabiliser le tireur.

L’avis de Michel Vautrot : « Ah, il me tarde de voir le début de saison ! Il faut déjà se poser une bonne question : est-ce que la dernière loi telle qu’elle existait était vraiment appliquée avant ? La réponse est non. Au contraire, c’est l’arbitre qui l’appliquait réellement qui se faisait généralement critiquer. Imaginez, c’est une sacrée responsabilité de refaire tirer un péno le jour d’une finale de Coupe d’Europe ou de Coupe du monde pour un pied trop avancé ou des joueurs qui entrent dans la surface. Si vous reprenez toutes les images des saisons passées, dites-moi combien de penaltys étaient vraiment réguliers. Pas beaucoup, c’est certain. Donc je demande à voir si ça va vraiment changer quelque chose. Le respect de la règle, c’est le vrai défi à mes yeux. En ce qui concerne les déstabilisations, c’est beaucoup plus anecdotique. »


Par ici la sortie ! Ah, les fameux gains de temps à chaque remplacement lorsqu’une équipe est devant au tableau d’affichage… Et bien, c’est terminé ! Dorénavant, un joueur qui doit céder sa place devra quitter le terrain par le chemin le plus court, sans obligatoirement passer devant l’arbitre assistant, à moins que l’homme en noir ne décide le contraire pour une question de sécurité.

L’avis de Michel Vautrot : « Ce n’est pas mal ça aussi. On dit toujours qu’il faut que le jeu soit fluide, qu’il ne faut pas perdre de temps, donc je trouve ça intelligent d’avoir pris cette décision. Je pense que la motivation, c’est surtout d’éviter d’arrêter le jeu trop longtemps. Cela étant, le problème restera le même à certains moments : si le joueur va se mettre dans le rond central pour prendre son temps, ça reviendra au même. Et l’arbitre pourra toujours lui mettre un carton jaune s’il fait du zèle. »


Les coups de pied arrêtés et leurs subtilités Trois nouveautés cette année pour les coups de pied arrêtés. Une première pour indiquer qu’un gardien ou un défenseur qui tire un six mètres pourra désormais passer la chique à un partenaire se trouvant à l’intérieur de sa propre surface, alors que les adversaires devront bien rester en dehors. Une deuxième pour permettre à un arbitre de revenir à l’action précédente après un coup franc joué rapidement afin de pouvoir distribuer un éventuel carton jaune. Et une troisième pour transformer la pratique des « balles à terre » après chaque arrêt de jeu en simples coups de pied arrêtés pour le gardien ou l’équipe qui avait la possession de la balle.

L’avis de Michel Vautrot : « Ce sont des trucs plus difficiles à assimiler pour un vieux comme moi. J’ai tellement été élevé au biberon par les vieilles règles (les quatre pas, aucune limite de temps pour les gardiens…) que je raisonne comme autrefois. C’est pour cela que je peux toujours être surpris devant un match de foot. Honnêtement, je n’ai pas d’avis tranché sur cette question des six mètres… Je trouvais ça bien qu’on puisse aérer la surface de réparation à l’époque, mais je suis incapable de dire si ça va vraiment révolutionner le jeu. Pour les deux autres points, c’est autre chose. Je pense que c’est plus de l’ordre de la clarification. Au moins, les joueurs savent maintenant qu’ils ont le droit de jouer rapidement, mais il ne faudra pas que l’arbitre oublie de donner le carton après, c’est le petit risque. C’est important de codifier. Pour la fin des balles à terre, je trouve ça pas mal parce que ça va permettre d’accélérer le jeu. »

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Par Clément Gavard

Propos de Michel Vautrot recueillis par CG

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