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On a assisté au retour de Luyindula
Après plus de six mois de galère, Luyindula a réintégré hier le groupe pro du Paris Saint-Germain, à la plus grande joie des supporters. La veille du huitième de finale de Coupe de France contre Dijon, le groupe est réuni au Camp des Loges pour un entraînement organisé à huis-clos. Pas décourageant pour un poignée de fans venus fêter le retour d'un joueur apprécié, qui aura finalement bien fait de vider son sac.
« Je ne connais pas Luyindula » . Dans une salle exiguë du Camp des Loges, Carlo Ancelotti, costard sombre et le sourcil rieur, répond aux questions des journalistes, dans un français propre, qu’il marmonne plus qu’il ne parle. Cette phrase étonnante est pourtant prononcée par l’homme qui officiera l’entraînement du Paris Saint-Germain quelques minutes plus tard. La veille du déplacement (important ?) des Parisiens à Dijon pour les huitièmes de finale de la Coupe de France, le Camp des Loges voit une vieille connaissance revenir. Peguy Luyindula, le banni du Parc, celui que Kombouaré avait décidé de reléguer à la CFA parisienne, puis au statut de simple salarié du club, réintègre le groupe pro. Pression médiatique ou réel intérêt du technicien italien pour le meilleur scoreur en activité du championnat ? « Je sais qu’il a un très bon curriculum ici, continue Carlo. Je suis content, je pense qu’il peut être important pour l’équipe. Il a marqué beaucoup de buts pour le PSG, il peut être utile » . Convaincant, sans vraiment l’être, l’ancien entraîneur de Chelsea doit désormais composer avec le buteur parisien, écarté par son prédécesseur, et qui a porté l’affaire devant la justice il y a quelques semaines. Il devra également composer avec le Brésilien Marcos Ceara, en passe de devenir le Peguy version 2012.
Classe A
Dix minutes de conférence de presse, et départ pour l’entraînement. Un entraînement organisé à huis-clos, sûrement pour éviter à la presse d’en faire des caisses sur un retour très médiatisé. Luyindula rejoint le Camp des Loges dans sa Classe A noire, sobre, qu’il gare entre un Range-Rover et une R8 tape à l’œil. Il descend, jogging gris, chaussures à la main, avec ses potes Camara et Gameiro qu’il a emmenés pour l’occasion. Certainement plus pratique pour les deux briscards qui se tirent direct après en bus, direction la Côte d’Or. Une arrivée somme toute normale pour un type qui n’a plus mis les pieds à Saint-Germain depuis août 2011. Le huis-clos n’empêche pas quelques intrépides journalistes de se glisser derrière les barrières pour gratter quelques images de l’ancien rebut balle au pied. Ce dernier arrive seul pour rejoindre ses coéquipiers. Ça rigole au toro. Huis-clos oblige, un mastard de la sécurité viendra déloger les journaleux en mode paparazzis planqués derrière les arbustes, priés de déguerpir sous peine d’être tricards aux Loges. Tant pis. De toute façon, c’est plus marrant à l’extérieur. Comme à chaque entraînement des locaux, quelques supporters sont venus zieuter les grosses cylindrées sur le parking et gratter un autographe ou une photo pour leur profil Facebook.
D’ailleurs, c’est con que les supporters n’aient pas pu assister à l’entraînement. Parce qu’ils l’aiment bien, leur Peguy. « Ça fait super plaisir de le revoir, déclare un fan, des frites DoMac plein la bouche et les mains. Kombouaré avait fait une erreur de le retirer. En Europa League, il nous avait bien sauvé la mise » . Le temps de terminer sa Magic Box, un pote à lui enchaîne : « Il revient parce qu’il leur a mis la pression. Mais c’est bien, ça fait un joueur de plus, il connaît la maison et il a des automatismes avec des mecs comme Nenê. J’espère qu’il sera là pour la fin de saison » . Christine, elle, vient de Toulouse. Elle est de passage sur Paris pour voir France/Irlande au Stade de France en rugby. Dommage. Vu qu’il n’est pas possible pour les 840 kilos du pack de jouer par -4, elle a décidé de faire un p’tit coucou aux footeux. Au moins, ils n’ont pas froid l’hiver, eux. « Je veux une photo de Thiago Motta, affirme-t-elle. J’ai déjà Leo (Leonardo), Carlo, Pastore » . Et Peguy ? « Je m’en fiche. Enfin, il était bon, mais je veux Motta » . Un ancien « pote » de Luyindula est également du déplacement : « Mais je suis là en tant que supporter, pas en tant qu’ami, déclare-t-il. Je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis un petit moment » . Pour lui, c’est normal que le Parisien revienne, « vu tout ce qu’il a fait au PSG, et le professionnalisme dont il a toujours fait preuve. En plus, il n’y a pas beaucoup d’attaquants au club » .
« Ça fait forcément bizarre »
Sur les coups de 16 heures, l’entraînement des Parisiens touche à sa fin, et il est temps de sortir les monstres du parking. Alex, Sirigu, Pastore, pas du voyage en Bourgogne, seront les premiers à quitter le Camp des Loges. Tout le reste de la troupe s’est amassé dans le car du club, prêt pour le road-trip direction Dijon. Peguy est le dernier à sortir. Il montre sa trogne, et promet de revenir. Ça sent mauvais. Mauvaise langue : il débarque quelques minutes plus tard au volant de sa Merco et daigne ouvrir sa fenêtre devant l’insistance des quelques médias restés présents au Camp des Loges. « Je me suis entraîné normalement, envoie Peguy. J’ai été bien accueilli. Ça fait forcément bizarre. Je répondrai volontiers à vos questions une fois que j’aurai un peu plus de temps » .
Une fois n’est plus coutume, il suivra les tribulations en Coupe de France de ses coéquipiers à la télé. En espérant pour lui qu’il connaisse une fin de saison moins galère que l’enfer qu’il vit depuis de nombreux mois. Et Christine dans tout ça ? A l’entrée des joueurs dans le car, la Toulousaine force le passage pour sa photo avec Motta. D’abord repoussée par le service de sécurité, elle est finalement invitée à passer quelques secondes dans le bus où elle a tout le loisir d’enrichir sa précieuse collection. Elle n’aura pas fait le voyage pour rien. N’en déplaise aux rugbymen…
Par Arthur Scherer, au Camp des Loges