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On a assisté au maintien du Red Star en National
L’opération était simple. Pour assurer sa montée en Ligue 2, l’Etoile FC Fréjus-Saint-Raphaël n’avait besoin que d’un match nul. Sauf que le Red Star, le club de la banlieue rouge qui devait impérativement gagner pour se maintenir en National, était chauffé à blanc.
L’Olympic, le troquet posté juste en face du Stade Bauer et habituel lieu de retrouvailles des fans du Red Star, n’avait plus vu autant de monde depuis belle lurette. Des centaines d’écharpes vert et rouge jouent des coudes pour toper un demi de chauffe. Dans quelques minutes, c’est entrée gratuite pour tout le monde à Bauer ce soir. Plus de 2500 personnes sont au rendez-vous, soit 1500 plus que d’habitude. Sur le terrain, le capitaine des vert et blanc Samuel Allegro, forfait, a laissé son brassard à Franck Queudrue, dont c’est le dernier match. Possible ultime match également pour Vincent Doukantié, le coach vert et blanc. Trop de facteurs pour que le Red Star FC passe à côté du match le plus important de sa saison.
Œil pour œil, dent pour dent, étoile pour étoile
En première mi-temps, un Franck Queudrue taille patron, bien aidé par Ludovic Fardin, annihile les attaques varoises. De son côté, le Red Star ne parvient pas à se trouver, à l’exception d’Alexis Lafon qui met le feu sur son côté droit. La victime de Fréjus est toute trouvée. En l’espace de quatre minutes, Biagui Kamissoko commet deux fautes sur le numéro 21 du Red Star. Retour aux vestiaires pour le défenseur varois. Malgré cette expulsion, c’est bien Fréjus-Saint-Raphaël qui, à l’heure de jeu, plante, sur un coup-franc de Ramos. C’est alors que rentre Jonathan Famery, changeant la physionomie du match. Chacun de leur côté, Oudrhiri et Famery multiplient les actions dangereuses, jusqu’à ce but de renard au deuxième poteau de Jean-Jacques Mandrichi. Muet depuis le mois de janvier, le corse a bien choisi son moment. On est à la 64e. Le Red Star campe chez les varois et vingt minutes plus tard, ce même Mandrichi plante la deuxième banderille d’une tête décroisée imparable. Le stade explose, les supporters montent sur les grilles et les « ouh ah banlieue rouge ! ouh ah banlieue rouge ! » pleuvent. Ironie du sort, c’est un corse qui fait monter le CA Bastia en Ligue 2 en lieu et place de Fréjus-Saint-Raphaël. S’ensuivent dix interminables minutes dans un jeu d’attaque-défense. Oudrhiri et Famery sont à deux doigts du break mais mangent la feuille. L’important est ailleurs : le Red Star FC se maintient en National, à la faveur d’une défaite de Bourg-Péronnas.
La der du Tank et la sécu qui gaze
Lorsque les joueurs du Red Star viennent saluer leurs supporters, une ovation est réservée à Mandrichi, héros d’un soir, et surtout Queudrue, larmes aux yeux. Le Tank part sur un dernier coup d’éclat, trainant ses chenilles une dernière fois sur un terrain avant de rentrer dans le Nord. Devant tant de liesse, les supporters veulent envahir le terrain pour communier avec les joueurs. À coups de matraque télescopique, la sécurité en décide autrement. Un gros pétard retentit, juste au pied des stewards. L’ambiance est électrique. À la sortie, la sécurité fait face à un cortège compact de supporters bien décidés à quitter Bauer sans encombre. Devant trop d’opposition, les gardes perdent pied et balancent des lacrimogènes à tout va pour disperser la foule. Flics, sécurité et supporters se toisent d’un côté et de l’autre de la rue. Un fumigène est craqué devant l’Olympic, des chants entonnés en masse. Au zinc, les yeux sont rougis et humides, sans que l’on sache qui du maintien en National ou des gazeuses a provoqué ça.
Par Matthieu Rostac