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Nikola Karabatic face aux jeunes du PSG : conseils d’Expert

Par François Goyet, à Poissy
7 minutes

Tout juste retraité des parquets, Nikola Karabatic (40 ans) est venu ce lundi à la rencontre des jeunes footballeurs et footballeuses du centre de formation du Paris Saint-Germain. Au cœur du Campus PSG flambant neuf, le désormais ex-joueur du club de la capitale (2015-2024, 348 matchs disputés) a livré avec sagesse et bienveillance les secrets de son immense réussite, qui ont fait de lui l’un des plus grands sportifs français de tous les temps. Immersion sur les bancs d’un amphi rempli de chanceux.

Nikola Karabatic face aux jeunes du PSG : conseils d’Expert

La nuit a beau être tombée depuis de longues minutes sur Poissy en cette mi-novembre, elle n’empêche pas une certaine forme d’effervescence de parcourir les allées du gigantesque Campus PSG, le nouveau centre d’excellence sportive du Paris Saint-Germain. Les derniers préparatifs de l’inauguration en grande pompe du site, prévue le 21 novembre prochain, y sont pour beaucoup. Ouvriers et techniciens s’affairent au pas de course autour de la construction d’une immense scène, donnant à ce drôle de ballet des allures de fourmilière géante. Il faut dire que l’inauguration du complexe de 74 hectares – rejoint à l’été 2023 par le groupe pro du PSG football, puis tour à tour par son centre de formation, la section féminine et dans un futur plus ou moins proche les judokas et les handballeurs – commençait à se faire attendre : le campus mérite bien une crémaillère à la démesure de ses installations pharaoniques, désirées depuis tant d’années par un président Nasser al-Khelaïfi trop à l’étroit au Camp des Loges (Saint-Germain-en-Laye).

Mais l’autre raison de l’excitation grandissante ce lundi soir dans les travées du complexe pisciacais concerne la visite d’une véritable icône du sport français : alors que son nom résonne dans les talkies-walkies des agents de sécurité aux alentours de 19h, Nikola Karabatic fait soudain son apparition au milieu du club-house, immense bâtiment dressé en plein cœur du domaine et conçu telle « une agora réunissant toutes les familles du club ». Tout un symbole pour le célèbre handballeur, venu ce soir à la rencontre des jeunes du centre de formation du foot pour leur transmettre des valeurs communes et chères au club omnisports qu’est le Paris Saint-Germain.

Photo : Team Pics / PSG
Photo : Team Pics / PSG

Un palmarès qui laisse rêveur

C’est donc sur la scène d’un amphithéâtre de 150 places rempli à craquer que le GOAT du handball se dresse, sous une salve d’applaudissements d’abord timide. Un brin chambreur, Niko donne tout de suite le ton : « Je pensais que c’était plus chaud que ça, le PSG foot ?! » lance-t-il, provoquant la réaction immédiate de son auditoire et une salve d’acclamations beaucoup plus à la hauteur de la carrière d’un homme qui a littéralement plié le game du handball. Le décor va très vite être planté sur l’écran géant, le palmarès du colosse d’1,96m n’étant pas connu sur le bout des doigts par ces jeunes âgés de 12 à 19 ans. Avec l’équipe de France, Karabatic pèse 3 titres de champion olympique, 4 titres de champion du monde et 4 titres de champion d’Europe, pour ne citer que le plus beau des métaux. En club, le natif de Niš (Serbie) a remporté 3 Ligues des champions pour 22 titres de champion national en 23 ans de carrière professionnelle. À titre individuel, l’aîné des frères Karabatic a également été élu meilleur joueur de la planète à trois reprises. Des faits d’armes qui ont le mérite de captiver d’entrée son assistance, et de lui donner ne serait-ce qu’un peu de crédit auprès d’un jeune public davantage connaisseur des stats du Kyks que de celles du plus célèbre des handballeurs.

À votre âge, je rêvais déjà d’être le meilleur, et j’ai réussi à l’être trois fois, car je m’en suis donné les moyens. L’essentiel, c’est surtout de ne pas avoir de regrets.

Nikola Karabatic

À ses côtés sur scène, Philippine, animatrice officielle de la soirée et rompue au difficile exercice de la conférence interactive, aiguille la masterclass de Karabatic autour de quatre thématiques centrales : « Le mental du champion » ; « L’engagement et la discipline du sportif de haut niveau » ; « Le leadership » ; « La construction de la carrière et de l’après-carrière ». Développés tour à tour par le néo-retraité, les quatre grands axes communs aux deux sports sont entrecoupés de questions préparées en amont par les jeunes du centre de formation. Alors que le micro passe de main en main, donnant lieu à des prises de parole tantôt affirmées, tantôt tremblotantes, certaines questions nécessitent à Nikola davantage de réflexion que d’autres. Quand il est interrogé par Mamadou sur son nombre de pions inscrits au cours de sa riche carrière, la réponse du champion (« 3120 buts, si j’en crois Wikipédia ») déclenche le délire des nombreux jeunes, soudainement devenus complètement Barjots. « Mais weshhh, comment c’est possible ?! » résonne alors dans l’amphi. « J’ai plus de 360 sélections en équipe de France, mais il faut dire qu’il y a plus de matchs qu’au foot », plaisante l’ancien Montpelliérain, comme pour tempérer des chiffres aussi hallucinants qu’exceptionnels.

Photo : Team Pics / PSG
Photo : Team Pics / PSG

La question de Nina sur l’homosexualité dans le handball permet également à Karabatic d’aborder un thème encore tabou dans les centres de formation, lui qui affirme avoir fréquenté « plusieurs joueurs ayant fait part de leur homosexualité dans le vestiaire, sans besoin de leur part que cela ne sorte dans la presse ». Les conseils du Costaud s’enchaînent auprès d’un public d’abord concentré, puis légèrement plus distrait au fil des minutes : l’hygiène de vie, les étirements, la nutrition, la gestion de la blessure, l’entraînement, le sommeil, l’importance d’un mental de fer, tous les conseils sont bons à prendre pour ces jeunes qui rêvent de glaner un jour ne serait-ce que la moitié du palmarès de NK13. « Mon trophée le plus marquant, c’est le titre olympique à Tokyo 2021, car c’est avec mon frère Luka », insiste-t-il plusieurs fois, exprimant également son immense fierté d’avoir été élu « Ballon d’or » à trois reprises : « À votre âge, je rêvais déjà d’être le meilleur, et j’ai réussi à l’être trois fois, car je m’en suis donné les moyens. L’essentiel, c’est surtout de ne pas avoir de regrets. »

L’omnisport, chantier en cours au PSG

Des jeux interactifs sont proposés aux jeunes sportifs, invités à dégainer leur smartphone pour répondre à des petits quiz en lien avec la carrière de l’athlète. L’occasion d’évaluer la bonne attention de la plupart des participants, certaines mauvaises réponses laissant toutefois songeurs sur le peu d’impact médiatique du handball face à la toute-puissance du football, même dans un club omnisports comme le PSG. À tel point que l’un des plus grands sportifs français de tous les temps semble être relativement méconnu d’un public certes jeune, davantage rompu aux tribunes du Parc des Princes qu’à celles de Coubertin. Ibrahima (17 ans), prometteur milieu de terrain de l’académie parisienne, confie après coup ne pas être un expert du chabala et de la roucoulette : « Karabatic, je le connais assez peu, seulement de nom. Je ne l’ai jamais vu jouer, même à la télé, moi je regarde surtout le foot, je vais à tous les matchs du PSG. En tout cas, j’ai trouvé ça super intéressant. La gestion de sa blessure, ses conseils sur la partie mentale, franchement c’était cool. »

Au bout d’une heure d’échanges et alors que sonne l’heure des pâtes bolo pour les jeunes sportifs, le moment est ainsi venu de tirer le rideau. Et tandis que les internes se ruent vers la sortie, désireux de ne pas trop faire la queue à la cantine, le géant glisse, sourire en coin : « J’espère ne pas les avoir trop emmerdés avec mes conseils de vieux. » Il n’en est sûrement rien, tant l’ancien handballeur est devenu le temps d’un soir un modèle de réussite pour tous ces champion(ne)s en herbe, qui au moment de s’endormir repenseront sûrement à l’impressionnante longévité de leur intervenant. Et s’ils n’auront probablement jamais les paluches aussi collantes que celles de Nikola, tous savent désormais qu’il faudra mettre les mains dans le cambouis pour espérer un jour caresser l’or.

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Par François Goyet, à Poissy

Propos recueillis par FG.
Photos : Team Pics / PSG

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