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On a accompagné les Dogues Virage Est à leur rentrée

Par Eric Carpentier
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On a accompagné les Dogues Virage Est à leur rentrée

Choc en ouverture de la Ligue 1 cuvée 2016 : Lille reçoit Paris. Un événement en plein cœur de l'été pour les Dogues Virage Est, le kop lillois. On l'a suivi de la mise en place du tifo à l'après-match, en passant par la distribution des cartes. Compte-rendu depuis la passerelle du capo.

Jour de fête à Lille. D’abord parce qu’il fait beau, chose suffisamment rare pour être célébrée. Mais, surtout, parce que le championnat reprend. Dans les kiosques, La Voix du Nord titre « Les retrouvailles » alors que, devant la gare Lille Flandres, le retour du foot est salué par 4 cars de CRS. « Rapport au passif des Parisiens » précise un policier de faction, lunettes de soleil vissées sur le nez et Ice Tea à la main. 10 stations de métro et 9 minutes à pied plus loin, à Villeneuve d’Ascq, l’ambiance est des plus détendues au pied de Pierre Mauroy. Le personnel du stade embauche doucement, les bars sortent fûts et tireuses, et Donatien, fleur de lys tatouée sur le mollet, débarque en soulevant péniblement un sac de jute bien rempli. Il est 16 heures, l’heure de mettre en place le tifo du soir.

Les spécialistes du comptoir

« Si tout va bien, on fait ça en 1 heure et on va boire des bières ! » balance Donat’, vice-président des Dogues Virage Est et co-capo de la tribune Nord. « On a mis 3 heures hier (jeudi),tu rajoutes 1 heure aujourd’hui (vendredi), ça fait 4 heures pour un match contre le PSG. Nous, on est spécialistes des tifos à l’arrache… En fait, on est surtout des spécialistes du bar ! » En attendant, la vingtaine de mecs présents pour l’installation s’active : 2 000 drapeaux rouges et blancs à déposer sur les 4 000 sièges du kop, la bâche DVE sur la grille, et une banderole « DVE Lille » de 45 mètres à accrocher sur l’anneau intermédiaire – si possible dans le bon sens. Sur la pelouse, la sécurité révise ses gammes en cas de débordement. « Eh, c’est des nouveaux c’t’année. Bien, on va se faire des copains ! » rigole un gars. Quelques vannes fusent, des rouleaux de scotch sont balancés entre membres, quand sonne l’heure des retrouvailles avec Le Village du Panini et le reste de la troupe.

Le menu du Village est puissant comme un fusil d’assaut : Cuvée des Trolls (7°), Triple Karmeliet (8,4°) et Rince-Cochon (8,5°) à la pression, la portion d’un litre à 10 balles pour les DVE. Donat’ revient sur son parcours : « Grimonprez, parfois j’y pense, c’était une autre époque, un autre football… Même le Stadium, c’était marrant. Les prépa’ tifo bâclées, les canassons en tribune contre l’OM (la tribune était posée sur une butte, ce qui permettait à la garde montée d’y accéder par le haut, ndlr)… Ici, c’est une belle enceinte, mais on n’a pas de local. Ça change, quoi. » Au-delà des stades, le climat général évolue : « Paris, Lens, c’est des matchs plaisants à jouer. T’arrives, tu sens la tension, derrière tu donnes tout en tribunes. Avec Paris, il y avait une rivalité respectée, les anciens se connaissaient. Peu de groupes font le déplacement à Lille, parce qu’on a la réputation de tenir notre ville. Mais chez eux, putain, c’était une ambiance de dingue. L’époque des Tigris, des Lutèce Falco, parfois j’entendais même plus Fred au mégaphone juste à côté de moi ! Depuis Leproux, on n’y va plus. En règle générale, on n’est pas trop un peuple migrateur. » Puis, en discussion avec Jo, le patron du Village, il présente à sa manière le groupe : « Tu prends le local d’à côté, nous, on te gère ici et on prend 10 %. » « Avec tes mecs, là ? » « Non, pas eux, des gens de confiance ! » Un solide « Jo, tu mets un coup pour le prés’ ! » interrompt la tractation et annonce l’arrivée de Fédérico Maenza, le président des DVE, pendant que Jo régale sa tournée.

Fierté du Nord et armée lilloise

Entre 2 ventes de T-shirts « The North Pride » et 3 renouvellements d’adhésion, Fred rappelle l’identité du groupe : « On a 26 ans maintenant, et on ne se revendique toujours pas ultras. Les anciens étaient sur un mode anglo-saxon, du chant et pas de tifos. Ça change avec les jeunes générations, mais on ne suit pas le code ultras. On est plutôt une tribune populaire, une famille. » D’ailleurs, Fred a rencontré sa femme dans les travées de Grimonprez-Jooris et « c’est sûr qu’une femme DVE, c’est plus facile. » « J’suis pas une fille facile moi ! » intervient Tiphanie. La joueuse de l’US Pérenchies est reconnue chez les DVE. Ça n’a pas toujours été le cas : « 15 ans en arrière, t’avais pas de femmes dans le Virage Est. Maintenant, je suis respectée. L’année dernière, on tombe sur les Valenciennois sur une aire. Fred se prend un tesson dans l’affaire, mais les flics veulent pas le laisser partir à l’hosto parce qu’il est responsable. Le type me dit : « Si tu fais remonter le groupe en moins de 5 minutes, OK. » En 2 minutes, tout le monde était dans le bus. » Le caractère de Tiphanie contraste avec celui de son mari, calme et posé, presque réservé. Qui tranche lui-même avec le personnage de capo qu’il campera dans 2 heures. Pour le moment, il se contente de vider des pintes avec les quelque 70 DVE disséminés autour des tables. Et de tenir la caisse, en reconnaissant que la gestion n’est pas trop leur truc : « On est entre 400 et 500, on pourrait faire plus mais on s’en fout, l’unité est plus importante. L’Europe ramène des gens. Le déplacement à Liverpool avait fait rentrer 10 000 euros, entièrement remis dans les déplacements. L’année dernière, on a fait Nantes à 20 euros. Mais on a détruit un bus et ça nous a coûté 5 000. On n’a plus rien ! »

Alors que le match approche, Boutik s’annonce : « Comment ça va bande de fils de putes ? » Boutik penche du côté de la LOSC Army, la frange hooligan lilloise qui désole quelque peu Fred : « À la base, c’était un cri de ralliement, mais le nom a été repris par des skins et c’est maintenant identifié. On n’est pas lié avec eux, c’est une nébuleuse. Après, c’est sûr qu’il y a des DVE là-bas. En fait, il y a de tout. » Ici, l’ambiance est bon enfant mais le double cordon de CRS posté devant le virage parisien rappelle qu’en tribunes, le foot est aussi une affaire de mains. Sur le chemin du virage Nord des Dogues Virage Est, leur tribune originelle à Grimonprez, s’envole un témoignage : « Le derby quand même, c’était des vraies ambiances, avec des vraies bagarres. »

« Tous à poil et on s’caresse ! »

Dans le stade, après le tifo, l’ambiance peine à décoller. Deux « Aux armes » d’entrée n’y font rien, alors Fred prend les choses en main : tous à poil. Et la tribune de se désaper sur un « tous à poil et on s’caresse » rigolard. Il y a des habitués de la salle de sport, des gros, des tatoués, des enfants. Le rouge de Rabiot réveille les troupes. Un timide mais tendancieux « Paris, ce n’est pas notre capitale, notre capitale restera Vichy ! » se fait entendre dans un coin. Verratti a nettement plus de succès. Fred Maenza chauffe sa tribune : « Verratti, c’est un compatriote, mettez-le bien ! » Ce qui se traduit par des supputations sur le métier de la mère de Marco, en VO dans le texte, qui voyagent jusqu’aux oreilles du Petit Hibou lorsqu’il se fend en retour d’un signe envers la tribune satisfaite. À la mi-temps, Donat’ analyse : « c’est bien, c’est une bonne ambiance. De toute façon, on peut pas faire mieux. On est Lille hein ! »

Jo se balade dans les travées, il a délaissé son stand pour le stade. T-shirt DVE sur les épaules, lui joint l’utile à l’agréable, sauf « quand y a pas foot. Les concerts, tout ça. Si y a pas foot, j’suis mal. » Les tables sorties pour le renouvellement des cartes sont pliées tranquillement quand Lucas marque son but, vécu à la télé par le bureau moins les deux capos. L’ambiance retombe alors de quelques degrés, les Dogues ronronnent malgré les efforts déployés depuis la passerelle. À la fin du match, la satisfaction est à trouver du côté de la sécurité : « c’est bien les gars, vous avez pas cassé de sièges aujourd’hui ! » Les gars en questions s’en tapent et s’en vont débriefer le match des tribunes autour de nouvelles pintes, qui s’enchaînent jusqu’après la dernière rame de métro.

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