- Ligue 1
- J14
- OM-Rennes (2-0)
OM, une renaissance en trompe-l’œil
Avant de recevoir Lyon mercredi, l’OM a gagné les deux premières rencontres de son triptyque décisif à domicile. De quoi respirer un peu, et redonner de l’air à Gennaro Gattuso, même si ces deux succès ne masquent pas les carences béantes des Phocéens.
En confiant sa destinée à un Italien en septembre dernier, l’OM misait sur une renaissance haute en couleurs. Problème : en deux mois sur le banc phocéen, Gennaro Gattuso n’a livré aucun chef-d’œuvre, son équipe s’emmêlant trop souvent les pinceaux. Mais à la sortie d’une semaine qu’on annonçait à hauts risques pour le champion du monde, le tableau est un peu plus joyeux. Tombeur de l’Ajax, puis de Rennes en quatre jours au Vélodrome, l’OM a peut-être enfin lancé sa saison… d’un point de vue comptable. Car, pour le reste, le chantier est colossal.
Gagner d’abord, rassurer plus tard
Amine Harit a lui-même souligné ce paradoxe, quelques minutes après la victoire pleine de réalisme de l’OM face à Rennes (2-0, avec deux tirs cadrés pour deux buts). « C’est notre meilleur match en championnat cette saison, un match abouti », a d’abord lancé le Marocain, au micro de Prime Vidéo avant d’être un peu plus lucide : « Peu importe la manière, il fallait prendre des points avec la victoire. On retrouve de la confiance dans nos mouvements. C’est un match sur lequel on va devoir s’appuyer. » Un point de vue partagé par Azzedine Ounahi, au même micro : « On était obligé de gagner pour lancer la saison. C’est bien d’enchaîner. On n’a pas gardé trop le ballon, on avait plus de maîtrise en deuxième période. On retient les trois points. »
Soit, peu ou prou, le discours qu’avait tenu Gennaro Gattuso jeudi après le succès face à l’Ajax, avouant retenir le succès plus que la manière. Ou plutôt l’absence de cette dernière. Le champion du monde 2006 ne s’y trompe pas : s’il avait annoncé un « grand OM » après la trêve internationale, celui-ci ne lui a pas encore été livré. Et si la situation s’est améliorée au niveau des points engrangés, il ne s’agit que d’un trompe-l’œil, tant les progrès sont faibles – pour ne pas dire inexistants – dans le jeu. Même la solidité défensive de l’OM a volé en éclats ces derniers temps. Et le clean sheet face à Rennes doit plus à la maladresse des Bretons qu’à la solidité des Phocéens. Julien Stéphan n’a d’ailleurs pas dit autre chose, à Prime Video : « Il faut être plus justes et décisifs dans les deux surfaces. On n’a pas créé suffisamment de danger. On a eu la possession, mais sans faire mal. Eux n’ont pas eu besoin de grand-chose pour marquer. »
Des faits de jeu, pas de fonds de jeu
Que ce soit face à Rennes, dimanche, ou à l’Ajax, jeudi, l’OM a surtout pu compter sur des faits de jeu favorables pour construire ses deux succès : deux penaltys et un rouge contre l’Ajax, un penalty et un rouge contre Rennes. Ce qui n’a d’ailleurs presque pas suffi face aux Néerlandais, revenus trois fois au score et battus sur une bourde incompréhensible de leur portier, dans le temps additionnel. De quoi faire dire à Gennaro Gattuso, après la rencontre : « Je suis prêt à prendre cinq buts et à en marquer six : gagner est le plus important. » Or, pour le moment, son équipe est plus proche de prendre cinq buts que d’en marquer six. Ce dont l’Italien est conscient : « Ce n’était pas une bonne prestation. Mais on respire. On était à l’hôpital, mais nous sommes sortis de l’hôpital. C’était un match très moche », a-t-il avoué à Free Ligue 1, dans les entrailles du Vélodrome.
Ces deux succès en quatre jours permettent néanmoins à Gennaro Gattuso de se redonner un peu de temps pour travailler, et calmer un public de plus en plus boudeur. Pas « à guichets fermés » face à l’Ajax, mais aussi face à Rennes pour la première fois en Ligue 1 depuis deux ans, le Vélodrome a également dégainé quelques banderoles sur le « début de saison dérisoire » de ses poulains. Le peuple ciel & blanc peut toutefois se satisfaire d’une nouveauté bienvenue : le retour de l’invincibilité du Vél, trop souvent tombé sous Sampaoli et Tudor, mais qui n’a connu aucune défaite depuis mai 2022 (7 victoires, 3 nuls cette saison TCC). Une statistique qui chasse les nuages qui menaçaient de plus en plus la Commanderie. Dans la même veine, le sursaut de Pierre-Emerick Aubameyang (4 buts en 2 matchs) participe lui aussi à préserver le maigre retour aux affaires de l’OM. Cette paix sociale est forcément la bienvenue, avant un « Olympico » nerveux, qui pourrait permettre à l’OM de revenir à 3 points des places européennes (et même à 7 points du podium). Histoire d’enfin lancer sa saison ?
Par Adrien Hémard-Dohain