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OM : une histoire de stade
Un scénario digne d'un film d'Eric & Ramzy : après trois ans de travaux, le Vélodrome tout rénové ne devrait pas accueillir l'OM car le club et la mairie ne se sont pas mis d'accord sur le loyer.
C’est Bengous, le nouveau comique marseillais qui monte, qui a trouvé la bonne formule à propos de la situation du Vélodrome. Dans une vidéo tournée devant le stade du boulevard Michelet, où l’OM ne devrait donc pas évoluer, il a sorti un « On va encore se faire remarquer avec cette histoire » . Bien vu.
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Ceux qui aiment chambrer tout ce qui touche, de près ou de loin, à Marseille ont un nouveau sujet un or, mieux encore que le fini-parti des éboueurs : après trois ans de chantier, et une rénovation qui a coûté 267 millions d’euros (contre 70-75 à Saint-Étienne, Lens et Paris et 35 à Toulouse), les joueurs marseillais vont devoir aller jouer ailleurs… La faute à la mairie et la direction du club qui ne se sont toujours pas mises d’accord sur le loyer à verser pour jouer dans l’arène historique.
Si en dehors de la ville, cela peut sembler incompréhensible, cela l’est tout autant pour les habitants de la cité phocéenne. En mars dernier, alors qu’une grande partie des groupes de supporters se tasse dans le local des Winners pour rencontrer Jean-Claude Gaudin. Parmi eux, Vincent Labrune, José Anigo et quelques autres figures du club ont fait le déplacement. Ils ne se tenaient pas la main, mais c’était tout comme. À l’époque, il y avait des élections à gagner contre le candidat PS Patrick Mennucci, qui proposait de vendre le stade, arguant que cela pouvait aussi attirer de nouveaux investisseurs pour le club. Le groupe de supporters du virage sud lui avait alors adressé une banderole quelques jours plus tard ( « P.M : Vends ta maison et pas le stade ! » ) et le directeur sportif/entraîneur de reprendre le discours du maire sortant en conférence de presse : « Le Vélodrome est à tous les Marseillais et je trouve que c’est très bien comme ça. » Mais cette belle amitié appartient désormais au passé. La mairie demande 8 millions d’euros de loyer par an, pour un OM disposé à n’en verser que 4. Les dirigeants phocéens se disent qu’ils ne veulent pas finir comme Lille, qui doit vendre Origi pour équilibrer les comptes alors qu’ils ont tout de même fini sur le podium. La mairie a derrière elle un organisme de contrôle d’État qui veut éviter de voir les gabegies de Grenoble et du Mans se reproduire avec un stade des Alpes et une MMA Arena qui accueillent désormais des équipes amateurs.
En somme, un beau dialogue de sourds entre un club qui se dit qu’il a été handicapé pendant trois ans pour les travaux concernant l’Euro 2016 et une municipalité qui voit que ce qui a changé dans ce stade, c’est avant tout la capacité d’accueil des VIP dont compte évidemment profiter l’OM. Fin juin, Philippe Pérez, le bras droit de Labrune, tape une première fois sur la table assurant qu’à ce tarif, Thauvin et ses copains iront régaler la chique ailleurs. Une annonce qui fait sourire. Comment avoir vendu des abonnements avec le nouveau toit du Vélodrome en illustration pour finalement proposer des déplacements au stade Francis-Turcan de Martigues par exemple ? Plus les jours passent, plus l’OM arrive à matérialiser sa menace avec des demandes du côté de Montpellier et Nice. Problème, les clubs en question ne veulent pas inverser les rencontres. Si l’OM veut jouer à la Mosson, très bien, mais ça sera à domicile. Les supporters marseillais devront se taper l’autoroute du soleil le week-end du 15 août. Depuis l’annonce, ils sont nombreux à s’en prendre à Gaudin (pourtant largement réélu en mars dernier). Ils implorent le maire de baisser le loyer. Tant pis pour les équipements sportifs d’une ville où il n’y a presque plus de piscines municipales et où l’on joue encore sur de la terre dans les quartiers nord. Patrick Mennucci, lui, se venge via Twitter :
Je me souviens de la banderole des Winners au Vel « Mennucci vend ta maison pas le stade » Je vous rassure moi je joue toujours a domicile
— Patrick Mennucci (@patrickmennucci) 24 Juillet 2014
Michel Tonini, le président des Yankee, s’en prend, lui, à Arema, la société chargée de construire le stade. Arema, une filiale de Bouygues. Un ami « historique » du club qui détient aussi TF1, d’où était venu Jean-Claude Dassier alors qu’il était dans une position inconfortable en 2009. Quelques mois auparavant, Pape Diouf et ses équipes avaient ficelé un projet pour que des investisseurs privés, dont Robert Louis-Dreyfus, rachètent le stade. Gaudin avait refusé. Récemment, il s’en est expliqué en disant qu’il n’avait plus confiance en Diouf, qu’il ne le voyait pas comme le garant de la parole de RLD. Le bras de fer actuel n’est-il qu’un leurre pour endormir la cour des comptes, qui scrute les faits et gestes de la mairie ? Une opération de communication pour mettre les contribuables devant le fait accompli lorsqu’ils voudront se plaindre du manque d’infrastructures dans la ville, et/ou une manière de préparer les supporters à une belle augmentation des abonnements ? Chaque détenteur du précieux sésame à l’année tient son explication. Et pour l’instant, tous préfèrent se rattacher à une statistique, histoire de garder le sourire : la dernière fois que l’OM a dû jouer son premier match de la saison à domicile à Montpellier, le club a fini champion…
Par Romain Canuti, à Marseille