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OM-Tottenham : Igor Tudor ne tient plus la longueur
Pointé du doigt pour ses changements souvent peu inspirés, Igor Tudor a de nouveau effectué des choix énigmatiques face à Tottenham. Alors que ses hommes étaient présents au rendez-vous, le Croate n'a pas su redresser la barre quand ses titulaires ont flanché physiquement.
Alors que les supporters de Tottenham exultent longuement dans le parcage, et n’en finissent plus de chanter, les travées du Vélodrome se vident, dans le silence. Puis les murmures deviennent des débats, au centre desquels se trouve un homme : Igor Tudor. Pourquoi a-t-il sorti Gigot, Veretout, mais pas Sánchez ? Pourquoi laisser Payet sur le banc dans une fin de match où l’OM avait cruellement besoin de maîtrise technique ? Comme souvent cette saison, ce sont les choix de l’entraîneur marseillais qui étaient la principale source de regrets après la désillusion face aux Spurs. Virtuellement qualifiés en C3, les Marseillais n’ont pas verrouillé la fin de match, pas au courant de leur position à ce moment. Pour une fois, le Croate a pris des risques, à l’image de l’entrée de Luis Suárez à la place de Rongier. Mais comme toujours, cela n’a pas payé.
Des changements en question
En football, tout se joue souvent sur un fil. En amont des matchs de Ligue des champions, Igor Tudor a suffisamment insisté sur l’importance des détails à ce niveau. Et si Sead Kolašinac n’avait pas bouffé la feuille de la tête, seul au second poteau, en fin de partie sur un centre de Cengiz Ünder, on ne parlerait peut-être pas autant des choix du Croate. Pendant longtemps, et malgré l’égalisation de Clément Lenglet sur un coup franc évitable, la stratégie de Tudor était proche du sans-faute. Devenu adepte des analyses de matchs hypothétiques à coups de « et si » , le technicien phocéen pourra réécrire l’histoire dans sa tête. Certes, ses hommes ont livré un match plein, convaincant pendant plus d’une heure, et méritaient mieux, mais ils ont tout gâché à la fin. Comme à Strasbourg samedi. Comme face à Lens. Comme trop souvent cette saison.
Depuis plusieurs semaines, Igor Tudor tient son onze indiscutable. Là n’est pas la question. La grosse problématique de l’entraîneur marseillais est maintenant d’impliquer le reste du vestiaire. Car les bons mots ne suffisent pas. « On joue à 16, pas à 11, il ne faut pas l’oublier. Les joueurs, pas que les miens, ont du mal à l’assimiler. Les cinq changements ont changé le foot, avant on avait moins de possibilités », répétait pourtant le Croate à la veille du « match de l’année » face à Tottenham. Mais ces possibilités, il les utilise mal. « C’est vrai qu’en général, nos remplaçants auraient pu donner plus. Pour le dernier match, Gerson et Touré ne m’ont pas déplu », concédait-il pourtant. Un doux euphémisme qu’il aurait pu répéter au coup de sifflet final, en changeant simplement les noms.
Le disque rayé de Tudor
Face à Tottenham, le cerveau phocéen n’a d’abord pas eu de chance, quand il a dû remplacer Bailly – encore blessé – d’entrée par Gigot. Mais dans ce cas, pourquoi sortir le même Gigot en seconde période, lui qui était plus frais que ses compères axiaux ? Pourquoi sortir Veretout, jusqu’ici homme du match, pour lui préférer Ünder et redescendre Guendouzi ? Laisser Sánchez, fantomatique après l’entracte, sur la pelouse alors qu’il n’avait vraisemblablement plus grand-chose dans le réservoir peut également surprendre, tout comme le choix de se passer de Payet dans un tel rendez-vous. Épuisés par l’intensité de la rencontre, et de plus en plus imprécis, les Marseillais n’auraient pas dit non à la justesse technique du Réunionnais. D’autant qu’en face, Tottenham ne baissait pas la garde : « On a essayé de contrer, de créer des chances pendant toute la seconde période. On ne pouvait pas être content d’un nul, parce que c’était très important de finir premier, on a poussé pour gagner, comme toujours », a confirmé Cristian Stellini, l’adjoint d’Antonio Conte, suspendu et resté en tribunes pendant l’intégralité de la rencontre.
Interrogé sur ses choix du soir, Igor Tudor s’est révélé expéditif : « Sead est entré parce qu’il est un peu plus offensif. On a essayé d’être plus dangereux avec Ünder aussi, si Sead avait mis cette tête, on serait en Ligue des champions. » Et la présence de Rongier au marquage de Lenglet, 14 centimètres plus grand que le milieu marseillais ? Le coach a répété que son équipe défendait en zone, et que c’était comme ça. Avant de repartir sur son disque du moment : « On a fait un match important contre un adversaire fort. Comme souvent en ce moment, on n’a pas récolté ce qu’on a semé. C’est ce qui me rend un peu triste. » Si cela s’entend, il va néanmoins rapidement falloir changer de refrain, car les fausses notes s’accumulent. Et la partition mélodique du début de saison vire à la cacophonie.
Par Adrien Hémard-Dohain, au Vélodrome