OM System

On croyait que l’Olympique de Marseille avait enfin tranché pour un système de jeu, le 4-4-2 en l’occurrence. Face à Milan (1-2) puis Montpellier (4-2), les hommes de Didier Deschamps avaient semblé abandonner le 4-3-3 appliqué en début de saison. Or, il n’en est rien. Face aux Héraultais, le 4-4-2 n’était en fait que le fruit… d’une bourde ! L’anecdote savoureuse nous vient tout droit de Mamadou Niang juste pour sofoot.com. « A Montpellier, on devait jouer en 4-3-3 mais je n’ai pas entendu le coach quand il m’a dit de me placer à gauche. Deschamps me criait d’aller à gauche mais je ne l’entendais pas. Et avant qu’Abriel vienne me prévenir, j’avais déjà délivré une passe décisive et marqué un but. Bon, après je suis allé à gauche mais comme je me sentais bien dans l’axe, je repiquais souvent. Tout le monde a cru qu’on avait décidé de jouer en 4-4-2… » . L’affaire prend d’autant plus de relief que samedi dernier à Valenciennes, Marseille a sombré corps et biens (2-3), disposé cette fois dans un bien curieux 4-2-1-3. Soit Niang, Brandao et la surprise du chef Morientes sur le front de l’attaque, Lucho à la baguette juste derrière et la doublette Cheyrou-Cissé pour écoper devant le back four. Un carnage ! Et aujourd’hui, à quelques heures d’une exécution programmée à Madrid, bien malin qui peut deviner où veut en venir Didier Deschamps…

Lucho pose problème

Pour l’heure, DD s’est heurté à plusieurs obstacles. Ainsi son 4-3-3 d’origine supposait deux choses : un Lucho en pleine possession de ses moyens pour s’extirper d’une ligne de front très dense, lui qui ne dispose d’une grande explosivité, et d’un Niang disposé à respecter les consignes de replacement sur son flanc, lui qui préfère évoluer dans l’axe. Or, l’international argentin s’est très vite blessé et a contrarié le plan de départ. Quant au capitaine du Sénégal, il ne semble pas disposé à passer son temps sur un tiers de la largeur, en témoigne la très vive explication avec la Desch’ à Valenciennes. « Sur un côté, t’es souvent dos au but, en plus il y a souvent un joueur qui vient en aide à son latéral. Alors que dans l’axe, tu peux recevoir le ballon de trois-quart et tu peux éliminer sur un contrôle » , nous confiait-il encore. Le 4-4-2 entrevu face à Milan aurait pu être la solution idoine si elle n’obligeait pas Lucho à s’excentrer, ce dont l’ancien meneur de Porto est bien incapable compte-tenu de ses caractéristiques physiques. Et puis, il faut bien le dire, l’effectif phocéen manque cruellement de joueurs de couloirs. Au mieux, ce sont des axiaux excentrés qui on tendance à repiquer (Valbuena, Koné) ou des talents pas suffisamment rigoureux pour occuper un flanc et on pense bien entendu à Ben Arfa. En réalité, c’est peut-être l’ancien Lyonnais qui détient la clé, le seul probablement à pouvoir créer, par sa technique et sa vitesse, des différences sur les flancs. Mais pour l’heure, Hatem n’est pas parvenu à s’imposer comme une évidence. Enfin, le dernier système proposé au Nungesser, cet inattendu 4-2-1-3, s’il avait le mérite de remettre Morientes dans le bain sans se priver du décidément incontournable Brandao, il livrait la paire de demis défensifs en pâture aux vagues nordistes avec pour seule option de relance des solutions verticales (faute de joueurs de couloirs) et les pertes de balle précoces que ce jeu direct entraîne inévitablement.

S’inspirer de Goethals

Alors quoi ? Il va bien falloir trouver des solutions pour exister face au Real qui tire sur tout ce qui bouge (21 buts en 6 matches toutes compétitions confondues). Pour schématiser, Marseille peut soit décider de muscler les débats comme le suggérait Morientes. « Ce sont des artistes, ils n’aiment pas forcément quand il y a des contacts, quand ça joue des coudes… » . Et pour ça, le 4-3-3 ne paraît pas être la plus mauvaise solution (trois milieux défensifs) avec l’espoir de jouer des coups ici et là. Mais cela suppose, mine de rien, de laisser le jeu aux Madrilènes avec les risques que cela implique. Ou alors, Deschamps active sa mémoire et se rappelle qu’en mars 1991, même si lui n’y avait pas participé, Raymond Goethals avait bâti une équipe marseillaise pour aller chercher haut le grand AC Milan en le poussant à faire ce qu’il aimait alors le moins : défendre. Avec une défense espagnole pas toujours exceptionnelle, notamment sur les flancs, ça pourrait le faire. D’autant que Lassana Diarra, saint patron de l’entrejeu menrengue, sera suspendu ce soir. Et son absence pourrait faire galérer bien davantage les Madrilènes dans la récupération du cuir. En clair, en se rendant disponible, et en s’attachant à garder la gonfle, l’OM peut couper l’équipe espagnole en deux. Ce pari audacieux comporte un danger évident : celui de s’offrir à la furia de Cristiano Ronaldo et ses potes de l’attaque. Et pourtant, ce risque vaut peut-être la peine d’être couru. Car si le système défensif marseillais est encore défaillant et se ferait sans doute atomiser par le mouvement collectif barcelonais, l’OM peut compter sur de rudes joueurs de duels peut-être plus à leur affaire face à l’attaque du Real toute en un contre un. A condition de ne pas les perdre bien sûr. Auquel cas, la Ligue des champions ne sera, comme tous les ans, qu’une belle occasion de s’approcher des stars. Sans jamais pouvoir les toucher…