- Ligue des champions – J5 – Groupe F – Arsenal/OM
OM : s’en foutre, est-ce tromper ?
Voir son équipe affronter Arsenal à l’Emirates Stadium en Ligue des champions n’est pas loin d’être le top du hip-hop pour un supporter lambda. Pas pour les supporters de l’OM. Déjà éliminés et trop habitués à la C1 pour profiter de ce que certains appellent un « match de gala », certains amoureux de l’OM sont déjà lassés par cette LDC 2013-2014. Vite, qu’on en finisse.
La douceur et le flegme de Simon Baker en Mentalist ou la violence de Stallone en Rambo, pâtes au saumon ou raclette, baguette tradition ou pain de campagne. Ce mardi 26 novembre a une gueule de mauvais mardi : celui où il y a des choix à faire. Choisir, un mot qui avait disparu du vocabulaire des supporters de l’Olympique de Marseille les soirs de Ligue des champions. Des soirs « papier à musique » où le moindre geste est prévu, planifié, de la sortie du bureau au débriefing du match. Ce mardi 26 novembre, c’est la cinquième journée de la phase de poules de la Ligue des champions 2013-2014 et l’OM affronte Arsenal sur la pelouse de l’Emirates Stadium. Sur le papier, une affiche trois étoiles au Michelin. Pourtant, le contexte fait qu’on a le droit de s’en foutre. C’est grave, docteur ?
Fruit de la passion
Il y a l’amour du football pour ce qu’il est, pour le sport, qui peut s’exprimer par un intérêt soudain pour une partie de qualité, comme le Everton – Liverpool de ce week-end, à l’intensité folle. Puis il y a l’amour du football pour la passion d’une équipe, de couleurs, celles de l’OM, par exemple, qui vous feront préférer un Sochaux – Marseille à un Manchester – Arsenal, parce que cette idylle-là est plus forte que la raison. Ce club, il n’est pas parfait, mais vous l’aimez. D’ailleurs, vous l’aimez encore plus avec ses imperfections. Les tares de l’OM, ses supporters les connaissent par cœur. Sur la scène européenne, par exemple, le club de la cité phocéenne rame tantôt à cause de son manque d’efficacité face aux grosses équipes, tantôt parce qu’il tombe sur plus fort que lui. Tout cela s’est produit dans un groupe F complètement ghetto où Dortmund, Arsenal et Naples ont fini par ridiculiser l’OM et rendre sa présence dans la poule totalement désuète. Steve Mandanda l’a dit : « La pression est sur Arsenal » , et c’est un euphémisme. Avec un total de zéro point engrangé en quatre rencontres, les Phocéens sont décédés dans la poule de la mort. La poule de la mort du suspense, mais surtout du frisson. Au fond, s’il lui reste deux matchs à suivre, le supporter de l’OM est comme ce vieux Nokia 3310 : il est encore en vie, mais il ne vibre plus.
Pas de « match de gala »
La passion impliquant dans ce cas précis un peu d’égo, l’amoureux de Marseille lambda a trop d’égo pour accepter de regarder Dortmund – Naples, un match autrement plus intéressant. Mais si cette question se pose, c’est parce que cet horrible contexte sportif peut pousser l’amateur de l’OM à ne pas avoir envie de regarder un Arsenal – Marseille. Non pas par peur de perdre, une nouvelle fois, simplement par un désintérêt somme toute logique. L’OM n’a plus rien à jouer – une qualification pour l’Europa League serait aussi miraculeuse qu’emmerdante – et sa seule motivation, ne pas être fanny. On a connu plus vendeur. Alors certes, en face, c’est Arsenal puis Dortmund. Ces fameux « matchs de gala » . Le souci est que, contrairement à l’AJ Auxerre en 2010-2011 face à Madrid ou Milan, les Marseillais sont habitués aux joutes européennes, aux paillettes et aux affiches au goût de miel. En somme, un Arsenal – Marseille n’est pas un événement. Celui-là encore moins. Au mieux, les Phocéens se rachèteront un brin de crédibilité sur la scène européenne. Au pire ? Mieux vaut ne pas y penser. Au fond, le plus triste dans tout ça, c’est que cette campagne européenne de l’OM est à mi-chemin entre un rendez-vous galant avec une très jolie fille et un repas dominical chez mamie : un truc qu’on avait hâte de faire qui s’est transformé en chose que l’on fait par obligation, avec un arrière goût de « qu’on en finisse » . Tout n’est pas perdu cependant. Car la lassitude n’est pas le seul arôme qui émane de cette Ligue des champions. Ce qui découle de cette C1, comme chaque année, c’est surtout un goût de reviens-y. Alors que ce soit Rambo ou Mentalist, saumon ou charcut’, pas de panique : en amour, on se lasse parfois, mais la flamme peut renaître.
Swann Borsellino