OM : Recentrez Cheyrou !

Avec Didier Deschamps, on nous avait promis le Pérou (ou du moins l’Argentine, avec Lucho Gonzalez) et en fait, c’est la Corée du Nord. Ben ouais : Pyong Niang, capitale de la Corée du Nord. La suie et la faim. Bon, OK : pas drôle… Et “Slowly Gonzalez”, le Lucho le plus lent des Bouches du Rhône, hein ? Mais, si ! “Speedy Gonzalez” ! La souris la plus rapide du Mex… Bon, OK : pas drôle… Allez ! Du foot, alors : le Real s’est fait taper par le FC Séville (2-1), preuve que ces meringues sont cassantes (plus de blancs d’œufs que de sucre) et que prendre 3-0 à Barnabé-la-Santiague, c’est carrément inglorious. Qué misèèèèèère, l’OM ! Déjà, on croyait que Ronald Zubar était parti aux Socheylles, chez les Peujes. Ben, nan ! Il est encore là. Il a changé de nom et il s’appelle Charles Kaboré, fait chameau à tous les coups par les mousticades de Nénê… Gros-plan sur Morientès et Lucho juste avant la reprise contre Monaco. Dans le rond central, Fernando explique des trucs à Lucho : Lucho ne le regarde même pas. Lucho est ailleurs, les yeux perdus dans le vacuum… Impressions encore : Guy Stephan n’a pas l’air de coller à l’OM. On l’imagine plus à Clairefontaine, calé entre le T et le N et de la DTN. Impressions toujours : Dassier n’est toujours pas “marseillais”. C’est pas qu’une question d’accent, de soleil ou de cigales. Plutôt le Mistral. Dassier n’a pas encore pigé le Mistral. A sa gauche, en tribune présidentielle, Marc Lavoine, en VIP sushis.

Cheyrou, de gauche à l’axe

Eric Gerets affirmait toujours à qui voulait l’entendre que son joueur-clef, ou du moins l’un de ses joueurs-clefs, c’était Zenden. Même si Boudjewin ne jouait pas toujours titulaire, le coach belge appréciait son Hollandais pour son intelligence tactique : un bon joueur de couloir, bon centreur (donc pas besoin de déborder !), bon bloqueur d’espace, capable de travailler aussi plus axial et par là même complément idéal d’un Cheyrou placé DANS L’AXE. Avec Cana (ou M’Bami) en chien de garde, Benoît 1er placé en position axiale, donc, était à la fois l’organisateur officieux du jeu marseillais (“détonateur”, “accélérateur de particules”) et récupérateur intraitable. En fait, Cheyrou était la rampe de lancement reculée de l’OM et le butoir des trains adverses en Gare Saint-Charles. Depuis le début de saison, quasiment à tous les matchs, Didier Deschamps a placé Benoît dans le couloir gauche. Hérésie. Gâchis. Utilisation à seulement 60 % des capacités du bonhomme… Cheyrou n’est pas un joueur de couloir. Résultat : des trous dans l’entrejeu où des Pepe pépère (contre le Real) ou des Alonso Allons-z’y (contre Monaco) lancent sans opposition des Ronaldo ou des Park (buteur du 2-0 à la 42ème au Vélodrome) qui s’en vont fusiller le pauvre Mandanda… Placé dans l’axe, Cheyrou n’aurait peut-être pas toléré pareilles largesses, “défensivement parlant”.

Contre Monaco, la démonstration était éclatante. En première mi-temps, les milieux azuréens (Coutadeur, Alonso, Nénê) avaient suffisamment de latitude pour se sortir du pressing trop lâche des Phocéens : MBia trop seul, Lucho pas dans le match, Ben Arfa trop près de ses attaquants et pas assez travailleur et Cheyrou un poil trop excentré. Dans la construction, l’OM était trop brouillon, voulant trop rapidement porter le danger dans la surface adverse et tenter d’égaliser après le 1-0 encaissé dès la 20ème minute (coup franc de Nénê). En seconde mi-temps, Cheyrou était plus repositionné dans l’axe et il a laissé le couloir gauche occupé alternativement par Ben Arfa ou Valbuena. Du coup, Benoît a mieux annihilé les sorties monégasques au milieu, il a mieux aiguillé le jeu marseillais à la place d’un pauvre Lucho complètement à la ramasse et il s’est remis comme d’hab en position idéale sur les seconds ballons (renvois défensifs de Monaco ou passes de ses partenaires olympiens). Benoît a même bazardé un missile sur le haut de la transversale dans le bon timing, pour revenir à 1-2 au milieu de la seconde mi-temps… L’OM avait enfin retrouvé un semblant d’équilibre au milieu.

Le retour de Ben Arfa ?

Voilà, on ne va pas trancher le débat concernant la meilleure option tactique de l’OM, 4-4-2 ou 4-3-3. De même qu’on ne va pas encore vouer ce pauvre Lucho aux flammes de l’Enfer, même si son rendement et son positionnement laissent vraiment sans voix. Mais on le répète : Didier Deschamps s’est attelé avec l’OM à un boulot de très, très longue haleine et les supporters marseillais vont devoir se montrer très, très patients. Reste que Benoît Cheyrou demeure l’un des avoirs dorés de l’héritage Gerets, qu’il faut bien faire prospérer, c’est-à-dire ne pas le dilapider sur les côtés. Enfin, une autre bonne nouvelle pour l’OM : Hatem Ben Arfa n’est pas mort. Contre Monaco, malgré pas mal de “mauvais choix”, il a su “jouer dans le tempo” (passe décisive sans contrôle à Niang, dans la continuité d’un mouvement très fluide). Pour un joueur de sa trempe qu’on voyait encore récemment perdu pour le foot, c’est tout simplement miraculeux.