- Ligue 1
- J9
- OM-PSG (0-3)
OM-PSG : ce Classique n’a plus rien de contemporain
Il faut se rendre à l’évidence : le PSG et l’OM ne sont plus les meilleurs rivaux au vu de la différence abyssale entre les deux équipes. Le match de dimanche l’a encore prouvé avant que certains se cachent derrière l’arbitrage et le rouge précoce de Harit.
« Je ne pense pas que ça change quelque chose. On a vu sur les quinze premières minutes qu’on était bien, on les a fait courir, on s’est créé des occasions. » Même le poli Warren Zaïre-Emery était d’humeur à tacler les Marseillais au sortir d’un Classique qui a tourné court (0-3). Difficile de donner tort au titi, car si le carton rouge d’Amine Harit à la vingtième minute a rendu fous de rage les Phocéens, ces derniers ne doivent pas oublier que le match semblait déjà joué dès les premiers instants. Les Parisiens n’ont pas lâché la pédale d’accélérateur, éparpillant leur rival façon puzzle et rendant les tribunes d’un Vélodrome des grands soirs clairsemées en très peu de temps. Comme souvent lors de ces soirées particulières, seuls les supporters de l’OM étaient prêts à affronter l’adversité, mais la prestation apathique de leur équipe de cœur, menée de trois buts avant la pause, les a contraints à déposer les armes.
Classique shit
La définition même d’un « classique » permet de comprendre que les amateurs de football français devraient désormais être habitués à ces rencontres déséquilibrées entre ceux qu’on présente comme les plus gros rivaux du pays. Chaque fois, ou presque, une rengaine s’installe : une folie médiatique s’emballe dans les jours précédant le match, les Marseillais se sentent, cette fois, prêts à faire tomber l’insubmersible PSG de son piédestal – après tout, Højbjerg, Rabiot et Greenwood, c’est niveau Ligue des champions, non ? – et puis, patatras, la réalité sportive reprend ses droits et le PSG remporte 20 des 25 dernières oppositions en Ligue 1, ne concédant qu’une seule défaite et quatorze petits buts. Les corrections s’enchaînent et les souvenirs de grands matchs olympiens commencent à devenir lointains.
Au lendemain d’une nouvelle fessée sans aucun débordement ou geste d’humeur, il faut avouer que le Classique n’a plus rien d’un classique. Depuis le rachat du club de la capitale, les dés semblent pipés tant la différence de niveau est abyssale, et ce n’est pas l’emballement à chaque recrue marseillaise qui inversera la balance. Au-delà du terrain, le manque de joueurs du cru phocéen ne permet pas de se rattacher à l’historique rivalité, quand ceux nés en région parisienne sont davantage rompus aux joutes internationales qu’aux banals matchs du dimanche soir. Même le tifo représentant Fabrizio Ravanelli tenant tête à Pierre Ducrocq en 1997 – une époque où les joueurs marseillais pouvaient légitimement regarder les Parisiens droit dans les yeux – n’a pas suffi à raviver la flamme.
Trouver un rival à sa taille
La veille, El Clásico, le vrai, entre le Real Madrid et le FC Barcelone, avait tenu toutes ses promesses, malgré la différence encore plus grande au tableau d’affichage (0-4). Même si la confrontation entre les deux mastodontes du championnat espagnol avait perdu de sa splendeur ces dernières années en raison de la méforme catalane, l’affiche reste l’une des plus passionnantes, saison après saison. En Allemagne, Dortmund tente bien de tenir la dragée haute au Bayern Munich, mais vient de passer dix ans à manger son pain noir en se cassant les dents sur le géant bavarois. A contrario, outre-Manche, la rivalité entre Manchester City et Arsenal, succédant au choc City-Liverpool de la fin des années 2010, est récemment née grâce au paramètre sportif, laissant les derbys historiques sur le bas-côté.
Pour réapprendre à exister face à l’adversité, l’Olympique de Marseille doit donc changer son fusil d’épaule et se trouver un adversaire à sa taille. « Plus il est d’ennemis, plus la victoire est belle », écrivait l’auteur Hippolyte Bis et, ça tombe bien, les Phocéens n’en manquent pas. Il y a bien cette passe d’armes avec les Girondins de Bordeaux qui dure depuis le siècle dernier, mais voilà le club au scapulaire en quatrième division et loin de pouvoir rivaliser face aux Olympiens. Même échelon pour les Varois du SC Toulon. Pour rester dans le Sud, l’OGC Nice a un niveau similaire, mais les récentes confrontations peinent à faire germer une vraie animosité. Idem pour les bastons contre l’AS Monaco, les deux clubs n’ayant visiblement aucun intérêt à monter en épingle une quelconque rivalité. Il ne reste donc plus que l’Olympique lyonnais, ce poil à gratter qui symbolise ce que l’OM déteste et qui offre des rencontres bien souvent palpitantes. Il y a un mois, Roberto De Zerbi louait « les couilles » de son équipe face à la bande d’Alexandre Lacazette en renversant une rencontre mal embarquée avec une infériorité numérique dès la cinquième minute. C’est justement une grande partie de ce qu’il a manqué face au PSG.
Par Enzo Leanni