- France
- OM
Longoria sur le gril
La saison de l'OM n'est pas un échec, mais elle laissera de nombreux regrets. À la tête du club depuis deux ans, Pablo Longoria a sa part de responsabilité et le dirigeant espagnol sera attendu au tournant cet été.
Sauf miracle, c’est-à-dire autre chose qu’une victoire de Lens contre Ajaccio à Bollaert le week-end prochain, l’OM ne sera pas le dauphin du Paris Saint-Germain à la fin du bal dans quinze jours. « La 3e place, c’est un échec si on regarde notre effectif et nos ambitions, estimait Valentin Rongier avant la défaite à Lille. Quand je parle d’échec, c’est parce qu’on a tellement de qualité dans l’effectif. Et l’objectif, c’est de se qualifier directement pour la phase de poules. » En première ligne, Igor Tudor essuie les critiques depuis son arrivée sur le banc olympien, où la vie d’un entraîneur n’est jamais simple. Le technicien croate n’a sans doute pas tout bien fait, mais il chasse encore aujourd’hui le record de points historique du club phocéen en Ligue 1 (78 la saison du titre en 2009-2010, 73 après 36 journées cette année) et ne peut pas être le seul responsable des manques marseillais. En haut de la hiérarchie, le président Pablo Longoria traîne quelques choix douteux sur les dernières fenêtres de mercato et la construction d’un effectif peut-être pas taillé pour aller beaucoup plus haut.
Les mercatos en question
Le nom du dirigeant espagnol devrait commencer à fleurir dans les médias à l’approche du mercato estival, un terrain qu’il maîtrise et affectionne, comme il avait pu le montrer un an plus tôt en avançant vite et fort sur son recrutement aux côtés de Javier Ribalta, nommé directeur du football en juin 2022. Depuis le début de l’ère Longoria à la tête du club, la balance économique est loin d’être positive, avec près de 165 millions d’euros dépensés, dont 115 cette saison, et seulement 45 millions d’euros encaissés grâce aux ventes (Gerson et Duje Caleta-Car étant les deux plus gros transferts). Trop de comptabilité ? Le sportif n’est pas non plus une totale réussite, même s’il faut noter plusieurs bons coups à moindre coût (Samuel Gigot, Chancel Mbemba et surtout Alexis Sanchez, malgré un salaire important).
Le mercato parfait n’existe pas, mais les erreurs de casting sont également nombreuses, d’Olivier Ntcham, Konrad de la Fuente et Luis Henrique à Luis Suarez, acheté 10 millions d’euros l’été dernier et prêté dès l’hiver à Almeria. Il est trop tôt pour ranger Vitinha et Azzedine Ounahi, les deux recrues phares du mois de janvier, dans cette catégorie, mais il est naturel de s’inquiéter de leur très faible apport sur la phase retour (400 minutes de jeu pour le Portugais et seulement 150 pour le Marocain). Ruslan Malinovskyi, prêté par l’Atalanta, n’a pas non plus convaincu, malgré une ou deux pralines bien senties. Un bilan contrasté accompagné, déjà, d’un grand flou autour de la prochaine saison.
Grand flou et grand projet
Du côté de la Canebière, il se murmure que l’été pourrait être agité avec de nombreux chantiers et beaucoup de mouvements. Ce samedi, France Bleu Provence a annoncé sur son antenne que Tudor ne devrait plus être le coach de Marseille la saison prochaine, une information démentie par le club. Voilà un premier enjeu pour Longoria : réussir à conserver son entraîneur, ce qu’il n’avait pas su faire avec Jorge Sampaoli, pour gagner en stabilité sportive. « On a compris que, ce qu’il nous a donné, c’était la direction qu’on voulait prendre, expliquait l’ancien de la Juventus au sujet du Croate dans Le Figaro en avril. On voulait élever notre niveau de discipline, de rigueur, d’exigence. Pas seulement dans la sphère sportive, mais aussi dans toutes les strates du club. Si on veut pérenniser un projet, il faut une institution forte, sinon tu n’es pas crédible. Ce point était très important. J’aimerais bien donner de la continuité, pas seulement sur le modèle de jeu, mais sur l’aspect de l’exigence, du respect des règles et de l’autorité. »
Restent les interrogations autour du futur effectif. Ce sera déjà sans Éric Bailly et Nuno Tavares, dont les options d’achat ne devraient pas être levées. L’avenir d’Alexis Sanchez reste incertain, alors que le Chilien est indispensable cette saison. Celui de Dimitri Payet, moins indispensable, aussi. D’autres ne sont pas non plus à l’abri d’aller voir ailleurs. Autre problématique : la perspective de devoir se coltiner des tours préliminaires entre fin juillet et août, ce qui pourrait obliger les dirigeants marseillais à temporiser sur le mercato en attendant de savoir si l’OM disputera la compétition reine ou sa petite sœur.
« Avant, ma vision concernait le volet sportif, fondamental, car c’est le cœur du projet, mais en même temps, un président doit faire beaucoup d’autres choses à côté, rappelait-il aussi. J’ai été aidé par tous mes collaborateurs. En deux ans, je suis plus réfléchi. Aujourd’hui, je dois représenter l’institution, l’ensemble des salariés et faire en sorte que tout fonctionne. » La suite de l’histoire de l’OM devrait s’écrire avec Pablo Longoria, et c’est une chance quand on sait que son prédécesseur s’appelait Jacques-Henri Eyraud. « Je n’ai pas envie de m’en aller. Et je ne crois pas qu’un président de l’OM puisse partir d’ici pour chercher un autre club, assurait-il. On est à 20 % ou 30 % de ce que je veux faire de l’Olympique de Marseille. Il y a encore beaucoup de choses à changer, mais je crois que la voie de l’exigence, du respect et du professionnalisme est bien enclenchée. » Alors, vivement la suite ?
Par Clément Gavard