OM-OL : Benzema Vs Ben Arfa (2)?

Au match aller, les deux Ben étaient attendus comme les hommes du match. Ben Arfa en avait trop fait, ou avait fait n’importe quoi, c’est selon le degré de magnanimité de l’analyste. Quant à Benzema, mis au régime sec par un collectif déjà passé de l’autre côté, il n’avait eu que peu de ballons à exploiter. Résultat : un 0-0 musclé et sans saveur, entre le premier et son dauphin. Aujourd’hui les positions sont inversées et même pire. L’OM flambe à la tête de la L1, plein gaz, quand Lyon doit se battre avec le PSG pour une place en Ligue des Champions. Cela en dit long sur la disgrâce rhodanienne.

Mais le plus improbable n’est peut-être pas dans cette nouvelle hiérarchie, plutôt dans ce constat corroboré par la vision des dernières prestations de l’OL : Benzema est désormais moins décisif que son turbulent conscrit. Rim-K n’est même pas celui de l’Équipe de France, trop ambitieux (parfois vicieux), aux prises de balles aussi orgueilleuses et mal élevées que Tony Montana. En EDF, derrière chaque initiative du Lyonnais se devine une envie furieuse de dézinguer le Vieux (Titi des Ulis). Sauf qu’à l’inverse de l’idole des cités, le K10 se loupe à chaque fois et semble commencer à se résoudre à faire profil bas.

L’arrogance cache souvent un manque de confiance. Mais avec l’OL, Benzema n’en est même plus à ce stade, sa dernière prestation contre Nantes aurait presque donné l’illusion que Frédéric Piquionne se trouvait sur la pelouse. Benzébuth ne met plus un pied devant l’autre, trébuche, hésite, flageole au moment de frapper. Fait pitié.

Dans sa première partie de saison, quand il rattrapait l’indigence de ses partenaires, on lui promettait un nouveau titre de meilleur buteur, aussi évident que l’élimination du PSG face à Kiev. Mais voilà, le caïd s’est fait rétamer par le Tange de Toulouse (21 prunos) et la Grande saucisse de Paris (17 pions). Benzéro… Finalement, son match aller face au Barça aura un peu été le OM-PSG de Ben Arfa. Son insulte au collectif (Makoun tout seul à droite bordel !), son boulet à traîner, la faute trop chère pour être rachetée.

Mais là se situe le hiatus entre les deux Ben. Car après sa bouderie au Vélodrome, Hatem se trouvait dans sa configuration favorite : se battre contre tout le monde et surtout contre lui-même. Le perturbateur s’appliquait, et assortissait ses fulgurances du minimum nécessaire de cohérence pour ressembler à un joueur de Ligue 1. La réaction plutôt que l’action, voilà qui pourrait faire de Ben Arfa un nouveau modèle de supersub, s’il ne se pensait pas trois tons au-dessus de tous ses partenaires et adversaires.

Évidemment, après le sursaut d’orgueil post OM-PSG, le pote d’Abd El Malik s’effondra et Gerets le fit presque disparaître des feuilles de match olympiennes, avant de le faire revenir à dose homéopathique. Pour stabiliser son élève turbulent, le mage belge oscille entre médecine douce, pour ménager la fragilité de l’artiste, et traitement de choc, pour lui faire ravaler son orgueil. Vu les bonnes dispositions de l’ancien plus grand espoir du foot français en cette fin de saison, le coach semble avoir gagné. Tout en sachant qu’avec l’animal, il y a toujours risque de rechute.

Benzema, lui, ne peut pas tomber plus bas. Son football s’est doucement délité, comme il reviendra sans doute pas à pas. Si Ben Arfa est un avion à réaction, son ennemi lyonnais est un avion de ligne. Avec du volume, de la contenance, mais parfois long à mettre en route. Pour Lyon, il y a pourtant urgence.

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