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OM : le physique ne fait pas tout
Quatre matchs sans victoire et des espoirs de titre qui s'envolent : les dernières semaines de l'OM ont été marquées par le sceau de l'essouflement. Alors l'OM est-il vraiment cuit ? Peut-être. Mais pas uniquement musculairement.
Belle et fraîche. L’OM avait entamé sa relation avec l’exercice 2014-2015 comme l’on débute une relation amoureuse. Avec envie, sans le moindre reproche, en laissant transpirer sa passion. Pendant quelques mois, les efforts n’ont pas compté. Parce qu’au bout de la débauche physique se trouvaient souvent le bonheur et la satisfaction d’un travail accompli 90 minutes durant. Mais si l’amour dure 3 ans, la passion, elle, ne résiste guère plus de quelques mois. Alors, les regards se sont faits moins complices. Cette partenaire autrefois splendide a commencé à montrer quelques signes de relâchement, ne draguant son prix qu’à de rares reprises. Quatre rencontres sans victoire plus tard, la flamme brille moins. Mais une interrogation subsiste : l’équipe subit-elle une routine épuisante ou n’a-t-elle tout simplement plus envie de consentir aux efforts pour sauver son couple prometteur ? Physique ou mental, le problème de l’OM n’est pas encore diagnostiqué.
Le corps
Sur les images pourtant, l’OM tire la langue. Passée la débauche d’énergie permanente entrevue sur les premiers mois de compétition, les Olympiens semblent désormais se contenter de quelques coups d’accélération. Et si la puissance offensive retrouve de sa splendeur quand l’équipe y met les formes, force est de constater qu’elle ne suffit pas à l’emporter. Car sous la coupe de Bielsa, l’OM ne peut se permettre de relâchement. Bousculé ou contré (notamment à Caen), le onze perd toute assise dès lors que les efforts ne sont plus consentis. Des faiblesses qui pourraient trouver leur source dans la méthode prônée par l’Argentin. Une méthode décrite par Brice Dja Djédjé : « Le mec, c’est un fou. Pour cette première séance, il nous avait organisé un 7 contre 7 sur grand terrain. Les gens ne se rendent pas compte… qui poursuit sur son quotidien : Le coach nous met parfois deux entraînements par jour. Et le jour suivant, on a foncier. Il faut faire un minimum de kilomètres en vingt minutes, sinon tu recommences le lendemain. » À l’image de sa mobylette du côté droit, l’équipe paraît moins souveraine sur le plan physique. Et pourtant. Sans Europe ni coupes nationales, l’OM ne peut se cacher derrière ce seul argument pour justifier ses errances. Car si l’intensité exigée par Bielsa use les corps, elle n’en demeure pas moins acceptable pour des joueurs professionnels ayant disputé 27 matchs cette saison.
Et l’esprit
Non, le problème est ailleurs. Car plus que les corps, l’esprit est touché. Rejoint au score face à Reims et Sainté, dépassé par Caen alors que le match semblait gagné, l’OM a les symptômes d’une équipe qui lâche. Au soir de la défaite face à Rennes, Rod Fanni rejetait d’ailleurs toute défaillance physique : « Même à un de moins, c’est nous qui avons encore la balle et qui faisons le jeu. Physiquement, on a tout ce qu’il faut. Mais c’est surtout dans les choix, dans les situations, même offensivement et défensivement que l’on doit faire des progrès et des corrections » . De simples erreurs de jeu ? Pas sûr. Le 9 janvier dernier, dans L’Équipe, Giannelli Imbula confessait à propos de la longévité des consignes d’El Loco : « On va déjà finir cette saison et on verra » . Une phrase laconique qui en dit long sur l’état d’esprit qui habite un groupe en mal de victoires, et qui laisse s’échapper depuis quelques semaines l’espoir d’une saison glorieuse. D’ailleurs, Bielsa n’analyse pas autrement la situation : « Le dernier match (contre Caen, ndlr) aurait pu se terminer d’une autre manière, et si nous avions 7 points de plus, l’OM serait en tête du championnat, loin devant. C’est le fait de travailler et de faire des efforts sans atteindre les objectifs fixés qui provoque une fatigue mentale. Pour y remédier, il y a deux options, abandonner nos objectifs ou renforcer encore nos convictions en pariant sur le fait que le chemin qu’ont choisi les joueurs et le staff est le bon » . Un chemin au bord duquel la rupture patiente, en attendant de connaître le résultat face à Toulouse.
Par Raphael Gaftarnik
Propos de Brice Dja Djédjé tirés de SoFoot n°124