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- OM-Tottenham (1-2)
OM : le maudit time
Face à Tottenham ce mardi soir, l’OM a de nouveau craqué dans les derniers instants. Une fâcheuse habitude, pénalisante en tous points.
Dans les ultimes secondes du temps réglementaire de son match face à Tottenham, ce mardi soir, l’Olympique de Marseille quittait la Ligue des champions, mais ralliait les barrages de la Ligue Europa. Dans les ultimes secondes de ce même match, l’OM disait au revoir à toute compétition européenne. Un craquage express, venu glacer les 50 000 spectateurs du stade Vélodrome, déjà douchés par le réveil londonien en cours de partie, et rappeler que les hommes d’Igor Tudor n’étaient toujours pas aguerris à certaines contraintes mentales.
Panique et malentendus
Et pourtant, à écouter Jonathan Clauss, tout semblait clair. « Ce qui est rageant, c’est ce but à la dernière seconde. On sait qu’on est troisièmes quoi qu’il arrive, et on prend un contre à trois contre un. C’est pas possible ! Il y a des matchs, quand on n’arrive pas à les gagner, il faut savoir ne pas les perdre. Et celui-là, il va piquer », pestait ainsi le latéral sur Canal+, au micro de Laurent Paganelli. La constatation d’un fait venu de nulle part, mais qui, au vu du passif récent de l’OM, semblait quelque peu prévisible. Une récurrence sur laquelle s’est d’ailleurs attardé Samir Nasri, au moment d’analyser la déconvenue. « Même Clauss dit qu’ils étaient au courant de leur classement ! La passe de Guendouzi, c’est interdit. Il est professionnel, et il y a un speaker qui annonce le temps additionnel. Donc quand il ne reste plus qu’une minute, pourquoi chercher à jouer en appui-remise ? Mets le ballon devant ! »
En effet, sur les dix dernières minutes de leur cruciale opposition, jamais les Phocéens n’ont semblé sûrs du comportement à adopter. Perdus dans cette course aux huitièmes de finale, au point de précipiter une dizaine de ballons, balancés au grand hasard, aucun des onze joueurs n’a su faire preuve de la lucidité nécessaire pour contenir ce match nul, synonyme de maigre lot de consolation. À l’image de Chancel Mbemba, pas vraiment au fait de la situation comptable des siens, expliquant, certainement, son « choix » de ne pas faire faute sur Pierre-Emile Højbjerg parti seul au but. « Sur le terrain, on ne savait pas qu’on était troisièmes. Mais sur le banc, les gens savaient. C’est un manque de communication. Nous, on a la rage de pousser jusqu’à la fin. Mais on ne savait pas. C’est notre erreur. » Illustration idéale ? Le retour défensif d’Amine Harit, tête basse et mains sur les hanches, quand, à l’opposé, Igor Tudor se précipitait sur la pelouse, afin de sommer ses protégés de fournir ce dernier effort. Le résumé d’un chaos organisé, venu coucher Marseille, et enfoncer son Olympique dans ses incertitudes.
Changements tardifs et tiraillement
Il faut dire que ce scénario se mue en habitude vicieuse pour cet OM fragile. Le 7 septembre dernier, face aux Spurs déjà, les Marseillais prenaient ainsi deux coups de massue, assénés par Richarlison, au bout d’un match que l’on pensait maîtrisé. Rebelote le 22 octobre, à domicile contre Lens, avec David Pereira da Costa, venu frapper dans le dernier quart d’heure. Ce samedi, enfin, à la Meinau de Strasbourg, l’OM s’est fait culbuter (2-2), après avoir mené de deux buts durant plus d’une heure. Une équipe tâtonnant son football, jusqu’au coups fatals de Lebo Mothiba puis Kevin Gameiro, dans les arrêts de jeu. Suffisant pour pointer du doigt les leviers psychologiques activés dans le vestiaire à la mi-temps, comme les choix tactiques de Tudor, s’obstinant trop souvent à se murer dans des idées fixes.
Les changements tardifs, régulièrement effectués par l’entraîneur croate en dépit du scénario, sont, dès lors, un exemple criant de la fine ligne sur laquelle tentent d’avancer les Ciel et Blanc au moment de gérer leurs fins de match, tiraillés entre l’envie de jouer l’attaque, et celle de garder un certain équilibre défensif. À ce stade de la saison, Marseille en est ainsi à dix matchs sans victoire (sept défaites, trois nuls). Une dizaine négative, dans laquelle l’OM aura mené ou se sera fait rejoindre dans le dernier quart d’heure, à six reprises. Les chiffres trop peu rassurants d’une formation qui doit donc désormais apprendre à courir après le temps, en plus de ses adversaires.
Par Adel Bentaha