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OM : Jorge Sampaoli, fédérer pour mieux gagner
Entre le sprint final engagé en championnat avec un matelas confortable pour une qualification directe en Ligue des champions et une potentielle finale de Ligue Europa Conférence, l'OM rêve en cette fin de saison, et Jorge Sampaoli peut compter sur un groupe sûr de sa force. Une réussite pour le technicien argentin, qui a su maintenir éveillée son équipe en montrant une faculté à naviguer entre les dossiers piquants.
« Pour beaucoup d’entraîneurs, Marcelo Bielsa a été une référence, il l’a été pour moi. Je me sens proche de lui par rapport à mes idées de jeu. » Sans trop surprendre son monde avec cette sortie lors de sa conférence de presse de présentation, Jorge Sampaoli confirmait un peu plus son statut de disciple de l’homme à la glacière au moment d’arriver sur la Canebière. Pourtant, sans balayer les principes de jeu de l’ancien sélectionneur du Chili, ce dernier s’est davantage distingué cette saison par sa capacité à garder impliqué son groupe pour mener plusieurs combats en même temps que par ses ajustements tactiques. La résurrection d’Amine Harit ou les bonnes performances de Pape Gueye et Steve Mandanda vont dans ce sens. Des hommes que l’entraîneur marseillais a su garder derrière lui, et ce, même lorsqu’il ne pouvait pas leur assurer des minutes sur le terrain.
Un demi-tour nommé Harit
Le cas le plus flagrant est celui du premier nommé. Chose rare dans la carrière de Sampaoli, l’Argentin a présenté ses excuses en conférence de presse au sujet de l’ancien Nantais. « C’est ma responsabilité de ne pas avoir profité d’Amine à certains moments, plaidait Sampa’ face aux médias avant le match à Reims (0-1). Je n’ai pas eu la patience pour supporter quelques erreurs qu’il a pu faire dans certains matchs, ça l’a éloigné de l’équipe. » Ces dernières semaines, le ciel marseillais s’est dégagé pour celui qui avait débarqué en prêt de Schalke 04 sur la pointe des pieds en août dernier. À la mi-mars, une gêne musculaire privait Payet du déplacement à Brest (1-4) et propulsait Harit sur le champ pour valider sa deuxième titularisation de l’année 2022. Un but et une passe dé plus tard, le natif de Pontoise se réjouissait d’avoir pu goûter au gâteau alors qu’il devait jusque-là se contenter des miettes : « Je n’ai jamais lâché, j’ai toujours travaillé, même dans les moments difficiles. Ce soir, c’est une belle récompense pour moi. » Un mois et demi plus tard, il est devenu une munition à part entière que Sampaoli ne se prive plus d’user.
Lopez-Mandanda, un gant chacun
Tout pareil pour Mandanda qui s’est vu proposer un partage des tâches avec le nouvel arrivant, Pau Lopez. Dès la dernière journée de phase de poules de Ligue Europa, il était convenu que le champion du monde en titre se chargerait de garder les buts olympiens en semaine lorsque son concurrent enfilerait les gants pour les matchs de championnat. Mais Sampaoli ne s’est pas contenté de titulariser l’historique du poste les jeudis. Pour préparer la demi-finale aller, l’ancien entraîneur sévillan cochait aussi son nom sur la feuille pour le déplacement à Reims (0-1). Histoire de mieux préparer le dernier carré et donner au Fenomeno la possibilité de faire le plein de confiance. Aussi, il mettait fin par la même occasion à des discussions qui duraient depuis l’arrivée de Lopez, en juillet dernier. Et là où certains pouvaient voir un manque de respect envers le statut de Mandanda à Marseille s’est finalement mué en un beau tour d’honneur pour celui dont le contrat prendra fin en 2024. De même pour Pape Gueye qui, de retour de la CAN après un sacre avec les Lions de la Téranga, a pu profiter d’un plus gros temps de jeu. Ainsi, l’ancien milieu de terrain du Havre a joué 52% du temps en Ligue 1 depuis son retour d’Afrique (contre environ 29% avant la trêve hivernale).
Les cas Álvaro, Amavi et Milik font grincer des dents
Mais Sampaoli a aussi dû slalomer entre les affaires qu’il s’était parfois lui-même mises en travers de la piste. Outre les Mandanda et Harit gates, le pelado s’est longtemps obstiné à tort avec un Gerson qu’il avait réclamé pour le mercato estival avant que le temps et les performances du Brésilien ne lui donnent raison. Si ce cas précis ne pose plus de question pour grand monde à Marseille, le dossier Milik n’a jamais véritablement été réglé. « Il me manque du temps de jeu pour être meilleur », pestait le Polonais après la défaite face à Monaco (0-1). Une demande à laquelle Sampaoli a cédé dans un premier temps, avant que le Polonais ne se blesse lors de la dernière trêve internationale, offrant à Sampa’ la possibilité de jouer la montre. Ce jeudi à Rotterdam, l’Argentin cochait de nouveau le nom de Dieng et Bakambu devant au détriment de l’ex-Napolitain, qui a dû se contenter de cinq pauvres minutes en toute fin de rencontre. Si rien n’indique que Milik ne retrouvera une place de choix dans le onze marseillais, ce dossier pourrait bien causer encore des maux de tête au coach argentin au moment d’établir ses compositions pour les dernières rencontres de la saison, dont l’importance va monter crescendo.
Outre Milik avec qui il ne partagerait sans doute pas ses prochaines vacances, Sampaoli ne s’est pas fait que des amis depuis son arrivée à Marseille. Amavi ou Álvaro auraient à redire à son sujet. Le premier ne s’était d’ailleurs pas privé dans Nice-Matin après avoir officialisé son prêt dans les Alpes-Maritimes : « Il y a eu un changement de coach, je mets du temps à revenir à mon niveau, mais je prolonge mon contrat. Finalement, je ne joue pas. Je montrais de l’envie à l’entraînement. Mais c’était dur, car je savais que je n’allais pas jouer. » Le tout, sans « aucune explication » selon les dires de celui qui ne joue guère plus avec les Aiglons à cause de ses pépins physiques. Pour le second, la prise de conscience a été plus longue avant de déserter en Espagne. « Je ne traverse pas ma meilleure période », minimisait pour AS celui qui avait pourtant tout fait pour s’inscrire sur la durée dans les Bouches-du-Rhône, jusqu’à reporter son salaire pour permettre l’arrivée d’Amine Harit. Difficile d’imaginer l’un de ceux-là se réconcilier avec Jorge Sampaoli pour retrouver l’effectif marseillais. Qu’à cela ne tienne ! Le technicien olympien peut compter sur un noyau dur – et fiable – de quelque 18 joueurs sur lesquels il ne se prive pas de compter. Surtout, le natif de Casilda peut se payer le luxe, grâce à sa bonne gestion, d’avoir à disposition plusieurs solutions pour s’adapter à ses adversaires. « Le style ne m’appartient pas, il m’appartient de mettre les joueurs là où ils sont le plus à l’aise », expliquait-il pendant sa conférence de presse de présentation. Sampaoli a parfois le chic pour surprendre les observateurs comme ses joueurs, mais à moins d’un mois de la fin d’une saison déjà quasiment réussie, le coach de l’OM peut se satisfaire de ne jamais avoir perdu son équipe.
Par Nelio Da Silva