OM : Frank McCourt, un retrait en trompe l’œil

Sur la planète football, Marseille est déjà un pays à part. Mais au sein même de la cité phocéenne, depuis la fin de l’ère Louis-Dreyfus, une communauté encore plus démesurée s’est formée : celle de la #VenteOM. Derrière ce hashtag, tous les rêves les plus fous sont permis pour imaginer l’OM changer de pavillon, et surtout passer dans les mains d’un actionnaire aussi riche que possible. Temple de l’emballement, de la surinterprétation et des rumeurs plus ou moins fondés, ce hashtag a retrouvé de la couleur en cette fin septembre. La faute à des documents officiels administratifs de l’OM qui révèlent que Frank McCourt a quitté la présidence du conseil de surveillance du club. Alors, le magnat de l’immobilier prépare-t-il ses cartons ?

Une simple réorganisation tactique ?

Alors que Pablo Longoria a secoué ses principaux dirigeants durant cette trêve, l’annonce a de quoi surprendre au premier abord. Lors d’une réunion interne, le président espagnol a dénoncé la mauvaise ambiance qui règne dans les couloirs de la Commanderie ces dernières semaines. Pourtant, le retrait de McCourt n’a semble-t-il rien à voir avec tout cela. Prise le 8 septembre, la décision est en effet entérinée depuis un moment. Et plus on creuse, moins on croit au départ imminent de l’Américain, qui occupait ce poste depuis son rachat du club en 2017. Ce n’est plus le cas depuis plus de trois semaines, mais en vérité, cela ne change rien. D’abord parce qu’il s’agit d’une instance sans aucun pouvoir exécutif, qui se contente, comme son nom l’indique, de superviser les opérations générales, et parfois d’émettre un avis. Surtout, si l’on regarde qui remplace l’Américain dans ce rôle, on se rend compte qu’il a en vérité renforcé son influence autour de cette obscure table de réunion.

Nouveau président du conseil de surveillance, Barry Cohen est un intime du clan McCourt. Conseiller stratégie du groupe McCourt LP depuis des années, il était déjà le bras droit du natif de Boston aux Los Angeles Dodgers, dont il fut aussi président du conseil de surveillance avant la vente record de la franchise. Certains y voient alors un scénario analogue à Marseille, oubliant sûrement qu’à l’époque, McCourt devait gérer le divorce le plus cher de l’histoire de la Californie, ce qui doit prendre un peu de temps, on imagine. En vérité, en plaçant Barry Cohen sur ce siège, Frank McCourt préserve son influence sur l’instance avec un fidèle lieutenant à son poste. Mieux, il l’augmente même en y intronisant Jeff Ingram, lui aussi proche du magnat de l’immobilier. Pour combler son départ, McCourt a ainsi glissé sa garde rapprochée, qui sera ses yeux, oreilles et bras armés. Si le message n’était pas assez clair, l’Américain a toutefois précisé qu’une vente n’était toujours pas à l’ordre du jour. Ce qui n’est d’ailleurs jamais le cas pour un club vendeur, qui n’est officiellement sur le marché que lorsqu’il est vendu.

Dans la pratique, l’investissement du propriétaire américain n’a pas changé. Il continue de s’entretenir toutes les semaines avec Pablo Longoria, pendant que ses troupes traitent avec celles de l’Espagnol lors des réunions à la Commanderie. Deux clans loin d’être opposés. Longoria vient d’ailleurs de profiter de cette réorganisation administrative – puisqu’il ne s’agit que de ça – pour introduire son directeur stratégie, Pedro Iriondo, au directoire du club, en lieu et place de Jeff Ingram. Pour résumer, on ne parle donc que d’un simple jeu de chaises musicales. S’il quitte le devant de la scène, en coulisses, le chef d’orchestre, c’est bien Frank McCourt.