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OM-Francfort : quand les virages jouent avec le feu

Par Adrien Hémard-Dohain, à Marseille
5 minutes
OM-Francfort : quand les virages jouent avec le feu

On promettait l'enfer à Marseille et ses habitants, une invasion allemande venue de Francfort, et une ville mise à sac. Mais la planète Mars ne se conquiert pas comme ça, même si l'on aurait préféré se passer des nombreuses fusées échangées entre le parcage allemand et le virage nord.

Une journée explosive, de celles qui sentent le soufre, les fumigènes, et aussi les lacrymogènes. Et de celles qui annoncent, malheureusement, un futur huis clos pour l’OM, qui était sous le coup d’un sursis. Pour le grand retour de la Ligue des champions dans un stade Vélodrome avec son public, le premier match de C1 dans la version rénovée du temple olympien, le spectacle a été digne d’une grande soirée européenne. Même s’il a débordé, entre les innombrables fumigènes lancés par les Allemands, avant et pendant le match, et les feux d’artifice (oui, oui) tirés en réponse par le virage Nord. On annonçait une journée chaotique en ville, et sous contrôle au stade. C’est l’inverse qui s’est produit.

Un mardi au soleil

Chose rare : dès lundi, le venue de Francfort à Marseille faisait parler tout le pays, y compris les médias non sportifs. Avec une boîte d’allumettes grande comme des milliers d’Allemands, il fallait alors guetter l’étincelle quand ils iraient se frotter au Vieux-Port. Les premiers sont arrivés lundi dans l’après-midi, et avec eux le début des problèmes. À la tombée de la nuit, des hordes des deux camps se cherchaient dans les ruelles du centre-ville. Ils ont failli s’y trouver, avant que la police ne s’interpose, et n’interpelle huit personnes. Premier acte manqué. Rendez-vous le lendemain. Restait à savoir où, et quand. Au réveil, malgré la douceur du soleil et le calme apparent sur les terrasses ou sur les plages, l’atmosphère était toujours aussi tendue. Pendant que les pêcheurs écoulaient leur stock près de l’ombrière du Vieux-Port, plusieurs centaines de supporters allemands déboulaient, tout de noir vêtus. L’un d’eux expliquera qu’il s’agit d’un simple dress code et qu’ils se sont donné rendez-vous sur le cour Estienne-d’Orves, parallèle au Vieux-Port.

On s’y échange les derniers billets, sans oublier de s’hydrater à grands coups de houblon. Face à cette horde qui investit les terrasses, refuse de les quitter et ne consomme pas toujours au comptoir, les commerçants marseillais s’agacent. La police laisse faire. « Ils font du sitting sur ma terrasse, ils parlent mal, ils sont chiants. Je les emmerde avec mon maillot de l’OM, je suis chez moi ici, merde ! », peste Dounya, serveuse au O’Sud. Plutôt que de les provoquer, les CRS – dont certains sont arrivés de Clermont-Ferrand – observent à distance. Non loin de là, les maillots marseillais déferlent dans le secteur. L’ambiance y est plus légère. On s’y rassure en se disant que les Allemands poseront moins de problèmes sur le terrain. Raté. En attendant, le calme règne sur la Canebière, et la tempête annoncée n’a pas lieu. Les fans allemands quittent le centre-ville en début d’après-midi pour rejoindre la fan zone prévue pour eux à la Joliette, où d’autres arrivent directement de l’aéroport. Un DJ joue dans le vide, pendant qu’on finit les dernières bières, à l’ombre des tilleuls. De là, un système de bus doit emmener les 3300 détenteurs de billets au stade. Pour les autres, place à l’improvisation. Pendant ce temps, les groupes de supporters – qui ont appelé leurs membres au calme – s’activent au Vélodrome.

Un parcage hors de contrôle

« Oh, les pompiers, force à vous ce soir », lance un membre du CAOM en entrant au stade pour le bâchage et les derniers préparatifs. « Ouais, il va nous en falloir », répond le soldat du feu, un peu crispé. Pendant qu’on tend les toiles, hisse les drapeaux, et fignole le tifo dans les virages, la foule s’amasse boulevard Michelet. À trois heures du coup d’envoi, toute la ville déferle vers son cœur. Quand les bus allemands – pour qui le tunnel qui traverse Marseille a été fermé – apparaissent au rond-point du Prado, un énorme mouvement de foule fonce sur eux. La police fait rebrousser chemin. Penauds, les Marseillais s’échauffent la voix sur le parvis, pendant que le parcage allemand se remplit.

À deux heures du coup d’envoi, les supporters de l’Eintracht dégainent. Des fumigènes pleuvent sur le haut du virage nord, pendant que certains tentent de décrocher les filets du parcage. Les CRS interviennent, à grands coups de lacrymogènes, se positionnent, puis ressortent. L’atmosphère devient proprement irrespirable. À ce moment, la réponse marseillaise reste vocale. La scène se répète quelques minutes plus tard, puis à vingt minutes du coup d’envoi, de plus en plus violemment. Cette fois, en réponse aux innombrables fusées projetées sur le virage, les Marseillais répondent par des feux d’artifice tirés en direction du parcage. Sous le coup d’un huis clos avec sursis, l’OM comprend alors qu’il est trop tard – même si le club s’attend à une fermeture du virage nord uniquement. L’un des projectiles touche un supporter allemand, le parcage opte alors pour la grève des encouragements en première période et retire sa bâche.

À l’entrée des joueurs, le Vél’ retrouve le visage qu’on aime : celui d’un stade surchauffé, avec des virages habillés de magnifiques tifos. À la hauteur de l’évènement, le peuple olympien chante comme un seul OM. Dans un vacarme assourdissant, la rencontre suit son cours, Marseille perd pied. En seconde période, les Aigles reprennent les chants, et parviennent à se faire entendre, par séquences. La situation dégénère de nouveau à dix minutes du terme, lorsque Kamada pense faire le break pour Francfort. Une nouvelle pluie de fumigènes s’abat sur le virage nord, duquel décollent de nouveaux feux d’artifice. La pagaille dure cinq bonnes minutes, pendant que l’OM panique sur la pelouse. De nouvelles fusées sont lancées au coup de sifflet final, poussant les joueurs de l’Eintracht Francfort à écourter leur célébration. Le Vélodrome se vide rapidement, après des retrouvailles à la hauteur de l’attente, mais qui garderont le goût amer de la défaite. Et qui risquent de coûter cher.

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