OM – Fin de crise, objectif Lucho ?

Marseille, club fantôme. Depuis le départ -ou plutôt l’éviction- de Pape Diouf, la semaine dernière, il flottait dans l’air comme un parfum de guerre des clans dans les coulisses du pouvoir ciel et blanc. Le parrain dézingué, tout le monde semblait vouloir croquer. Et les conflits de pulluler comme par enchantement. On était donc reparti pour un ou deux tours de Grand 8. Comme au bon vieux temps. Bref, du grand n’importe quoi.

Et puis RLD a repris les rênes ces dernières 48 heures, du moins en apparence, intronisé le messie Dassier, qu’il a présenté officiellement (JC émargerait à 70 000 euros/mois !!!) hier avec tout son état-major à la Commanderie. Entre Zampa et Zanini. Il a aussi calmé un peu Deschamps, qui commençait à faire le canard. Restait plus qu’à convaincre José Anigo de rester. Jean-Claude Dassier, Louis Acariès et Antoine Veyrat s’en sont chargés hier après-midi. Oui Antoine Veyrat. Pour ceux qui ne connaissent pas Tonio, pour la faire courte, c’est le président de la société de télécommunications LD Collectivités, le DG de l’OM et à ce jour le seul salarié à détenir la précieuse signature du club, soit le seul habilité à entériner un transfert.

Hier midi, donc, à Marseille. Réunion au sommet. A l’hôtel Palm Beach. Sur la corniche. Prise à trois sur Anigo. Plein soleil et jeu de rôles. Amen. JC(D) au confessionnal : « C’était un déjeuner sympathique, il a dissipé les malentendus… » . C’est comme ça avec Jean-Claude. Les malentendus se dissipent. « Après la semaine délicate que nous avons vécue, l’urgence était que les choses se clarifient : c’est chose faite. Il n’y a pas de crise à l’OM, ou s’il y en a eu une, elle est terminée. L’équipe de direction de l’OM est ici présente : Didier Deschamps, José Anigo et Antoine Veyrat. C’est une équipe unie, solidaire et compétente » . José Anigo, lui, n’a que trop pleuré sur le sort du Pape. Il s’en explique dans Le Phocéen : « J’ai été jusqu’au bout avec Pape Diouf, j’ai même mis mon poste en avant un moment donné parce que je pensais que c’était l’ultime façon pour moi de faire pencher la balance, de faire réagir tout le monde afin que Pape ne parte pas. Je n’y suis pas arrivé. Maintenant, la priorité ce n’est plus mon cas ni celui de Pape, c’est celui du club. Et dans cette priorité-là, je suis dans mon rôle. L’explication que j’ai eue avec Jean-Claude aujourd’hui m’a donné beaucoup de force. J’attendais des explications, je les ai eues : elles ont été claires et franches » .

Le triumvirat Anigo-Deschamps-Veyrat qui présidera à la destinée sportive de l’OM enfin formé et solidaire, on s’est rappelé d’un truc du côté de la Commanderie qui pourrait avoir son importance cette saison : le début du championnat. Ben ouais. Parce que c’est bien beau de faire les cons toute la journée et de se la coller au Bandol ou au Domaine d’Ott, mais la reprise de l’entraînement est programmée pour le 30 juin. Et Marseille est à la bourre. C’est le grand bordel dans l’effectif, entre retours de prêt, joueurs en partance, en jachère et dans le viseur. Même si, il est vrai, on s’était déjà réuni au siège de l’OM, à la veille de la “démission” de Pape Diouf, pour dresser une première liste des recrues à débaucher. Mais, on va pas se mentir, personne ne sait vraiment à quoi va ressembler cet OM millésime 2009/2010. Et le problème, c’est que DD non plus n’a pas l’air de le savoir. Enfin, si, il veut Edouard Cissé. Gratos. Soit. Les autres pistes ? Cetin existe-t-il vraiment ? Quid de M’Bia ? La marotte Diawara ? Vous l’aurez compris, pour l’instant, c’est mystère et boule de gomme.

Sauf que. RLD avait visiblement anticipé la chose. Et a sorti de son chapeau Lucho Gonzalez. Il est pas idiot, Bob, il a cerné deux-trois choses. Déjà, pour parler concret, il sait que s’il veut aller voir quelques matches cette saison au Vélodrome, il va falloir qu’il passe à la caisse. Les supporters l’attendent au tournant. Deuxièmement, Lucho Gonzalez est la priorité de Deschamps. Ça fait toujours un os à ronger. Troize, un tel transfert crédibiliserait aussi quelque part Dassier aux yeux du peuple olympien. Vu comme ça forcément. La proposition de RLD serait ferme : 18 millions d’euros. Selon le site internet de La Provence, les dirigeants du FC Porto pourraient donner leur accord de principe. Et c’est Bob le Frisé qui aurait mené les négociations en solo et quasiment en loucedé lors des sept derniers jours. En plus, Lucho, c’est cadeau. C’est papa qui crache, et en cas d’aboutissement des négociations, les 18 millions ne seraient même pas ôtés de l’enveloppe consacrée aux transferts, qui d’ailleurs reste inconnue pour l’instant.

Vous l’aurez compris, le recrutement de Lucho Gonzalez est vital pour l’OM. D’abord parce qu’un cadeau, ça ne se refuse pas. Et puis en termes de stratégie de management comme en termes strictement footballistiques, c’est pas forcément con. Cana sur le départ, M’Bami idem, le milieu marseillais pourrait trouver en Lucho son caïd. La loi du milieu. Le genre de type qui peut mettre le Vélodrome à genoux. Un vrai joueur de classe mondiale. Que Diego s’entête à ne plus sélectionner en équipe d’Argentine. Mais Diego sélectionneur, ça c’est une autre histoire, n’est-ce pas ? Pour en revenir à Lucho,
“El Commandante” (référence à sa façon de célébrer ses buts) figure le prototype de l’icône marseillaise. Beau gosse, classieux, port altier, tatouages à gogo, milieu axial, défensif ou même numéro 10, Lucho Gonzalez ramasse, court, frappe, décale, saute, crée, marque. DD ne s’y est pas trompé, il lui a passé un petit coup de fil. Et ça l’a touché au Lucho. La preuve : « Un seul a pris l’initiative de l’appeler, c’est Didier Deschamps. Le courant est très bien passé, déclare l’agent du capitaine du FC Porto, qui a démenti au passage une offre du Real Madrid. Ce sont des mensonges. Ce serait évidemment flatteur pour Lucho d’être contacté par le Real, mais nous n’attendrons pas le club espagnol. Notre priorité reste l’Olympique de Marseille » . L’idole des supporters des Dragoes revient de vacances la semaine prochaine. En attendant, ce soir, peut-être RLD ira-t-il marcher une petite heure sur la plage pour se détendre après ce mois éreintant. Il contemplera la grande bleue et méditera peut-être cette phrase de Paul Valéry : « La mer, la mer, toujours recommencée » . Sérénité, chaos, sérénité, chaos…sérénité.