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OM Fiction Project
Il y a un an jour pour jour, Frank McCourt débarquait sur la Canebière avec son Champions Project dans les valises. Au moment de souffler la première bougie du grand roman américain de l'OM, on tousse, forcément.
29 août 2016, le feuilleton de l’été se termine enfin. Margarita Louis-Dreyfus, à la recherche d’un repreneur depuis des mois, entre en négociations exclusives avec Frank H. McCourt Jr. « Alon dwa toh boot ! » sont les premiers mots de l’homme d’affaires américain, en direct de la mairie de Marseille, calé entre Jean-Claude Gaudin et MLD. En d’autres termes, qu’il a pu un peu plus travailler lors d’un entretien accordé à La Provence, McCourt justifie son choix de poser 40 millions sur la table ainsi : « Je suis un amoureux du sport et je pense que l’une des plus belles marques au monde dans ce domaine est l’Olympique de Marseille. Elle nécessite du travail, mais je pense qu’on peut obtenir des résultats exceptionnels avec cette marque et cette équipe. » Gros ouf de soulagement chez les supporters marseillais. Sauf qu’aujourd’hui, ils ont été assez patients – et ce n’est pas leur qualité première – pour pouvoir demander des comptes à une production baptisée, sans trembler, OM Champions Project.
Patience, patience
Depuis l’arrivée du nouveau propriétaire de l’OM et de son équipe dirigeante, les supporters marseillais se sont petit à petit scindés en deux clans : ceux qui sont intimement convaincus et séduits par la viabilité du projet, et ceux plus impatients qui en attendent toujours plus. Longtemps brossés dans le sens du poil par la communication aiguisée du président Jacques-Henri Eyraud, la première catégorie a longtemps été la plus dominante, et celle qui tentait de raisonner la seconde. « C’est vrai quoi. Arrêtez de faire les fines bouches. Il y a quelques mois, Franck Passi récupérait les miettes de Michel avec Bouna Sarr et Saif-Eddine Khaoui en titulaire. » Sauf que depuis quelques jours, le rapport de force change. Déjà contre Domžale, avec cette banderole adressée au président marseillais : « Fini la tisane, on met la pression. » Si Eyraud a encore une fois trouvé la parade en répondant avec humour et en évoquant le nom de Diego Costa en conférence de presse pour calmer tout le monde, l’immense déconvenue de ce dimanche contre Monaco sera bel et bien difficile à faire avaler aux Marseillais. En attestent les quelques supporters descendus dès la mi-temps sur la piste d’athlétisme de Louis-II.
Trop de paroles
Aujourd’hui, cela fait un an que le tout nouveau projet de l’OM a démarré, et le recul est suffisant pour pouvoir exprimer ses doutes sans être taxé d’impatient. Tout d’abord parce que les faits sont en total décalage avec les promesses démesurées de Frank McCourt. En octobre 2016, il déclarait : « Mon but n°1, c’est d’être dans le top 3 de la Ligue tous les ans. Le but n°2 est de gagner le championnat plus souvent qu’on ne le perd. Le but n°3, c’est de gagner la Ligue des champions. » De grandes phrases, accompagnées d’une apparente volonté de frapper fort sur le marché des transferts, qui ont redonné beaucoup d’espoir à des supporters marseillais déprimés. Sauf qu’aujourd’hui, le seul véritable gros coup de l’OM reste le retour de Dimitri Payet pour 30 millions d’euros dès le mercato hivernal. Si le recrutement de cet été est plutôt qualitatif (Germain, Gustavo, Rami, Mandanda, Amavi), il n’en reste pas moins insuffisant. Le banc est beaucoup trop court, il manque encore au moins un gros renfort par ligne et surtout, l’OM n’a toujours pas trouvé sa grosse tête d’affiche qui permettrait à l’Europe de le prendre au sérieux.
Pas de progression
Le constat cruel est qu’aujourd’hui personne ne semble vraiment avoir envie de venir à l’OM. Il suffit de voir les volte-face spectaculaires de Carlos Bacca et Stevan Jovetić, les deux pistes les plus chaudes cet été dans la quête du fameux grand attaquant marseillais. Dans une nouvelle donne où une bonne partie des équipes européennes a de gros moyens, les joueurs cotés n’ont plus vraiment intérêt à venir à Marseille. Tant que l’OM n’aura pas enfin sorti le bois de chauffe pour frapper un grand coup, l’OM Champions Project ne sera jamais crédible. Résultat, l’équipe de Rudi Garcia, dont l’entente ne semble pas au beau fixe avec Andoni Zubizarreta, ne s’est pas considérablement renforcée cet été et aura bien du mal à faire mieux que la cinquième place de l’année dernière. Dans une Ligue 1 où de plus en plus de clubs se renforcent, Marseille ne semble absolument pas avoir progressé dans la hiérarchie. « Dire, c’est faire rire. Faire, c’est faire taire. » Jamais la formule de Jacques-Henri Eyraud n’a été aussi vraie. Attention à ce qu’elle ne se retourne pas contre lui. Car l’OM ne peut aujourd’hui pas se permettre de perdre l’appui des supporters.
Par Kevin Charnay