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- Brest-OM (1-0)
OM : droit dans le mur
Encore battu à Brest, malgré une supériorité numérique, l'OM n'en finit plus de creuser. Incapables de quoi que ce soit, et pas aidés par leur propre environnement, les Marseillais foncent vers une saison blanche avec désormais six points de retard sur les places européennes.
Extatique, Francis-Le Blé se demandait où étaient les Marseillais dimanche soir, sur les coups de 22h40, après la victoire logique du Stade brestois, bien que réduit à dix, face à l’OM (1-0). L’issue de cette soirée, aussi aboutie pour les Phocéens sur la pelouse qu’en dehors, ne laissait pourtant que peu de place au doute : c’est bien tout au fond du trou que se trouve actuellement l’Olympique de Marseille, après trois mois sans victoire (à l’exception de celle, poussive, face aux amateurs de Thionville en Coupe de France). À quelques jours du barrage retour de Ligue Europa face au Shakhtar Donetsk, les Marseillais ont déjà un pied dans un gouffre qui leur tend les bras, alors que l’Europe s’éloigne semaine après semaine.
L’entêtement de Gattuso
Les esprits les plus biaisés parleront sans doute en boucle du penalty que l’OM aurait dû obtenir en première période – de l’aveu même du fautif, Pierre Lees-Melou –, mais ce fait de jeu paraît bien anecdotique face à l’ampleur du naufrage olympien dans la rade de Brest, énième épisode de la déliquescence d’une équipe qui ne ressemble plus à grand-chose depuis de longues semaines. Et encore : sans un Ruben Blanco très inspiré, l’addition aurait pu être très salée pour les Olympiens, surclassés dans tous les domaines par les dauphins du PSG. Et Brest n’est pas la seule écurie à voguer dans des eaux qu’elle n’osait viser en début de saison, puisqu’après 22 journées de Ligue 1, l’OM est neuvième, à six points des places européennes et surtout à huit longueurs d’une qualification en Ligue des champions. Un objectif pourtant vital afin de maintenir le train de vie actuel de l’écurie marseillaise.
0 – Marseille (3 nuls, 2 défaites) n'a remporté aucun de ses 5 premiers matches de Ligue 1 d'une année civile pour la 3e fois de son histoire, après 1956 et 1978. Naufrage. #SB29OM pic.twitter.com/LtLM4stS2w
— OptaJean (@OptaJean) February 18, 2024
Le léger mieux entraperçu pendant l’hiver paraît bien loin. La faute à l’entêtement de Gennaro Gattuso, qui a remis au placard son 3-5-2 prometteur, pour imposer son soporifique 4-3-3. Tout champion du monde qu’il soit, l’Italien croit toujours que son équipe attaque moins dans le premier système que dans le second, quand bien même l’OM a pris deux fois plus de points en jouant en 3-5-2 que dans ce 4-3-3. Marqué par la déroute finistérienne, le technicien a toutefois fait profil bas, abattu, dans les travées de Francis-Le Blé : « Je veux m’excuser auprès de tous les supporters. C’est inacceptable. Il faut prendre nos responsabilités, je suis le premier responsable. Je demande pardon à nos supporters. Il nous manque une âme actuellement, et tout est plus difficile sans âme. On a touché le fond ce soir. » Avant de dresser un triste bilan au micro de Prime Video : « La vérité, c’est qu’on doit regarder derrière. On ne peut plus parler d’Europe aujourd’hui. » L’Italien a tout juste pris le temps de justifier son choix de laisser Aubameyang sur le banc – « Pierre-Emerick n’avait pas récupéré de jeudi, il devait se reposer » –, avant de disparaître dans la nuit bretonne.
Benatia souffle sur les braises
En plus des errements tactiques de Gennaro Gattuso et des faillites individuelles des joueurs, l’OM doit également composer avec la communication pour le moins hasardeuse de Mehdi Benatia, son nouveau conseiller sportif. Alors que le club phocéen évolue déjà sur un volcan, l’ancien de la Juventus est en effet venu souffler sur les braises avant même le coup d’envoi du déplacement crucial à Brest. À l’heure où le board phocéen devrait plaider l’union sacrée, le Marocain a en effet allumé publiquement Jonathan Clauss – encore –, notamment lors d’un entretien accordé à Canal+ : « Je suis arrivé au mois de novembre. On m’a mis en garde sur deux, trois joueurs dont le comportement était parfois un petit peu limite. Jonathan faisait partie de ces joueurs-là. Je sais qu’il avait été reçu plusieurs fois dans le bureau du coach pour lui expliquer ce qu’on attendait un petit peu de lui, dans l’attitude, en tant que leader, international français. On pensait que le message était passé, malheureusement, ça ne l’était pas. »
🎙️ Mehdi Benatia sur Jonathan Clauss :
"On a bien noté des problèmes comportementaux avec le coach."
Les mots du conseiller sportif de l'@OM_Officiel sur son international français.#SB29O pic.twitter.com/czE8ZVxqnP
— Prime Video Sport France (@PVSportFR) February 18, 2024
Un argumentaire repris à quelques minutes du coup d’envoi, sur la pelouse brestoise, cette fois au micro de Prime Video. Comme si le conseiller sportif avait senti le désastre venir, et s’attelait déjà à allumer un contrefeu. Coïncidence ou pas, Jonathan Clauss, le meilleur passeur phocéen de la saison, a ensuite signé une de ses pires sorties avec l’OM, alors que les absences de Jordan Veretout et Valentin Rongier annihilent la capacité de révolte de cet effectif passif. Forfait au coup d’envoi, Pau Lopez a été – comme souvent – le seul taulier à se présenter face à la presse, avec des mots forts : « On n’a plus d’excuse. On s’est mis dans la merde, il faut l’assumer. Il reste trois mois pour jouer, ils seront très compliqués. Il faut être honnête, on ne mérite pas de porter le maillot de l’OM. » Alors que les strapontins européens s’éloignent inéluctablement, Marseille a une dernière carte en mains : la Ligue Europa. Jeudi, en barrage retour de C3, l’OM jouera déjà sa saison face au Shakhtar, après le nul de l’aller (2-2), dans un Vélodrome sans doute hostile. Tout autre résultat qu’une victoire plongerait les Marseillais dans une crise sportive profonde, comme l’OM n’en a jamais connu sous l’ère McCourt.
Par Adrien Hémard-Dohain