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- OM-Manchester City (0-3)
OM, droit au blues
En manque de repères tactiques, l'OM a été balayé par Manchester City mardi soir. Si le 5-3-2 était probablement le meilleur plan à coucher face à la bande de Guardiola, son application a été bien trop fragile.
Avant de prendre un mur, André Villas-Boas refusait qu’on lui dessine un lion. Interrogé lundi, le Portugais avait même ri à l’évocation de cette idée : « Tu ne peux pas demander à un coach de l’OM de s’inspirer d’une victoire de l’OL… » Pourtant, dès la distribution des feuilles de match, mardi soir, un 5-3-2 attendu est apparu, calque du système posé par Rudi Garcia face au même Manchester City lors du mois d’août dernier. Résultat ? Le schéma dessiné par le coach marseillais, très compact dans l’axe, a été plutôt équilibré défensivement et a naturellement forcé City vers une approche latérale de cette rencontre. Jusqu’ici, logique. Mieux : lors de la première période, si la bande à Pep Guardiola a tenu le ballon (67% du temps) et a empilé deux fois plus de passes que l’OM, l’actuel treizième de Premier League, arrivé à Marseille dans une forme aléatoire et avec un paquet d’absents, n’a réellement cogné son hôte du soir que sur deux erreurs individuelles (une passe en retrait complètement dingue de Valentin Rongier vers Duje Ćaleta-Car qui a trouvé KDB avant qu’il ne serve Ferrán Torres ; un mauvais contrôle de Balerdi, sur lequel Torres a jailli avant que Zinchenko ne canarde le bas du poteau gauche de Mandanda).
C’est ensuite que les affaires marseillaises se sont compliquées. Car si City a globalement ronronné offensivement avant de sortir deux caramels en fin de match, dont le premier, signé Gündoğan, est la logique conséquence des nombreuses bombes posées sur le côté droit marseillais, histoire de soigner la différence de buts, l’OM n’a quasiment jamais su exister loin de son camp, au contraire de l’OL cet été, qui avait su emmener la bande de Guardiola dans un match de transitions. Or, mardi soir, il aura fallu attendre la 29e minute et une talonnade d’Amavi, suivie d’une autre de Radonjić côté gauche, pour enfin voir les Marseillais réussir à se sortir du pressing haut imposé par les Citizens, doublé d’un contre-pressing bien rodé. Rongier s’est alors retrouvé les yeux exorbités au milieu d’un espace avant de tourner le jeu vers Cuisance, qui a pu sortir le deuxième centre olympien de la soirée. Un échec, mais une respiration dans une soirée terrible : Villas-Boas voulait cogner City en transitions et dans la profondeur, son OM n’aura jamais vraiment réussi à le faire.
Les frissons au placard
La faute à qui, à quoi ? Aux hommes choisis ? Pas forcément, même si Nemanja Radonjić a trop souvent cherché à attendre Walker pour lui envoyer un dribble dans les tibias et que l’OM aurait bien eu besoin, aux côtés de Thauvin, d’un type capable de caler un ballon et exploiter les ogives envoyées par un Mandanda qui a rapidement compris qu’à l’exception de quelques angles trouvés par Álvaro Gonzalez et d’un Bouba Kamara à la hauteur de l’événement, il lui serait impossible de relancer proprement. Au système ? Non plus, une telle approche ayant déjà fait ses preuves face à City. Ici, la faute est ailleurs : dans les trop faibles projections dans le dos des relayeurs de City une fois la première ligne de pression effacée, le manque d’appels en profondeur, l’absence de solutions dans le dos des défenseurs de City… Si l’OL avait les armes, les profils et les repères de regarder City avec un 5-3-2, l’OM n’avait jamais évolué avec une défense à trois avant mardi soir et n’en avait visiblement pas les codes. Avant tout car aujourd’hui, et Villas-Boas l’a déjà assumé plusieurs fois, cet OM n’a que peu de codes tactiques.
Plus grave encore, au-delà du fait que la Ligue des champions ne peut être un laboratoire, cet OM manque de réponses. « On en cherche encore », soufflait son entraîneur il y a quelques jours, tout en glissant à qui voulait l’entendre, après la victoire à Lorient, ceci : « Vous voulez une équipe plus séduisante ? Ça va être dur ! » Les Marseillais n’ont aujourd’hui aucun repère, ne parlent pas tous le même football, et, plus grave, semblent avoir décidé de ranger les frissons au placard. Au Pirée, il y avait déjà eu cette impression : celle d’une équipe sans idées, sur la retenue, avançant avec les pieds brûlants. Mardi soir, les supporters de l’OM ne voulaient pas des points, ils voulaient avant tout avoir des émotions, des poils qui se dressent et non un bus sans réelle direction qui offre un joli 0,05xG à l’arrivée. Des images restent en tête : ces visages frustrés, lassés, abattus dès la fin de la première période, qui n’ont jamais retrouvé le sourire malgré un meilleur deuxième acte peut-être avant tout lié au fait que City n’a pas non plus sorti un gros match et n’a pas tenu le rythme infernal de son contre-pressing tout au long de la rencontre. Et un message revient : celui envoyé par Mathieu Valbuena en Grèce, marqué par le fait de ne pas avoir vu son OM avoir plus de caractère. Une semaine plus tard, l’histoire tient toujours, au-delà des différences techniques entre un City en balade et des Marseillais qui n’ont jamais su plonger dans les quelques espaces ouverts. Et voilà ces derniers presque déjà prêts à faire leurs bagages, sans avoir donné le moindre relief à leur retour en C1. C’est aussi ça, un mur.
Par Maxime Brigand