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OM : Dimitri Payet, capitaine déchu
Parmi les victimes du changement d'entraîneur à Marseille, Dimitri Payet se retrouve en pole position. Mis sur le banc par Igor Tudor lors des deux premières sorties de la saison, le meneur de jeu a aussi dû laisser son brassard de capitaine à Valentin Rongier. Le nouvel OM est-il voué à se dessiner sans le Réunionnais ?
Il fallait l’entendre pour comprendre. Dimanche dernier, sur les coups de 20h30 au stade Vélodrome, le speaker local se lançait à gorge déployée dans l’énumération des noms des titulaires marseillais, en finissant par celui du coach Igor Tudor. Une bronca assourdissante directement adressée au technicien croate est alors tombée des travées, comme si l’OM était déjà quinzième de Ligue 1 fin décembre et que les tribunes avaient trouvé leur bouc émissaire. Comment expliquer un tel désamour si précoce pour un entraîneur qui n’a toujours pas vécu une seule minute officielle à la tête du club ? Sans doute par les informations sorties ici et là, selon lesquelles celui qui est décrit comme un tortionnaire se serait déjà pris le chou avec les chouchous des supporters et surtout, par la mise sur le banc inattendue de Dimitri Payet dès la première journée du championnat. Une expérience renouvelée ce dimanche à Brest, où le meneur de jeu a dû se contenter d’une vingtaine de minutes pour se montrer. Un choix fort, qui pourrait devenir la norme.
Une place à trouver
Quelques heures après les sifflets, les sourires étaient de retour, l’OM ayant pris ses trois premiers points de la saison en torturant une faible équipe de Reims. En Bretagne, Tudor avait décidé de conserver son onze vainqueur sept jours plus tôt, mais ses hommes se sont cette fois pris les pieds dans le tapis contre une séduisante équipe brestoise (1-1). Une interrogation se dessine alors doucement, mais sûrement : ce Marseille-là, qui se veut si vertical et intense au pressing, est-il meilleur sans Dimitri Payet ? Il est trop tôt pour répondre à cette question, Marseille ayant affronté deux équipes a priori destinées à se battre en seconde partie de tableau.
Néanmoins, un onze type se dégage déjà et Payet n’en fait pas partie. D’autant que le meneur de jeu n’a pas vraiment fait quoi que ce soit pour bousculer cette impression sur les miettes qu’il a eues à grignoter sur ces deux premières rencontres de la saison (36 minutes jouées au total). D’un point de vue purement tactique, le système prôné par Jorge Sampaoli la saison passée lui seyait à merveille, avec la possession du ballon en élément primordial, ce qui lui permettait de conserver une certaine liberté dans son positionnement. Dans ce 3-4-2-1 version Tudor, si exigeant physiquement et strict dans les rôles attribués à chacun, le Croate a jusque-là préféré aligner Gerson dans un rôle de milieu offensif gauche, placé juste derrière Milik. L’arrivée récente d’Alexis Sánchez devrait encore un peu plus répartir les minutes entre les attaquants phocéens. Mauvaise nouvelle pour Payet, très bonne pour Tudor.
La Ligue des champions comme cure de jouvence ?
En conférence de presse cette semaine, le néo-entraîneur de l’OM a choisi de désamorcer ce début de polémique autour de la situation de son meneur de jeu, qui a à deux reprises refusé de récupérer le brassard de capitaine laissé à Valentin Rongier : « C’était mon choix (la non-titularisation contre Reims, NDLR), mais ça ne veut rien dire. La saison est longue. Dimitri s’est bien entraîné cette semaine, c’est un de nos capitaines. Il sera important pour nous cette saison. » Il y a de quoi le croire puisque son équipe sera amenée à jouer tous les trois jours et soumise à un calendrier toujours plus éreintant physiquement. Dans un effectif largement remanié, Payet peut tirer son épingle du jeu en sortant l’atout expérience de sa poche, notamment en Ligue des champions. Lui est l’un des rares à l’avoir connue avec l’OM, même si cela ne s’était pas très bien passé la dernière fois (trois points seulement lors de la saison 2020-2021, avec une quatrième place à la clé en phase de poules). Dans ce cadre, difficile de croire que Tudor sera capable de se passer d’un tel élément lorsque l’importance des matchs va encore monter d’un cran. « C’est le capitaine de l’équipe, un joueur très important, il a su qu’il allait être remplaçant mais il a toujours encouragé ses coéquipiers. C’est quelqu’un de très professionnel, même avant le match il rigolait avec nous. Il n’y a vraiment aucun problème avec Dim’, on sait très bien qu’il répondra toujours présent », assurait son copain Guendouzi en zone mixte dimanche dernier. En conclusion, tout va bien, mais jusqu’à quand ?
Par Alexandre Lejeune