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OM : cinq journées et déjà une saison à jeter ?
En trois jours, l'OM est passé de club invaincu en Ligue 1 - et au jeu un peu chiant, c'est vrai - à institution au bord de l'implosion. À l'heure de s'envoler pour Amsterdam mercredi matin, les Marseillais n'avaient plus de coach, et peut-être plus de président. L'été est à peine fini que la saison pourrait déjà être terminée pour les Phocéens.
La saison de l’OM est-elle déjà terminée ? Cela peut paraître précipité, mais à la lumière des évènements des deux derniers jours, la question se pose. S’il y avait eu des caméras de télévision à l’époque du Titanic, elles auraient filmé ce que l’on voit à Marseille ces derniers jours. À savoir le naufrage inattendu d’un navire que l’on pensait insubmersible depuis quelques mois, fort de la cote d’amour irrationnelle envers son commandant Pablo Longoria, et une stabilisation des résultats depuis trois ans, malgré la tempête du Panathinaïkos en août. C’était avant que l’embarcation olympienne ne chavire, lundi soir, torpillée par les leaders des virages du Vélodrome. Lors de cette réunion aux allures de mutinerie, les dirigeants de l’OM et le coach Marcelino ont été invités à quitter le pont. Ce dernier l’a fait, mercredi, tandis que les premiers temporisent encore. Si bien qu’à l’heure d’entamer sa croisière européenne, Marseille n’a plus personne pour tenir la barre.
Abandonné, le navire
Marcelino ayant déserté mercredi matin, quelques minutes avant le départ pour Amsterdam de son équipage, c’est le fidèle bras droit Jacques Abardonado dit « Pancho » qui a enfilé à la va-vite le costume de capitaine. Dans le même temps, Jean-Pierre Papin, un temps pressenti pour cet intérim, lui a emboîté le pas. Mais le Ballon d’or 1991 a lui pris la casquette de dirigeant de l’OM, pour pallier les absences de Pablo Longoria, Javier Ribalta, Pedro Iriondo et Stéphane Tissier. Visés par la mutinerie de lundi, ces derniers n’ont eux pas encore quitté le navire, mais réfléchissent à leur avenir sur le Vieux-Port.
Ils se sont donc mis en retrait mardi soir, à l’issue d’une longue réunion avec le patron Franck McCourt, et conclue par un communiqué sibyllin du club. « Des représentants des associations de supporters ont exprimé leur souhait de voir l’actuel directoire de l’OM démissionner. La menace d’une “guerre” (sic) à leur égard a été émise, tant qu’ils ne démissionneraient pas », pose le communiqué. Le club souligne qu’une « relation basée sur l’intimidation ne peut garantir les conditions minimales acceptables pour que le directoire du club puisse continuer à s’investir pour la transformation de l’OM ». La mise en retrait des quatre dirigeants visés lance alors une partie d’échecs. Officiellement, Pablo Longoria et son cercle proche se donnent le temps de réfléchir à tout cela. Dans les faits, cela ouvre aussi une fenêtre pour voir si le reste du public marseillais suit les revendications des mutins des virages, ou soutient le président, à l’image d’une pétition lancée mardi. Mais le départ de Marcelino, qui avait lié son sort à celui de son ami Longoria, ne présage rien de bon.
La prophétie d’Amsterdam
Dans les coulisses, le chantier s’annonce titanesque, au cœur d’une semaine où l’OM n’a pas le temps, entre son déplacement à Amsterdam et celui au Parc des Princes dimanche. Du côté du terrain, le flou demeure. Car tant que l’avenir de Pablo Longoria n’est pas scellé, difficile de se lancer en quête d’un nouvel entraîneur. Ce n’est de toute façon pas l’urgence absolue, alors que l’OM entame sa campagne de Ligue Europa sur la pelouse d’un Ajax lui aussi en crise institutionnelle et sportive (3 matchs sans victoire). De plus, l’équipe phocéenne est sans entraînement dans les jambes. En effet, après leur match nul de dimanche face à Toulouse, les joueurs ont été au repos lundi, puis ont suivi mardi une séance très légère orchestrée par un Marcelino sonné. La seule certitude, c’est que l’OM s’est envolé pour Amsterdam sans l’une des rares satisfactions du début de saison, puisque Ismaïla Sarr n’est pas dans le groupe.
📝 𝙇𝙚 𝙜𝙧𝙤𝙪𝙥𝙚 retenu pour le déplacement à Amsterdam ! ✈️#AJAOM pic.twitter.com/epfNJ8xqT4
— Olympique de Marseille (@OM_Officiel) September 20, 2023
Alors que le pape arrive à Marseille, il faudra donc bien un miracle pour que l’OM entame sa Ligue Europa du bon pied et relance une saison déjà compromise. Mais à l’heure d’aborder le port d’Amsterdam, il y a quand même quelques timides bonnes nouvelles, dont le visage radicalement différent d’Aubameyang sur la scène continentale cette saison (2 buts, 6 tirs dont 5 cadrés). Les férus de l’histoire phocéenne le savent : quand l’OM affronte l’Ajax, les trophées arrivent dans les mois suivants. Que ce soit en 1972 après le huitième de C1 perdu face à Cruyff, en 1989 après la demie de C2 perdue l’année précédente face à Bergkamp, ou en 2010, un an après le huitième de C3 remporté face à la bande de Luis Suárez. Alors, cette prophétie se vérifiera-t-elle dans les prochains mois ? Comme tous les équipages perdus en mer, les Marseillais n’ont de toute façon plus que les prophéties auxquelles s’accrocher.
Par Adrien Hémard-Dohain