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OM-Bielsa, bulle spéculative…

Par Chérif Ghemmour
OM-Bielsa, bulle spéculative…

Boursière, immobilière, savonnière : une bulle a vocation à enfler, enfler… jusqu'à exploser. C'est aussi le cas de cet Olympique de Marseille surcoté et qui a logiquement fait pschiittt hier soir au Parc. Retour sur le mini krach marseillais…

Action à la baisse…

Désolé pour les petits porteurs, mais ce Marseille-là touche ses limites. Depuis au moins son match à l’OL (0-1) et ensuite contre Lens (2-1), voire carrément depuis Sainté (2-1), l’OM ne déroule plus tout à fait. On peut bien considérer que les Phocéens ont été plutôt pas mal à Gerland, mais ils ont perdu. Les matchs contre Lyon et Lens (oublions le 1-2 face à Rennes en Coupe de la Ligue) annonçaient une défaite très logique et attendue de l’OM au Parc contre le PSG. À cause de son manque de consistance tactique et de son manque de cohésion collective, surtout. Ensuite, il y a ce pressing en apnée de plus en plus anarchique qui ne lui garantit qu’une autonomie d’efforts de plus en plus courte (les 20 premières minutes environ). Ces pauvres Marseillais étaient donc condamnés d’avance… En face, le Paris en mode été-automne 2014, seulement à 80 % en L1, suffisait largement à plier l’affaire sur n’importe quel score. Même sans Ibra.

Disons-le tout de suite : avec un Thiago Motta dans un jour normal, l’OM aurait explosé bien avant et son temps fort de début de match aurait été réduit de beaucoup. Parce qu’on connaît maintenant les entames de match pied au plancher des Olympiens et leur pressing tout terrain très agressif. La difficulté pour l’adversaire est alors double : laisser passer l’orage en s’appuyant sur une défense bien en place et assurer des sorties de balle rapides vers l’avant qui vont éliminer 50 % de l’équipe marseillaise positionnée dans la moitié de terrain de son adversaire. Or, Paris maîtrise bien ces deux paramètres même s’il a été logiquement secoué au départ par des Olympiens pressants et mobiles, mais toutefois incapables de planter. Malgré la pression, Paris arrivait sur les seules fantaisies solo d’un Verratti à se sortir du pressing marseillais. Quelques passes laser de Thiago Motta auraient aussi permis au PSG de desserrer l’étreinte adverse plus facilement. L’orage passé, ne restait plus qu’à entamer le bloc marseillais qui n’allait pas tarder à se fissurer, comme contre Sainté, Lyon ou Lens…

Un OM unidimensionnel

L’OM version Bielsa est une équipe programmée pour attaquer très fort, à presser haut, à courir beaucoup, à créer le surnombre chez l’adversaire pour marquer le plus rapidement possible. Beaucoup de jeu direct, vertical et très coûteux en efforts (à l’heure qu’il est, Thauvin doit être toujours sous assistance respiratoire). Hormis ces temps forts, parfois réellement impressionnants, l’OM défend et c’est tout. Le problème, c’est que Marseille défend de plus en plus mal, de plus en plus en plus bas au fil des dernières rencontres. Avant, l’OM défendait en avançant (à Guingamp, ou même encore à Lyon). Ce n’est plus le cas. L’OM recule et subit les assauts répétés dans les grandes largeurs, dans des espaces énormes laissés libres dans sa moitié (cf. les raids lensois au Vélodrome). À cause des fameuses défaillances physiques dues aux courses éprouvantes exigées par le jeu de Bielsa depuis des mois ? Incontestablement, ça joue. Mais l’explication est sans doute aussi ailleurs. Cet OM-là n’est pour l’instant que tout simplement « unidimensionnel » . Il ne connaît en gros que la verticalité. Droit au but… Jusqu’à l’épuisement. Et à la fin, on ramasse les morts. Elle est là, la bulle spéculative marseillaise : tant que ça court beaucoup, que ça presse haut et que le physique pèse (cet OM-Gignac est quand même costaud), ça passe.

Mais pour être une vraie bonne équipe, il lui manque une autre dimension essentielle : la possession-circulation. Celle qui permet de gérer les temps faibles tout en conservant le ballon et qui permet de s’épargner les efforts de plus en plus exténuants. Surtout pour une équipe type qui aligne quasiment toujours les mêmes joueurs. Et ça, Marseille ne sait pas faire, limité qu’il est à ne savoir que se projeter devant tant qu’il a du gaz… Paris, lui, maîtrise l’art de tempérer en faisant tourner. Au besoin, grâce aux décrochages parfois très bas de Zlatan, ce génie tactique insoupçonné à qui personne ne prend le ballon. Sans Ibra, Paris assure moins, mais contrôle quand même. C’était visible contre Nicosie, où à 1-0 le PSG gérait sans vraiment souffrir. Ce PSG est « multidimensionnel » . Il sait attaquer, défendre et temporiser, comme on a pu le voir face à un gros toujours redoutable comme le Barça (3-2). Contre les Blaugrana, la présence de Zlatan aurait même permis à Paris de mieux conserver le ballon au milieu et de mieux installer le bloc parisien chez l’adversaire, le privant de plus d’initiatives. Mais, on l’a bien vu : même sans Zlat, Paris l’a emporté. Marseille n’est donc pour l’instant pas multidimensionnel comme le PSG, le Barça, Arsenal, le Bayern ou l’ancien MU de Ferguson. Et c’est grave, docteur ? Oui.

L’axe Imbula-Payet

Car Bielsa ne s’est toujours pas assez attelé à ce chantier crucial de la possession-circulation longue. Sans ballon, son OM se délite et s’épuise de plus en plus à vouloir le récupérer dans des courses défensives anarchiques où les milieux et les latéraux s’en vont couvrir des zones parfois indues (cf. contre Lyon). C’est devenu désormais chronique : l’OM finit mal ses matchs, subit gravement et encaisse… Soyons honnête : l’OM arrive quand même à bien combiner, à élaborer parfois des mouvements merveilleux, tel le but de Gignac face à Toulouse à dom (2-0), après un magnifique renversement de l’aile droite vers l’aile gauche. Un « but de lumière » , celui-là ! Parce qu’il a paradoxalement éclairé LE point noir du cœur du jeu marseillais : la relation Imbula-Payet. Ce but de Gignac contre le TFC est le fruit d’une belle préparation élaborée sur un redoublement en passes courtes entre Imbula (meneur reculé de l’OM) et Payet (son meneur avancé). La clef du jeu marseillais repose sur cette « charnière » , susceptible d’agencer et « souder » le bloc défensif et le bloc offensif de cet OM. Or, pour l’instant, à quelques notables exceptions (contre Toulouse, donc), cette relation Imbula-Payet n’a que très peu fonctionné. Contre Paris Imbula a fait du Imbula, du mauvais Imbula : celui de l’année dernière, en début de saison. Il démarre le jeu en partant de ses bases, fonçant tête baissée jusqu’à en perdre le ballon à la première tenaille venue. Et Payet ? Après un début de match encourageant, Dimitri est à nouveau resté planqué, très haut, au milieu de ses attaquants, injoignable…

Or Payet doit aider Imbula à construire. Surtout quand Ayew n’est pas là. Car André est un bon relais naturel dans la construction, comme dans la conservation du ballon. D’ailleurs, l’axe vital du jeu marseillais, ce serait une véritable association Imbula-Payet + Ayew plus resserrée, plus productive. L’intelligent André Ayew est tactiquement compatible : il sait aussi occuper une position axiale, décrocher au centre du terrain, orienter à 30 mètres du but adverse, remiser à une touche, temporiser, écarter à gauche pour Mendy, combiner dans l’axe… et même marquer ! Mais on n’en est pas encore là, à l’OM. Dimitri et Gianni ne se trouvent pas assez… On blâme le manque d’efficacité offensive marseillaise, on s’attarde aussi sur les bourdes des défenseurs (pauvre Mendy !), mais les vrais problèmes se situent au milieu, au cœur du jeu. Là où on peine de plus en plus à construire, mais surtout où on ne sait pas « tenir » le ballon. En Ligue des champions, cet OM finirait 3e de sa poule, en battant le club le plus faible, mais en se faisant surclasser par deux bonnes équipes, quelles qu’elles soient, qui sauraient le contenir et le punir. En L1, cet OM qui n’a toujours pas trouvé son point d’équilibre n’est pas à l’abri d’une prochaine correction à domicile, même face à une « petite équipe » futée qui saura jouer les bons coups à fond. On parie ?

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