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OM-Ajax : à la croisée des chemins
Déjà en crise lors du match aller, fin septembre, l’Olympique de Marseille retrouve l’Ajax Amsterdam deux mois plus tard. Entre-temps, les Néerlandais ont aussi touché le fond, mais eux ont su rebondir. Contrairement à l'OM, qu'ils pourraient un peu plus enfoncer.
Deux mois après le nul spectaculaire à la Johan-Cruyff Arena (3-3), l’Ajax et l’OM se retrouvent en Ligue Europa ce jeudi au Vélodrome. À l’époque, les Marseillais étaient au bord du gouffre, après la désertion de Marcelino et la prise de recul de Pablo Longoria. En face, l’Ajax s’apprêtait, elle, à entrer dans une crise institutionnelle et sportive inédite. Deux mois plus tard, les Phocéens ont évité le naufrage, mais flirtent toujours avec. Appelé à la rescousse, Gennaro Gattuso pourrait même bientôt débarrasser le plancher. D’autant plus si ses troupes venaient à perdre ce jeudi face à une Ajax qui, elle, a redressé le cap et navigue dans des eaux redevenues calmes.
L’OM à quitte ou double
Grâce aux six points récoltés contre les amis de l’AEK, l’OM aborde pourtant ce rendez-vous décisif dans la peau de leader du groupe B. Mieux : une victoire ce jeudi soir, conjuguée à une défaite de Brighton à Athènes, assurerait déjà aux Olympiens de terminer premiers de leur poule. En cas de victoire des Seagulls, l’OM pourrait quand même valider son ticket pour la suite de la compétition via un nul, avant de disputer une finale pour la première place, à Brighton, début décembre. Voilà pour la situation comptable, seule éclaircie dans un ciel marseillais de plus en plus gris. En attendant la foudre, le tonnerre a d’ailleurs tonné samedi soir, dans la bouche de Gennaro Gattuso, après la nouvelle sortie indigeste des siens à Strasbourg : « La deuxième période, veuillez excuser mon langage, mais c’était de la merde, ce n’est pas possible. […] Je suis très en colère, il n’y avait rien du tout. Je pense que c’était la pire période depuis que je suis arrivé. Il n’y a rien à garder, tout à jeter. »
Entre le mutisme inquiétant de Pierre-Emerick Aubameyang, la maladresse de Vitinha, la baisse de forme d’Amine Harit, et le manque criant de fonds de jeu, l’OM est bien loin de ce qu’avait promis Gennaro Gattuso avant la trêve internationale. L’Italien aurait d’ailleurs secoué son groupe dans la semaine, imité par Pablo Longoria, descendu pour la première fois de la saison dans le vestiaire pour remobiliser les troupes. Alors que l’OM n’a plus que trois points d’avance sur la zone rouge (avec un match en retard), et en compte six de retard sur les places européennes (et même dix sur le podium), le président est venu mettre les joueurs face à leurs responsabilités, tout en martelant sa confiance. Une sorte de pacte interne qui doit faire ses preuves dès ce soir face à l’Ajax, avant deux autres rencontres au Vélodrome en moins de six jours : Rennes dimanche, puis Lyon mercredi. Trois matchs à domicile qui doivent enfin permettre à l’OM de lancer une saison à l’arrêt depuis septembre, et le nul face à… l’Ajax Amsterdam.
Les promesses d’Amsterdam
Fin septembre, ce match nul au cœur de la crise avait suscité quelques espoirs. La troupe olympienne, menée par Pancho Abardonado, avait arraché un nul plein de caractère, notamment grâce à un doublé de Pierre-Emerick Aubameyang. On pensait alors l’OM relancé. Mais, trois jours plus tard, la prestation indigne des Marseillais au Parc des Princes (0-4) avait vite fait retomber le soufflé. Depuis, Gennaro Gattuso a pris les commandes, sans jamais trouver la formule. En 9 rencontres, l’Italien n’a connu la victoire que face au Havre et à l’AEK (deux fois), pour trois défaites (à Monaco, Lens et Nice), et trois nuls (Brighton, Lille, et Strasbourg). En championnat, Gattuso réalise le pire démarrage pour un entraîneur phocéen depuis 2002 et Albert Emon. Le champion du monde 2006 lance donc une semaine décisive pour la suite de la saison olympienne, mais surtout pour lui. Et ce sera loin d’être aussi facile que prévu.
Car depuis début novembre, l’Ajax, lui, s’est remis la tête à l’endroit. Depuis l’aller, les Ajacides ont pourtant touché le fond sportivement, après leur pire début de championnat depuis 1964-1965, et une position de lanterne rouge au cœur de l’automne. Mais aussi institutionnellement, avec le départ de Sven Mislintat, directeur sportif accusé de conflit d’intérêts dans le transfert de Borna Sosa, puis du coach Maurice Steijn. Ce dernier n’a pas résisté aux deux mois sans victoire de l’Ajax, balayé fin octobre 5-2 par le PSV. Alors que les noms de Louis van Gaal et Jorge Sampaoli ont circulé, c’est finalement l’ancien joueur de l’Ajax John van ’t Schip qui a été nommé pompier de service. Avec succès, puisque les Ajacides sont invaincus en championnat depuis, et désormais 8es d’Eredivisie. Seule ombre au tableau dans ce renouveau : la défaite à domicile face à Brighton en C3. Mais, en cas de victoire face à l’OM, l’Ajax reprendrait la 3e place du groupe à l’AEK, et se relancerait dans la course à la C3. Un scénario qui aurait tout l’air d’une sortie de crise pour les Néerlandais. Et de tout l’inverse pour les Marseillais.
Par Adrien Hémard-Dohain