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À Lyon, le Roi ou le Général pour gouverner ?
Cette saison, Pierre Sage a l’embarras du choix au poste de numéro 9, avec Georges Mikautadze et Alexandre Lacazette. Le premier a mis du temps à lancer sa saison, le second semble intouchable malgré sa petite mine. Alors, on fait comment ?
« Pour nous, jeunes attaquants, on voulait devenir comme lui. À cette époque, il y en avait des modèles, avec Lisandro López, Bafé Gomis, Karim Benzema… On essayait de se comparer à eux, de faire les mêmes gestes à l’entraînement. » Voici les mots qu’employait Georges Mikautadze, en août, quand So Foot le questionnait sur Alexandre Lacazette. Neuf ans après avoir quitté le centre de formation lyonnais, en 2015, le Géorgien a fait son retour dans son club de cœur, cet été, et partage maintenant le même vestiaire que son aîné. Une aubaine pour le storytelling lyonnais, un peu moins pour la santé mentale de Pierre Sage, qui affronte désormais des maux de tête à chaque fois qu’il doit composer le front de son attaque.
L’avant-centre le plus hype de l’année 2024 d’un côté, la légende et capitaine du club de l’autre. Et au milieu, un entraîneur qui doit jongler entre les deux. Délicat, forcément : Mikautadze (24 ans) a seulement connu quatre titularisations cette saison, à chaque fois en Ligue 1. Préféré au Géorgien lors des trois premiers matchs de Ligue Europa, Lacaz’ (33 berges) affiche également sept titularisations en championnat, dont seulement une en commun avec le numéro 69 rhodanien, dans un 3-5-2, face à Strasbourg : un match fou (4-3) lors duquel le porteur du brassard s’était beaucoup distingué, contrairement à son partenaire. « Je sens que c’est un coach qui me fait confiance, nous expliquait Mikautadze, avant le coup d’envoi de ce nouvel exercice. On a parlé du fait qu’Alex et moi serons amenés à jouer à deux devant. Le dispositif, je ne le connais pas exactement, mais il veut nous voir ensemble. » Compliqué, néanmoins, à mettre en place dans le 4-3-3 cher au technicien.
Reste à connaître le taux de complémentarité de ces deux buteurs, qui fonctionnent un peu de la même manière : à l’instinct. « On est plusieurs attaquants à avoir grandi à Lyon et à avoir cultivé ça, témoigne Mikautadze. Benzema, Gouiri… On a tous ce côté numéro 9, qui n’a rien à voir avec le grand avant-centre qui cale deux défenseurs. Nous, on aime avoir le ballon et en faire bon usage. Je pense qu’on nous a inculqué ça depuis tout jeune et que l’OL recherchait aussi ces profils techniques. On aime bien tripoter le ballon, quoi. » Dans les faits, l’homme fort du dernier Euro a mis du temps à se mettre dedans, attendant la 8e journée pour signer une première passe décisive (pour Saïd Benrahma, au Havre, après une entrée à la 72e), et la 9e pour marquer (avec un doublé à domicile face à Auxerre).
🦁 On a vu un grand Georges Mikautadze
🎥Dimanche, pendant le match contre l'AJ Auxerre, on a posé une cam iso sur @MikautadzeG
Le replay 👉🏼 https://t.co/yJfCOjtJmu pic.twitter.com/HPREyNMs2E
— OLPLAY (@OLPLAY_Officiel) October 29, 2024
C’est tout, côté stats, pour le gars sûr de Willy Sagnol ; mais Lacazette ne fait pas mieux, avec seulement trois réalisations (aucune à domicile) malgré ses dix titularisations. Les deux dernières fois qu’il a été aligné d’entrée, contre Beşiktaş et à Lille, le trentenaire s’est d’ailleurs montré très décevant, pour ne pas dire catastrophique. Le technicien s’en était expliqué en conf, à Pierre-Mauroy, après avoir attendu la 85e pour remplacer le Général par Mikautadze : « Vous le connaissez comme moi, Alex, même dans un match où il est moyen, il est capable de marquer, sur un ballon qui traîne… Georges a été malade dans la semaine, j’assume ma décision, même s’il aurait pu entrer plus tôt et jouer davantage. » Cent soixante-six minutes passées ensemble sur le terrain en trois mois : partenaires sur le papier, les deux Gones sont donc surtout des concurrents, à l’heure actuelle.
Par Jérémie Baron
Propos de Georges Mikautadze recueillis par Mathieu Rollinger et Andrea Chazy et tirés du So Foot n°219 (septembre 2024).