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Lyon : à Textor et à travers
L’Olympique lyonnais pourrait se retrouver d’office en Ligue 2 à la fin de la saison, en raison de ses difficultés économiques et financières. Un coup de tonnerre concernant une des têtes de gondole d’une Ligue 1 fragile, et dans lequel le président John Textor n’est pas innocent.
La descente aux enfers – économique – du foot français continue inexorablement, l’année 2024 s’étirant en longueur de ce point de vue. Après l’échec de la négociation des droits télé ou la chute en National 2 des Girondins de Bordeaux, l’Olympique lyonnais est désormais menacé par la DNCG : s’il n’offre pas rapidement davantage de garanties financières, le club ira boxer en Ligue 2 la saison prochaine. Et ce, quel que soit son classement final.
Cette décision survient dans un contexte tendu pour le club rhodanien, alors que les révélations récentes sur la véritable comptabilité du groupe de John Textor donnaient déjà des sueurs froides aux supporters des Gones. La branche française d’Eagle Football Holdings – qui possède également Botofogo au Brésil et Molenbeek en Belgique – avait en effet rendu public des comptes de résultat particulièrement angoissants, avec un endettement net de trésorerie de 463,8 millions d’euros et 25 millions de pertes en 2023-2024.
Le coupable, c’est l’autre
L’homme d’affaires américain n’y percevait pourtant rien d’alarmant, malgré un bilan qui condamne l’OL dans l’absolu. Au sortir de sa présentation devant la DNCG, il affirmait sans sourciller : « La réunion s’est bien passée, je suis confiant dans nos chiffres. » Avant d’avancer, auprès de l’AFP, qu’il allait « faire entrer plusieurs centaines de millions de cash dans les prochains mois ». Le passé récent aurait néanmoins dû l’incliner à plus de prudence, le gendarme du foot l’ayant déjà rappelé à l’ordre l’été dernier en encadrant sa masse salariale et en limitant ses recrutements. Pour l’ancien skateur, il s’agirait surtout de manœuvres cachées ou obscures de la part du PSG, tout comme l’arbitrage « sous influence » au Brésil, expliquait les échecs de Botafogo : « Je crois que la DNCG est indépendante de certaines des pressions que vous constatez, mais nous avons beaucoup d’ennemis au sein du conseil d’administration de la ligue comme un grand club du Qatar. »
🚨⚠️ Official: Olympique Lyonnais have been handed a provisional Ligue 2 relegation.
It also includes a transfer BAN due to their financial situation. pic.twitter.com/jTEsT3nYb3
— Fabrizio Romano (@FabrizioRomano) November 15, 2024
Certes, le couperet n’est pas définitivement tombé. Mais si la sanction pour le moment « à titre conservatoire » devait être effectivement appliquée, l’ensemble de la L1 en subirait les conséquences. Le foot français y perdrait en particulier un de ses produits phares, donc une source de motivation pour s’abonner à DAZN. Y compris lorsqu’il peine sur le plan sportif : en effet, la saison 2023-2024 avait été en quelque sorte kidnappée par le feuilleton d’un OL passant de lanterne rouge à postulant à la Ligue Europa.
Le rôle de Rayan Cherki… et de la LFP
Quels sont les scénarios de sortie de crise ? Pour l’instant, John Textor ne fournit que des hypothèses ou des promesses, prophétisant « des apports de 75 millions d’euros d’ici à fin décembre 2024 sous la forme de capitaux propres et/ou de produits de cessions de joueurs détenus par des clubs du groupe d’Eagle Football Holdings », voire « l’apport d’un montant maximum de 100 millions en début d’année 2025 de la part d’Eagle Football Holdings ». Autre piste, la vente de joueurs bankables tels que Rayan Cherki et Georges Mikautadze. Lors de la conférence de presse de ce samedi, dont le direct a été supprimé et le live tweet interdit aux journalistes (preuve de la fébrilité qui règne à la direction de l’OL), John Textor a clairement ciblé un dégraissage du vestiaire tout en se voulant rassurant concernant le cas de l’international tricolore espoir et les ambitions sur le terrain.
Extrait : « On a perdu 15 millions d’euros de vente, mais avec un accord à plus long terme. Il a une plus grande valeur aujourd’hui que cet été et il devrait rester en janvier, mais ce sera son choix. Comme toujours, dans le football. On a 29 joueurs en équipe première, il en faudrait idéalement 23 ou 24, donc il y en a six de trop. Certains ne sont pas partis, et nous voulions recruter pour être plus forts en championnat. » En ce qui concerne la survie de l’OL, donc, elle repose largement sur des flux financiers liés à la multipropriété (comme la vente des parts dans Crystal Palace ou des transferts en provenance de Botafogo, via la vente notamment d’Igor Jesus) plutôt que sur ses fonds propres. S’attaquer à ce problème devrait relever du rôle d’une LFP qui se penserait davantage stratégique que boutiquière, mais il ne faudrait pas trop en demander à ses grands dirigeants…
Par Nicolas Kssis-Martov