- C3
- 8es
- OM-Villarreal (4-0)
Jean-Louis gars sûr
Auteur de sa quatrième victoire en quatre matchs sous l'ère Jean-Louis Gasset, l'OM est méconnaissable. Trop beau pour être vrai ?
Qui a fait le plus de bien à l’autre ? Mi-février, lorsque Jean-Louis Gasset apparaît devant la presse vêtu d’une chemise tachetée et d’une casquette de l’Olympique de Marseille toute neuve, cela ressemble à tout sauf à une bonne idée : l’entraîneur de 70 ans vient de se faire humilier en Côte d’Ivoire, où il a quitté son poste au milieu d’une CAN que ses joueurs ont finalement soulevée sans lui ; le club provençal n’a plus battu une équipe professionnelle depuis huit matchs, vient de prendre une leçon du Stade brestois, pointe à la neuvième place du championnat de France et opère son quatrième changement d’entraîneur en sept mois. Cut : deux semaines et demie et quatre victoires consécutives plus tard, plus personne ne fait la gueule dans l’enceinte de la Commanderie. L’OM est redevenu une équipe sexy, les banderoles incendiaires en virages ont disparu et Gasset, avec son football axé sur les fondamentaux et le plaisir, se pose déjà en prétendant au titre d’Homme de l’année GQ 2024.
Oui mon Gasset !
Au-delà d’avoir remis la marche avant en Ligue 1, et d’avoir – quasiment – déjà acté la qualif en quarts de Ligue Europa après avoir torpillé le Villarreal de Marcelino ce jeudi (4-0), l’Olympique tourne à quatre buts par match et possède peut-être actuellement la meilleure attaque d’Europe, avec un Pierre-Emerick Aubameyang en feu (six réalisations en quatre parties) et d’autres joueurs totalement transfigurés depuis le turnover sur le banc (Jonathan Clauss, Ismaïla Sarr, Iliman Ndiaye…). Cette formation aime toujours se faire peur, comme à Clermont et surtout à domicile contre le Shakhtar ou Montpellier, mais sait désormais retomber sur ses pattes, sans paniquer. Cerise sur le Gasset : l’OM vient de signer le premier clean sheet de sa nouvelle ère. Et quand on sait d’où vient cette équipe, ça veut dire beaucoup.
🥇 ⚽ Aubameyang 9️⃣ 🥇 🅰️ Clauss 6️⃣
Deux joueurs de l'OM en tête des classements en #UEL 🔵⚪ pic.twitter.com/VPpvDFYlL9
— L'UEFA 🇫🇷 (@UEFAcom_fr) March 8, 2024
Gasset n’est pourtant pas une référence absolue en Ligue 1, où ses principaux faits d’armes dataient, jusqu’ici, de sa période en tant que second de Laurent Blanc, à Bordeaux puis Paris. Même si son mandat stéphanois aura laissé de bons souvenirs, notamment à Stéphane Ruffier, qui racontait récemment à So Foot avoir vécu ses meilleures années dans le Forez avec lui : « J’ai eu la chance d’avoir deux grands entraîneurs dans ma carrière, Christophe Galtier et Jean-Louis Gasset. Jean-Louis, c’était exceptionnel. C’est la folie. » Avec Gasset, pourtant, pas de grosse révolution tactique ou de grand discours à finir en bande-annonce sur Canal +. Rien à voir, non plus, avec le profil de Gennaro Gattuso, que tout le monde doit déjà avoir oublié sur la Canebière, à l’heure qu’il est.
Les bonnes personnes au bon endroit
La méthode de Jean-Lou ? « Par le travail, les mettre à leur poste, leur faire réussir des choses sans opposition, des choses très simples, les mettre à l’endroit où ils aiment être, leur montrer les endroits de progression par vidéo, posait-il avant la raclée de jeudi. Ça fait beaucoup de choses en peu de temps. Il faut parler au groupe d’abord et aux jeunes joueurs d’avenir pour les décrisper. » Jeudi, après la démonstration contre le Sous-Marin jaune, Pau López a donné sa vision des choses : « On a plus de confiance depuis l’arrivée du coach, on joue chaque match avec l’humilité nécessaire. Ce qui a changé ? Même nous, on se pose la question, je ne sais pas. Le nouveau coach a de l’expérience, il a trouvé la bonne position à certains joueurs. Si on regarde le Sarr ou le “Ili” (Ndiaye) des trois-quatre derniers matchs, ils sont différents, ils ont un niveau extraordinaire, comme Auba. »
Jordan Veretout est allé dans le même sens : « Le coach a apporté le petit truc qui nous manquait, il connaît bien le championnat, nous a remis sur les bons rails. » Le reste, c’est une histoire vieille comme le monde : la confiance amène la confiance, les succès amènent les succès. « Je vois des visages détendus, a déclaré le septuagénaire au coup de sifflet du duel contre Villarreal. Avec une crainte, toutefois : « Ça fait quatre matchs qu’on fait en douze jours, ça va être le cinquième dimanche, on commence à fatiguer. » Surtout, les sommets se présenteront mi-mars, avec l’enchaînement Rennes, Paris et Lille. A priori, l’OM n’aura pas changé de coach d’ici là. Et c’est déjà une victoire.
Par Jérémie Baron
Propos de JLG tirés d'une conférence de presse et d'une interview pour RMC Sport