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Olympique de Marseille : que faire d’Arkadiusz Milik ?
Pour la réception d’Angers au Vélodrome ce vendredi, l’Olympique de Marseille devra s’atteler au cas Arkadiusz Milik. En difficulté depuis plusieurs semaines, l’attaquant semble effectivement avoir perdu la confiance de Jorge Sampaoli. Relégué sur le banc des remplaçants, le Polonais doit également faire face à d’autres obstacles avec l’instauration d’un nouveau système de jeu et l’arrivée de Cédric Bakambu.
Douze. C’est le nombre de matchs sans marquer en Ligue 1 pour Arkadiusz Milik. Une éternité pour un attaquant de ce calibre et un vide qui l’oblige à remonter au 17 octobre dernier, date de son ultime réalisation en championnat (victoire 4-1 face à Lorient). Depuis, force est de constater que le Polonais rencontre l’une de ses plus grosses disettes. Un bilan qu’il n’a plus connu depuis près de trois ans (entre le 14 avril et le 6 octobre 2019) et son passage à Naples, conséquence d’une série de dix rencontres sans trouver le chemin des filets. Une période alors marquée par d’innombrables blessures. Cette saison, les raisons de cette pénurie semblent se situer ailleurs.
Statiques statistiques
Indiscutable à ses débuts, à l’automne 2020, Arkadiusz Milik n’est aujourd’hui plus aussi certain de sa situation. En léger froid avec Jorge Sampaoli, le Tychien a perdu les faveurs d’un entraîneur qui n’a, jusque-là, pourtant jamais cessé de lui renouveler sa confiance. Il faut dire qu’en élargissant la focale, le rendement statistique d’ « Arek » lui fait plutôt honneur : 10 buts en 20 matchs. Mais en y regardant de plus près, la réalité du terrain change quelque peu la donne. Au-delà de l’unique réalisation en Ligue 1, les pions de l’ancienne gâchette napolitaine ont été inscrits en Coupe de France (cinq buts, dont un triplé face à Cannet) et en Ligue Europa (quatre buts).
Ces performances irrégulières n’ont pas tardé à faire parler, notamment en ce qui concerne l’implication du principal intéressé, vite agacé par ces reproches. « Parfois, je regarde le chronomètre, ça fait vingt minutes qu’on joue et je n’ai reçu que deux passes avec un adversaire sur le dos, rétorquait-il ainsi à Canal+ Pologne. Ces problèmes de passes diminuent la confiance que j’ai en moi. Avec le coach, on cherche des solutions. Nous avons fait une session vidéo et le fait de ne pas se procurer beaucoup d’occasions est un problème global. » Bousculé par la rugosité défensive en France, l’attaquant de 27 ans pâtit surtout d’un manque de mobilité. Souvent esseulé, Milik est loin d’entrer dans la case des « attaquants libres » . Des caractéristiques de joueur de surface, en phase avec un Miroslav Klose des années 2000, mais en décalage avec l’avant-centre « typique » voulu par ce football moderne, en mouvement constant, à l’ère de la vitesse et de la puissance.
Faux 9, vraies difficultés ?
Alors d’où vient le problème : des ballons qui n’arrivent que trop rarement ou de l’immobilisme chronique de Milik ? En attendant de répondre à ces interrogations purement tactiques, Sampaoli a, provisoirement, choisi son camp. Exit Arek sur les trois dernières sorties, contre le RC Lens, Montpellier puis l’OL et place à un système sans buteur. « Je joue sans numéro 9, car je pense que c’est qu’il y a de mieux pour l’équipe en ce moment, avançait El Peludo après la défaite à Lyon (2-1). Je ne dirais pas que Payet est un faux 9, c’est un attaquant différent. Il vient chercher, crée les espaces, et dans la période actuelle, c’est ce qui semble convenir à l’équipe. Mais ce n’est pas un système définitif. » Décrocher, gagner du terrain : les injonctions faites à Arkadiusz sont nettes, mais loin d’être rédhibitoires pour celui que l’OM a refusé de laisser partir cet hiver. Et devant cette période relativement compliquée et évidemment traversée par bon nombre de buteurs, Milik doit désormais composer avec le renfort de Cédric Bakambu, débarqué en janvier.
Buteur pour sa première sortie à Bollaert, l’international congolais apporte avec lui une nouvelle palette, plus adaptée au football hexagonal. Habitué aux duels, le transfuge du Beijing Guoan peut ainsi se targuer d’un coffre physique et d’un jeu en profondeur solidement ancré, à même de s’appuyer sur la qualité technique du trio Guendouzi-Kamara-Payet, élément que Milik n’aura, à l’heure actuelle, que sporadiquement exploité, bien qu’il soit loin de se dire fini : « Je peux jouer avec un autre attaquant sans problème. Lorsque Bamba (Dieng) entre, il est aligné à gauche. Mais je pense que l’on peut très bien jouer à deux. Cela dépend du coach. » Malgré tout, la baisse de performance de l’ancien de l’Ajax n’est pas sans rappeler celle de plusieurs autres buteurs, également de qualité, passés par La Canebière sans le succès escompté. Valère Germain, Konstantinos Mitroglou et plus récemment Darío Benedetto auront effectivement bien démarré leur aventure avant de progressivement baisser de régime. Parfois peu servis et victimes d’un système de jeu qui ne leur a pas toujours été propice, mais le plus souvent en manque de réussite.
Conservé et loin d’être indésirable au club, Arkadiusz Milik dispose donc de six mois, entre Ligue 1 et Coupe d’Europe, pour inverser la tendance et, une fois n’est pas coutume, faire taire les sceptiques.
Par Adel Bentaha