- Euro 2012
- Groupe B
- Pays Bas/Danemark
Olsen, plus c’est long et plus c’est bon
Tout le monde reconnaît sa tronche, mais personne ne peut mettre un nom sur son visage. Lui, c'est Morten Olsen, sélectionneur de l'équipe danoise depuis plus d'une décennie. Fin tacticien, l'ancien international scandinave est toujours en place, malgré plusieurs échecs répétés. Portrait d'un type bien accroché au banc des Vikings.
Il n’a rien à voir avec les sœurs Olsen, pas plus qu’avec le célèbre saumon fumé du même nom. Morten Olsen navigue dans l’ombre sans faire de vagues. Il est l’opposé du mec qui se la raconte, sa science tactique et son esprit du jeu sont bien plus explicites que ses mimiques sur le banc de touche. L’ancien capitaine de l’équipe nationale a pris les rênes de la « Danish Dynamite » en juillet 2000, succédant au Suédois Bo Johansson. Olsen tranche avec les idées de son prédécesseur : terminé le bon vieux 4-4-2 frileux, place au 4-3-3 qui peut se muer en 4-2-3-1 plus à même de contrer son adversaire. Un système de jeu qui a fait ses preuves par le passé, l’homme aux 102 capes s’étant déjà fendu de deux titres au pays avec Brøndby et d’un célèbre doublé coupe-championnat avec Michael Laudrup et son Ajax Amsterdam. La force d’Olsen est d’étudier des heures durant le système de jeu de ses adversaires. Entre tableaux noirs et longues séances vidéo, les joueurs danois connaissent parfaitement les points faibles de leurs concurrents. Suffisant pour bousculer la hiérarchie du groupe de la mort ? Olsen y croit, les observateurs du foot un peu moins.
Prolongé jusqu’en 2014
Le Jean-Pierre Rives danois arrive plus qu’à maturité. Voilà 12 ans que papy Olsen squatte le banc de touche scandinave sans vraiment transcender les supporters du pays. Des performances en dents de scie qui leur en touche une sans faire bouger l’autre. La sélection a échoué en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2002, sortie sèchement par l’Angleterre (3-0). Une phase de groupes plus tard et les Danois se voient éliminés par la République Tchèque au Championnat d’Europe 2004, toujours sur le même score (3-0). Olsen est contesté, les journalistes locaux trouvent son jeu trop timide, foireux, voire parfois même ennuyeux. Lui fait front, malgré les échecs de 2006 et 2008. Il garde la confiance des cadres, demande du temps et des pouvoirs élargis, ce que la fédération va finalement lui accorder. Olsen qualifie les siens pour la Coupe du monde 2010, puis pour l’Euro 2012 et prolonge dans la foulée son bail jusqu’en 2014 avec une nouvelle prérogative : il est une sorte de patron de toutes les sélections du pays, un mélange de François Blanquart, Noël Le Graët et Laurent Blanc. Si cerveau Olsen le veut, fédération danoise l’exécute.
Un Danemark 2012 offensif
Pour 2012, le grand manitou du football danois a annoncé la couleur. Placée dans la Poule B avec les Pays-Bas, l’Allemagne et le Portugal, la bande des homonymes Poulsen ne souhaite pas partir au front sans ambition. Les coéquipiers de Nicklas Bendtner vont la jouer offensif : « Au final, il n’y aura qu’un seul vainqueur, explique le sélectionneur dans Voetbal International. Les quinze autres participants à l’Euro ne gagneront pas. Pourquoi jouerions-nous dès lors le résultat en adoptant une tactique frileuse ? » Voilà de quoi rassurer les fans du pays qui, malgré leur sympathie pour l’homme grisonnant, n’accepteraient certainement pas une nouvelle débâcle de leur équipe nationale. Mais Olsen a déjà assuré ses arrières, sa prolongation de contrat lui offre au pire un licenciement avec un joli pactole à la clé. Deux conclusions s’offrent donc au sélectionneur : soit il nous refait le coup de 1992, contre toute attente, et devient enfin un homme reconnu au niveau international. Soit il sort encore prématurément de la compétition, traversant le championnat d’Europe comme une âme en peine. Mais toujours avec le regard tourné vers 2014.
Par Romain Poujaud