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Olivier Thual : « Je recherche la vérité »

Propos recueillis par Laurent Brun, à Montauban
Olivier Thual : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je recherche la vérité<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pour une fois qu’on a l’occasion d’échanger avec le corps arbitral français, on ne s’est pas privés ! Et c’est Olivier Thual, sympa, disponible et passionné, et qui a ouvert la porte du vestiaire, après la rencontre amicale entre Bordeaux et Toulouse. Un arbitre de Ligue 1 et international, qui aime le foot et parle avec franchise. Ben ça, ça fait du bien…

Olivier, pas trop dure cette période estivale de préparation ?Si, avec cette chaleur, c’est difficile pour tout le monde. Nous, les arbitres, on est en passe de finir la phase décisive de l’entraînement, mais pour l’instant, on est encore en plein dedans…
Les matches amicaux sont-ils faciles à arbitrer ?Disons que je préfère quand même arbitrer les matches de championnat dans lesquels l’engagement est bon, et où l’on sait ce que recherche chaque joueur. Là, c’est différent d’un joueur à l’autre…. Et on n’est pas toujours bien sûrs de pouvoir discerner celui qui veut s’engager à fond, de celui qui ne veut juste pas se blesser. C’est donc parfois compliqué.
C’est aussi pour cela qu’il y a dans l’ensemble moins de cartons distribués ?Personnellement, je suis plus à la recherche… même si je ne sais jamais la vérité, de savoir si le joueur l’a fait exprès ou non. J’essaie de gérer un match amical uniquement par rapport à ça. Après, ce n’est peut-être pas bien de dire ça, mais je ne cherche pas vraiment à savoir s’il y a faute ou pas, mais plutôt à gérer mon match en voyant les intentions de chaque joueur, et en leur faisant passer un message ; soit en effectuant un tri, pour que ça se joue le mieux possible. Mais ça reste compliqué à arbitrer.
Dans ce match entre deux Ligue 1, Bordeaux et Toulouse (2-1), tu siffles un penalty pour les Girondins, dès la 2e minute de jeu ; comment cela a-t-il été perçu ?Alors sur le penalty, c’est une faute comme on en voit plusieurs, sauf qu’elle est dans la surface de réparation. Donc, je n’ai pas du tout hésité. D’ailleurs, elle a été acceptée. La seule négociation des joueurs, c’était de savoir si elle était en dehors ou pas. De là où je suis, bien aligné, il n’y a pas eu de doute pour moi. Alors voilà, le message a été accepté.
Et quand on est un arbitre du Sud-Ouest, et d’une ligue différente de celle de l’une des deux équipes, n’est-ce pas encore plus difficile d’officier ?Non, pas du tout…
Sans remettre ton intégrité, ni ton honnêteté en question, la notion d’éthique pourrait-elle, elle, être mise par certains ?Alors, en fait : non. Déjà, je peux arbitrer Toulouse, parce que ce n’est pas la même Ligue que la mienne. Concernant les Girondins, que je ne connais que par l’intermédiaire des matches amicaux, à vrai dire, ça ne me dérangerait pas du tout… mais pas à Bordeaux. Ça c’est personnel.
Dans l’idée, pourquoi pas ?Parce qu’il y a tellement de gens dans le stade que je connaitrais, qu’après le match, je serais obligé d’éviter des situations qui ne m’intéressent pas !
Dans ces cas de figure, de temps en temps, les joueurs n’essaient-ils pas de prendre l’ascendant psychologique ?Non, non, je n’ai jamais eu de remarques par rapport au fait que je sois de Bordeaux ou pas. Je pense que ce n’est pas du tout dans leurs intentions, car ils changent tellement souvent de clubs, qu’ils ne portent pas du tout leur attention sur ça… Savoir d’où l’on vient ne les effleure pas forcément. Puis s’ils le faisaient, il faut savoir que je suis breton : donc, je ne pourrais pas arbitrer Brest, Rennes, Guingamp, voire Nantes ! Et j’ai habité Paris, puis Bordeaux maintenant ! Alors, il ne me resterait pas grand-chose à faire… (Rires)
En termes de consignes d’arbitrage, avez-vous déjà reçu des recommandations ?Après les stages et tests physiques, on aura un peu de temps pour faire les mises au point, sur les choses sur lesquelles on portera une grande attention. Mais je pense que contrairement aux années précédentes, on aura moins de choses à traiter, comme les tirages de maillot, les coups de coude, etc. Je crois qu’on a fait le tour des éléments qui pourrissaient un peu le jeu. On va s’attacher à garder une bonne ligne de conduite sur tout ça.
Le fait que des joueurs comme Ibrahimovic ou Lavezzi, par exemple, rejoignent la Ligue 1, est accueilli comment par votre corporation ?C’est excitant parce que ça va attirer du monde, focaliser des attentions particulières… Après, moi j’ai vécu la saison dernière des matches avec Pastore… Et, dans chaque championnat, il y a des cultures de jeu, mais aussi des cultures d’arbitre. J’ai senti de suite que Pastore jouait beaucoup avec ses bras en l’air… mais c’est quelqu’un avec qui on peut facilement communiquer, et il a vite compris mon message. Donc, ça s’est bien passé. Si au contraire les joueurs ont du mal à recevoir notre message, il peut y avoir des conflits entre eux et nous, ou des cartons qui peuvent paraître bêtes… Mais il faut qu’on s’adapte à eux, et eux à nous.
Est-ce que certains joueurs de Ligue 1 t’ont marqué ou même impressionné ?Il y en a plusieurs : en répondant à cela, je vais donner un sentiment personnel sur quelque chose que j’aime, et qui n’est peut-être pas vrai chez les autres arbitres, mais qui ne m’empêche pas d’avoir parfois des échanges durs avec eux (les joueurs, ndlr). Il y a des joueurs que j’aime beaucoup, comme Mavuba, par rapport à l’influence qu’il a sur ses partenaires ; ce qui ne m’empêche pas de m’accrocher avec lui sur le terrain… ce qui est arrivé il n’y a pas longtemps ! J’aime bien Landreau, aussi, dans le même style, et pour les mêmes raisons. J’ai beaucoup aimé Makélélé lorsqu’il est revenu, au début, à Paris ; j’ai été impressionné par ce poids qu’ils ont sur leurs partenaires. Je trouve ça extraordinaire.
Depuis quelque temps, on brocarde un peu l’arbitrage français, estimé sous-représenté au niveau international. Peux-tu nous dire pourquoi on en est rendus là ?Il y a eu une période durant laquelle il n’y a pas eu d’arbitres à l’Euro ; en 2008. Mais cela a été vite comblé, puisque Stéphane Lannoy est allé à la Coupe du Monde en 2010, en Afrique du Sud. Il y a fait un parcours convenable. Il a continué cette année avec l’Euro, où il a fait une demi-finale, ce qui n’est pas si différent d’une finale, quelque part. Je pense juste qu’il y a des choses que l’arbitre ne maîtrise pas…
Lesquelles ?Les décisions politiques, par exemple. On se plaint d’un arbitrage français pas représenté, mais actuellement, ça revient bien. Après, il faut savoir qu’à l’Euro, il n’y a que cinq Européens, et qu’il en faut aussi un peu pour tout le monde… Donc, il ne faut pas non plus se focaliser sur ces choses-là.
Pourquoi n’y-a-t-il pas d’autres Français appelés, avec Monsieur Lannoy ?Il y en a d’autres, quand même… En Ligue des Champions, Tony Chapron a fait des matches, Anthony Gautier aussi. D’autres vont peut-être arriver, là… Mais pour des matches comme ça, en fait, il faut faire partie de la « Top Class » ; soit parmi les 18 meilleurs arbitres européens. Si dedans vous mettez deux ou trois Français, euh… les autres pays, ils vont avoir quoi ? Alors, il peut y avoir deux arbitres dans le « Top Class » , mais aujourd’hui, il n’y en a qu’un. On en a eu deux pendant longtemps. Mais il faut savoir que Laurent Duhamel y était jusqu’à présent.
C’est donc là, l’aspect politique de la chose ?A la Coupe du Monde, il y a des arbitres qui viennent de tous les pays, et de tous les continents. C’est peut-être un peu prétentieux ce que je vais dire, mais si l’on ne prenait que les meilleurs du monde, ils viendraient des grands championnats. Donc, on aurait : des Italiens, des Espagnols, des Français, des Allemands et des Anglais. Mais ça, c’est pas possible ! Il faut quand même prendre en compte tout ça. Mais je ne critique pas du tout le système. Au contraire, je trouve que c’est ce qu’il faut faire. Et quand deux pays européens se rencontrent, c’est mieux d’avoir des arbitres d’autres continents.
Et pour toi, au niveau international, qu’en est-t-il ?Je côtoie la Ligue des Champions, en tant que quatrième ou arbitre additionnel, c’est-à-dire derrière le but. Là, j’ai repris ma saison au niveau européen la semaine dernière, avec les préliminaires. Et peut-être que j’aurai la chance de monter en catégorie, au mois de décembre prochain. Mais un arbitre, c’est un sportif, et un éternel insatisfait ! Je sais que la place que j’ai aujourd’hui, il y en a plein qui la voudraient. Quand j’ai commencé, je rêvais de faire ça ; maintenant, je veux encore un peu plus ! (Rires)
La fonction d’arbitre derrière le but, c’est bien ou pas ?Alors, on n’a pas vraiment le droit de communiquer là-dessus, mais j’ai un point de vue personnel : au début, je n’y croyais pas trop. Mais en tant qu’arbitre central, et en additionnel en C1, je me rends compte que c’est un soutien énorme pour l’arbitre central. Ça confirme beaucoup de décisions, même si les gens ne s’en rendent pas compte et pensent que ça ne sert à rien ! Mais tout se fait par la parole, plus que par la gestuelle. Cela évite la contradiction.
Bon, et la vidéo, alors… Pour ou contre ?Je suis pour, mais uniquement pour voir si le ballon entre entièrement dans le but. Pour le reste, non…

Dans cet article :
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Propos recueillis par Laurent Brun, à Montauban

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