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- Chelsea-Tottenham (2-1)
Olivier Giroud, un roman de rescapé et d’épée
Traversant la pire saison de sa carrière anglaise, Olivier Giroud a entrevu le bout du tunnel, ce samedi face à Tottenham, avec une titularisation et l’ouverture du score en faveur des siens. À quatre mois de l'Euro.
Quinzième minute à Stamford Bridge : le ouf de soulagement est sincère. La VAR avait déjà brisé l’enthousiasme du bonhomme cinq jours plus tôt à Old Trafford lorsque sa belle tête plongeante gagnante, pour fêter sa sortie du placard, avait été invalidée pour moins qu’un rien du tout. Alors ce samedi, quand le démon à trois lettres a refait son apparition au tableau d’affichage de l’enceinte londonienne après l’ouverture du score de l’attaquant, ça ressemblait à une mauvaise blague. Mais le foot n’est pas que cruel, et la vidéo ne s’est cette fois pas muée en briseuse de cœur : 22 février 2020, Olivier Giroud a bel et bien marqué un but en Premier League. Et peut-être lancé sa saison.
Plus de neuf mois de disette
À l’image de ce pion rapidement inscrit après le coup du sort de Manchester, de sa capacité à rester dans le vrai malgré sa situation très pénible ou de sa demi-volée victorieuse faisant directement suite à un premier échec face à la cage, l’acharnement de l’ancien Gunner est louable. Il lui aura fallu attendre la blessure de Tammy Abraham (de retour dans le groupe, mais laissé au repos face aux Spurs), les performances molles de Michy Batshuayi (pas sur la feuille de match ce week-end), un gros taf à l’entraînement pour retrouver la confiance de Frank Lampard et avoir l’occasion de repointer les doigts vers le ciel après avoir inscrit son patronyme à la table de marque.
Retrouver trace de la dernière réalisation du natif de Chambéry en Premier League nécessite presque de fouiller dans les archives, puisqu’elle date de la saison dernière, avec une déviation de l’extérieur en renard, sur un déboulé de Callum Hudson-Odoi face à Brighton en avril dernier (3-0). Depuis, seul un but en Supercoupe d’Europe contre Liverpool en août lui avait permis de briller. Il faut dire que du côté du temps de jeu, la situation est également critique : il s’agissait aujourd’hui de sa troisième titularisation, la dernière ayant eu lieu 84 jours plus tôt, le 30 novembre face à West Ham. Entre-temps, il y a eu deux mois de trou noir pour le Français, totalement invisible aux yeux de Frank Lampard et écarté de l’effectif les jours de match, puis ce retour à la surface, que personne ne regrettera au vu de la mobilisation et de l’investissement intacts de l’attaquant.
Merci Hugo, coucou Didier
Le buteur a eu la courtoisie d’attendre que son compatriote Hugo Lloris revienne de sa longue convalescence pour boucler la boucle face à lui, même si le portier champion du monde ne lui a pas rendu la tâche facile en repoussant sa première tentative sur cette action au quart d’heure de jeu. Au-delà de cette reprise vicieuse qui lui a permis de retrouver le sourire, l’Olive a fait ce qu’il savait faire et rappelé qu’il était plus qu’un salaire encombrant au sein de l’effectif londonien, comme il avait su le faire en une vingtaine de minutes contre United. Via sa présence dans les 16 mètres, son jeu de corps et son travail en remise – avec les bons Ross Barkley et Mason Mount pour le soutenir – il a permis aux siens de bien entrer dans la partie et, en plus de leur ouvrir la voie, il a été à l’origine de l’action du deuxième caramel, signé Marcos Alonso en tout début de deuxième.
14 – Olivier Giroud ?? est impliqué dans 14 buts lors de ses 14 dernières titularisations avec Chelsea toutes compétitions confondues (10 buts, 4 passes décisives). Mental.#CHETOT pic.twitter.com/bNkAPVgXT6
— OptaJean (@OptaJean) February 22, 2020
Giroud n’a pas tout bien fait, loin de là, mais il est apparu en confiance (quatre tentatives lors du premier acte), à l’image d’une frappe ambitieuse à la demi-heure de jeu. Et il est loin d’être un joueur à la dérive, fracassé par sa mise au placard ou son départ raté de cet hiver. Force de caractère, performant rapidement quand on fait appel à lui, même avec un temps de jeu ridicule : voilà de quoi donner de la matière à Didier Deschamps alors que le prochain rassemblement des Bleus a lieu fin mars. Et dire qu’on l’avait annoncé à Tottenham dans les dernières heures du mercato…
Par Jérémie Baron