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Olivier Giroud, première roue du carrosse
Dans les limbes en janvier, utilisé comme bouche-trou jusqu'à peu, Olivier Giroud est bel et bien de retour dans la peau d'un titulaire imposant à Chelsea. Tout ça pour quoi ? Pour que Timo Werner lui vole sa place dès août, assurent les sceptiques. Ce serait oublier que l'ancien attaquant de Leipzig a justement besoin d'un deuxième gaillard en attaque pour donner sa pleine mesure. Une place pour laquelle Giroud est en train d'avancer ses pions, si ce n'est de devenir une évidence, au détriment de son jeune rival Tammy Abraham.
Comme une vague qui revient inexorablement lécher le rivage, Olivier Giroud est de retour. C’est une confirmation : ce Giroud est un phénomène naturel, une évidence, une force qui s’impose d’elle-même. Et pourtant, même ses fans de la première heure avaient été envahis par le doute il y a quelques mois. Honteusement snobé par Frank Lampard entre septembre et janvier derniers, le champion du monde n’apparaissait même plus sur les feuilles de match de Chelsea. Pendant cette période, le natif de Chambéry n’avait goûté que deux fois à la caresse du gazon. Autant dire une éternité pour un vieux briscard de 33 ans qui devait commencer à être sacrément rouillé.
Et le 17 février, alors que l’Olive est appelé à jouer les roues de secours à la suite d’une blessure de Tammy Abraham, tout le monde se dit qu’il va falloir de longs mois pour relancer la machine. Une dizaine de matchs plus tard, pourtant, Giroud ne se contente pas d’être suffisamment affûté pour jouer les supersubs de qualité. En faisant tout mieux que ses concurrents depuis son retour en grâce (six buts en onze matchs), en prouvant sa capacité à se farcir plus de 80 minutes d’affilée sans rechigner, Giroud est non seulement redevenu titulaire à la pointe de l’attaque des Blues. Mais il commence aussi à instiller une idée bien plus tenace : le sentiment qu’il peut conserver sa place malgré l’arrivée d’un certain Timo Werner.
Éternel retour au sommet
Mardi soir, contre Norwich (1-0), Giroud a encore fait ce qu’on attendait de lui. Il a marqué. Contre une défense qui donnait beaucoup de fil à retordre aux Blues, c’est encore lui qui a débloqué la situation. Dans une physionomie où seuls les exploits individuels apparaissaient à même de faire la différence, Giroud a accompli le sien, à sa façon : en se débarrassant de son défenseur avec puissance et roublardise, puis en trompant Tim Krul de la tête juste avant la mi-temps. Du travail bien fait, comme souvent. Et le boulot est d’autant plus remarquable que Chelsea tire un peu la langue depuis quelques matchs, et semble tributaire de la capacité de son striker à le sortir de l’ornière.
Outre ce pion dans une rencontre peu emballante, Giroud a continué de montrer par intermittence ce qu’il fait si bien depuis son retour en force : toujours à la réception des centres, infatigable fardeau pour l’arrière-garde adverse, inépuisable cadeau pour gâter ses partenaires de remises, tout en vendangeant quelques belles situations avant de régler la mire. Comme d’habitude. Le coup est d’autant plus savoureux que son rival Tammy Abraham est en souffrance depuis la reprise. Lampard n’a d’ailleurs pas manqué d’égratigner les titulaires de la débâcle à Sheffield United (0-3), quelques jours auparavant, et Abraham était de ceux-là. À voir les deux hommes sur la pelouse, le jeune loup et le vieux cygne ne sont pas du tout ceux que l’on croit être. Le premier apparaît usé, fatigué, vexé d’avoir été relégué dans la hiérarchie, tandis que le second, sémillant, bouillant de vie, a déjà prouvé à Lamps qu’il pouvait compter sur lui à n’importe quel moment. À l’aube de la saison prochaine, le rapport de force est clair et ce n’est pas sur Giroud qu’il faudra compter pour que la situation s’inverse. Son prochain gros client se nomme Timo Werner, à Chelsea depuis le 1er juillet. Et, le comble, c’est que ce concurrent n’en est pas vraiment un.
Olive et Timo
Werner, en effet, n’est pas le genre d’attaquant qui aime se sentir libre comme l’air à la pointe de l’attaque. Aller charbonner au contact rugueux des deux ou trois costauds de derrière, très peu pour l’ex-goleador de Leipzig. Afin d’exprimer sa quintessence et de faire ses petites affaires sans être embêté, l’international allemand a cruellement besoin d’un attaquant d’appui enclin à faire le sale boulot pour lui. Comme Youssouf Poulsen à Leipzig. Comme Olivier Giroud à Chelsea, par exemple. À l’heure où le 4-3-3 de Lampard semble s’essouffler, et alors que les Blues ont misé très gros sur un attaquant convoité par l’Europe entière, Lampard pourrait bien être tenté d’ajuster son système pour y placer un deuxième attaquant afin de cocooner Werner dès son arrivée. Et Giroud, comme il le fait très bien avec Antoine Griezmann en équipe de France, s’y plierait de très bonne grâce. Dans ce rôle ingrat, si vital pour les desseins de Werner, peu de bonhommes font mieux leur boulot que Giroud en Europe. Tammy Abraham, en tout cas, en est encore très loin, et c’est bien cela qui importe.
Par Douglas de Graaf