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Olivier Giroud, la course à l’histoire
Revenu chez les Bleus pour la première fois depuis l'Euro, Olivier Giroud a su profiter de la parenthèse internationale pour inscrire deux nouveaux buts et construire de nouveaux arguments pour les défenseurs de sa cause. Mais en juin, qu'en fera Didier Deschamps ?
Il y a eu d’un côté un Kylian Mbappé déchaîné, qui a enchaîné les crochets, les courses et les coups de griffes (12 tirs tentés et une implication sur les 5 buts, entre autres) avec ses jambes de feu, si bien qu’il en a fait tomber les bras d’Hugo Broos, le sélectionneur de l’Afrique du Sud. Passé en conférence de presse après la claque reçue par les siens (5-0) mardi soir, le loup d’Humbeek a ainsi formulé la chose : « Tu ne peux pas l’arrêter… Quand tu as un tel joueur dans ton équipe, tu joues à douze. Quand, en plus, c’est cette équipe de France… On verra où il jouera la saison prochaine, mais l’équipe qui l’aura possèdera alors une très bonne arme. » Puis il y a eu de l’autre côté un autre homme, d’un autre style, dont l’histoire est connue et reconnue. Une fois encore, Olivier Giroud avait été envoyé sur le palier. Une fois encore, l’attaquant de 35 ans, qui a profité du forfait de Karim Benzema pour revenir gober des minutes à l’avant d’un bateau français avec lequel il ne pensait plus prendre la mer, a défoncé la porte.
Titulaire face à la Côte d’Ivoire vendredi dernier, le buteur du Milan était déjà allé planter, mais avait également étalé tout ce qu’il pouvait encore apporter aux Bleus dans le petit jeu entre les lignes ou sur les sorties de balle, quel que soit le schéma dessiné par Didier Deschamps. Mardi soir, Giroud, cette fois aligné aux côtés d’un Mbappé avec qui rien n’avait été simple lors du dernier Euro, a évidemment recommencé et est notamment venu conclure un superbe mouvement collectif à la 35e minute de jeu avant de tomber dans les bras de son pote Antoine Griezmann. Mieux : ce voyage à Lille a permis de mesurer de nouveau la cote de popularité du natif de Chambéry, dont le nom a, par exemple, été scandé dans la foulée d’une reprise envoyée au-dessus à la suite d’un poteau touché par Lucas Digne en seconde période. Et voilà ce qu’en a dit Didier Deschamps : « J’ai eu une discussion avec lui, comme avec beaucoup d’autres joueurs, sur le présent et sur l’avenir. Il est revenu et a confirmé que quand il est là, il a toujours cette capacité à marquer. C’est très bien pour lui, pour le groupe, et on verra maintenant au mois de juin. C’est un attaquant d’appui, bon dans le jeu aérien, que l’on peut trouver sur les centres, qui a le sens du but, et même quand il n’a pas eu à marquer, il a participé au jeu. Au fond, je ne lui demande pas de choses différentes par rapport à ce qu’il fait en club. » Au détail près qu’avec les Bleus, Olivier Giroud, qui aurait dû finir la soirée avec au minimum un doublé, a un autre objectif en tête.
« C’est sûr, je fais moins rêver que Kylian… »
Un objectif qui n’a jamais été aussi proche : le record de buts inscrits sous le maillot de l’équipe de France. Giroud n’est désormais plus qu’à trois sauts de la marque historique de Thierry Henry et l’attaquant tricolore en est à 14 buts inscrits sur ses 18 dernières titularisations chez les Bleus. « Olivier a un historique, ce n’est pas n’importe qui », rappelait Hugo Lloris dans la nuit marseillaise en fin de semaine dernière. Écarté des listes après l’Euro, le numéro 9 va évidemment être de toutes les prochaines discussions avec le sélectionneur national. Reviendra-t-il en juin lorsque Karim Benzema ne sera plus blessé ? Vendredi, Deschamps se contentait de sourire : « Je ne suis pas là pour relancer les débats, vous le faites très bien à ma place. » Il y a plusieurs mois, dans un entretien donné à So Foot, Olivier Giroud himself sortait aussi les dents : « J’ai compris depuis longtemps que je ne ferai jamais l’unanimité. Le plus important est de montrer de la détermination, de la pugnacité, de l’envie sur le terrain… Ça peut paraître bateau, mais je ne peux pas acheter l’adhésion du public. C’est sûr que je fais moins rêver que Kylian : je ne vais pas prendre le ballon et faire une accélération comme il l’a fait contre l’Argentine au Mondial. Avec mon gabarit, je ne peux pas faire de ce que fait Neymar, je ne suis pas non plus une machine comme Ronaldo… Je ne fais pas le spectacle, mais je fais du Giroud. »
Mais l’attaquant peut-il accepter de ne plus être un titulaire indiscutable ? Dans une interview accordée récemment à L’Équipe, lui répondait par l’affirmative, prêt à enfiler un masque de héros pouvant sortir du banc pour décoller plus haut que les autres ou pour s’arracher sur un carré pour faire un feu. Lors de ce rassemblement de mars, Olivier Giroud a surtout eu l’explication qu’il attendait depuis l’été avec un Didier Deschamps qui n’acceptera pas de partir au Qatar avec un orage potentiel dans son groupe. Le profil différent de Giroud, qui a déjà dû manger des miettes lors de certaines périodes en club, joue pourtant évidemment pour lui là où, dans les prochains mois, un match pourrait davantage avoir lieu entre Christopher Nkunku et Wissam Ben Yedder. L’histoire se rappelle que c’est dans un rôle de joker que l’ancien attaquant de Chelsea avait terminé la Ligue Europa 2018-2019 avec le statut de meilleur buteur de la compétition. Histoire toujours, alors que le train bleu s’apprêtait à repartir de Lille, Kylian Mbappé a évidemment passé une tête face caméra. Pour placer un mot pour Giroud ? Non, plutôt pour rappeler qu’avec 26 buts marqués en 54 sélections, dont 9 claqués lors de ses 5 dernières apparitions internationales, le vrai futur recordman, ce sera certainement lui : « J’ai toujours voulu être le premier partout, en équipe de France comme en club. Bien sûr que le record est un objectif. Je pense que je peux y arriver et plus vite qu’on ne le croit. Maintenant, je sais qu’il y a encore un long chemin parce que ce qu’a fait « Titi », personne ne l’a fait. » Peut-être qu’à la fin du mois de juin, quelqu’un l’aura fait. Affaire à suivre.
Par Maxime Brigand