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Olivier Giroud et Walid Regragui, l’éphémère cohabitation grenobloise
Mercredi soir (20h), Olivier Giroud sera à la pointe de l’attaque française, tandis que Walid Regragui sera installé sur le banc marocain. Adversaires en demi-finales de la Coupe du monde, les deux hommes ont été coéquipiers à Grenoble pendant quelques semaines, à l’été 2008.
Ils ont tous les deux profité du Mondial pour entrer dans l’histoire. L’un est devenu le recordman du nombre de buts inscrits en équipe de France (53). L’autre, en tant que sélectionneur, a fait du Maroc le premier pays africain à atteindre les demi-finales d’une Coupe du monde. Olivier Giroud et Walid Regragui sont donc au sommet avant de se croiser, ce mercredi à Al-Khor. Ils ont parcouru beaucoup de chemin, en tout cas, depuis leur première rencontre. Celle-ci remonte à l’été 2008. À l’époque, l’actuel buteur des Bleus est un joueur de 21 ans, tandis que le patron des Lions de l’Atlas, de onze ans son aîné, est un latéral en fin de carrière. Les deux ne se côtoient pas très longtemps, pendant deux ou trois semaines tout au plus, alors que le club isérois prépare activement son grand retour en Ligue 1. « On était partis en stage à Vittel, se souvient Nassim Akrour, l’emblématique avant-centre grenoblois. On s’était bien préparés, on avait un bon groupe, avec de nouvelles recrues et pas mal de jeunes formés au club. »
Bravo les Bleus ?? et notre @_OlivierGiroud_ encore buteur ! Bravo également au Maroc ?? et son sélectionneur @WalidRegraguiof , ancien du club ! Les 2 hommes, ici lors d’un entraînement avec le GF38, s’affronteront mercredi en 1/2. @vigny6 (Dauphiné Libéré) #CDM2022 pic.twitter.com/wr6Ey9OJED
— Grenoble Foot 38 (@GF38_Officiel) December 10, 2022
Giroud, un jeune en faim de temps de jeu
Giroud fait justement partie de cette bande de gamins désireux de faire leurs preuves. « Olivier, c’était le mec du cru, le pur Grenoblois, expose le gardien Paul Cattier, qui a passé plusieurs années avec lui au centre de formation. Il avait un gros potentiel, mais on s’est toujours dit que ce qui lui manquait, c’était de sortir de ce cocon familial pour s’émanciper. » L’athlétique numéro 9 revient d’ailleurs d’un prêt concluant à Istres, en National, où il a inscrit quatorze buts en une saison. Insuffisant, cependant, pour espérer bénéficier d’un temps de jeu important au GF38, alors entraîné par Mécha Baždarević. « En 2007, déjà, Mécha ne voulait pas de lui, avance Akrour. C’est pour ça qu’Olivier était parti à Istres. Un an plus tard, il savait qu’il ne jouerait toujours pas. » S’il dément toujours fermement avoir poussé l’actuel Milanais vers la sortie, le technicien bosnien reconnaît que celui-ci était « un super mec, avec un potentiel intéressant, qui avait du caractère et savait ce qu’il voulait. Je lui ai dit qu’en restant et en travaillant bien, il aurait peut-être des opportunités. Mais comme il voulait absolument jouer beaucoup plus, il est parti. » Le jeune attaquant rejoint ainsi Tours, où il empile les pions pendant deux ans en Ligue 2, avant d’être recruté par Montpellier. « S’il était resté, je ne pense pas qu’il aurait eu ce parcours. Parce que c’est en étant sûr que l’entraîneur te veut que tu progresses », assure Akrour qui, du haut de ses 48 ans, continue d’arpenter les terrains avec le Chambéry Savoie Football, en National 3.
Regragui, un cadre au crépuscule de sa carrière
Dans les faits, Olivier Giroud et Walid Regragui ne disputent qu’un seul match ensemble : un amical face à Metz, à Raon-L’Étape (2-2), au cours duquel le futur international français trouve le chemin des filets. Et pendant que son jeune coéquipier préfère filer en Touraine pour engranger du temps de jeu, le latéral droit franco-marocain, arrivé un an plus tôt en provenance de Dijon, fait figure de taulier au sein du groupe isérois. « On avait déjà quelques leaders dans l’effectif, avec Greg Wimbée, Max Flachez ou Nassim Akrour, se souvient Mécha Baždarević. Walid s’est très vite imposé, il est devenu un grand frère pour tous les jeunes, il apportait toute son expérience. C’était un guerrier, qui ne lâchait jamais rien. » Rouage essentiel sur le terrain, l’ancien Toulousain se charge également d’animer le vestiaire. « C’était l’ambianceur, rigole Paul Cattier, qui garde désormais la cage du Marignane-Gignac-Côte Bleue FC, en National 2. Honnêtement, il était dans le top 3 des plus gros chambreurs du vestiaire. C’était un bon vivant, qui avait beaucoup de recul sur ce qu’on vivait. Il profitait à fond de tout ça. » Sitôt la saison 2008-2009 terminée, le natif de Corbeil-Essonnes quitte le monde professionnel, s’engage à l’US Fleury-Mérogis, puis embrasse une carrière d’entraîneur. Une reconversion qui n’a pas étonné Baždarević. « Comme joueur, c’était un garçon qui trouvait très rapidement des solutions, affirme le sexagénaire. Il avait des qualités pour vite et bien analyser les choses, sur et en dehors du terrain. Ça lui a permis de devenir un bon coach. En revanche, ce qui me surprend, c’est qu’il soit arrivé à avoir de tels résultats aussi rapidement. » Pour le coup, il est loin d’être le seul à avoir été surpris.
Par Raphaël Brosse
Tous propos recueillis par RB.