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Olivier Cablat : « Je me balade toujours avec un portrait de Bruno Germain »

Maxime Delcourt
Olivier Cablat : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je me balade toujours avec un portrait de Bruno Germain<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Olivier Cablat fait partie de ces artistes qui s’amusent à secouer les cloisons de l’art contemporain. Il y a quelques années, il publiait ainsi Études typologiques des effets de causalité observés sur des individus exposés à des épreuves physiques à caractère podologique. Un nom à rallonge pour un travail original et fouillé sur les physiques atypiques des sportifs. Un travail, essentiellement basé sur les cartes Panini, qu’il souhaite renouveler dans un avenir proche. En attendant, il nous parle de sa passion pour l’OM, de la coupe peroxydée d’Eloi et du physique de Messi.

Les cartes Panini, c’est la base du foot pour toi ?C’est la base de la culture du portrait, avec un soupçon de culture populaire et commerciale. Panini, c’est quand même les portraits les plus standardisés possibles, où le cadrage s’arrête en bas du ventre pour bien laisser voir les marques. Le foot est un peu secondaire là-dedans.

C’est quoi la base du foot dans ce cas ?Je m’étais préparé à l’interview, mais pas à une telle question (rires). Je dirais qu’il s’agit d’une réunion bestiale entre amis, quelque chose qui trouve son sens dans le contexte de la confrontation, avec un brin de testostérone, d’identités en tous genres et d’abandon de soi.

Parmi tes albums Panini, y a-t-il un joueur que tu rêvais d’avoir ?Je me balade toujours avec un portrait de Bruno Germain dans mon porte-monnaie, pas tellement pour son talent de footballeur, mais parce qu’il est le sosie de l’acteur Terrence Hill. Sinon, j’aimerais bien avoir un portrait de Yvon Chalana, un mix entre Yvon Leroux et Chalana, un joueur qui serait capable de tirer les penalties avec la tête.

Le mythe Panini n’est-il pas retombé aujourd’hui ?C’est clair qu’avec internet, ce n’est plus pareil, on a pris l’habitude d’obtenir les choses plus rapidement. Mais j’aurais beaucoup de mal à me prononcer, car j’ai toujours fait les choses à l’envers. Au début des années 90, quand les cartes Panini étaient vraiment à la mode, j’ai jeté un album complet de la Coupe du monde 1986 ; je serais prêt maintenant à payer 50 euros pour le retrouver. Mais aujourd’hui, on peut acheter les albums complets sur Internet. J’en ai d’ailleurs acheté quelques-uns pour faire une deuxième version, plus actuelle, de mon livre. Une nouvelle étude typologique à l’aide de trois albums allant de 2011 à 2013. Mais bon, faut quand même avouer qu’acheter les albums complets sur internet, c’est surtout utile pour les flemmards qui ne veulent plus aller faire la queue dans les papeteries.

Puisqu’on parle de physique, existe-il un profil-type dans le foot ?Je ne sais pas trop. À l’époque, on disait que les Espagnols étaient tous petits, moustachus et trapus. Mais je crois que ça n’a jamais été vrai et les Espagnols devaient aussi dire ça des Portugais. Le problème du foot, c’est le mimétisme. Peut-être que si demain, le meilleur joueur du monde a des longs bras et une petite tête, alors les futurs joueurs ressembleront à ça. Moi, quand j’étais petit, je jouais dans un petit club de Marseille et tous les n°11 de l’époque voulaient ressembler à Chris Waddle, bossus et nonchalants. Aujourd’hui, c’est pareil : Messi est plutôt mal foutu, on est donc mal barré s’il impose un nouveau modèle physique.

« Je préfère des gars comme Trifon Ivanov, Daniel Xuereb ou Wagneau Eloi »
Ton travail se focalise surtout sur des joueurs des années 2000. Quel était le meilleur joueur de cette décennie ?
J’aurai du mal à répondre à cette question parce que plus les joueurs sont imparfaits, plus ils m’intéressent. Les monstres physiques qui enfilent but sur but ne m’intéressent pas trop. Je préfère des gars comme Trifon Ivanov, Daniel Xuereb ou Wagneau Eloi, plutôt des joueurs du milieu des années 90.

Vairelles, qui était le coéquipier d’Eloi, n’était pas mal non plus…Oui, carrément. Mais je préfère Eloi. Je me demande même s’il n’était pas le premier joueur à s’afficher avec une coiffure peroxydée.

Au cours de ton étude, as-tu eu l’occasion de rencontrer quelques joueurs ?Non, pas du tout. Mais je caressais l’espoir que ça me fasse entrer dans le stade gratuitement (rires). J’avais aussi le rêve utopique qu’un footballeur s’intéresse à mon travail et qu’il devienne mon mécène.

Si tu ne devais choisir que cinq joueurs aujourd’hui pour une étude typologique, ce serait lesquels ?Je ne sais pas du tout. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’on peut imaginer grâce aux études typologiques. Dans mon livre, j’ai donc essayé d’avoir une approche fantasque du foot, de créer des typologies de toute sorte, des sentiments, de la psychologie ou de l’introversion. Mon travail, c’est d’imaginer ce qui n’est pas visible, d’avoir une approche décalée et de ne pas prendre les choses au sérieux.

Pour toi, le foot perd de son intérêt dès lors qu’on l’intellectualise ?Non, ce n’est pas ça. C’est juste que ce n’est pas bon de prendre les choses trop au sérieux. Si tu n’arrives pas à rigoler de ton équipe, à la prendre au second degré, alors tu vas déprimer car elle ne pourra pas être tout le temps au top. Et là, tu t’en sors pas. Quand j’étais enfant, mon humeur était calquée aux résultats de l’OM, mais ça a bien changé. Par exemple, quand Djibril Cissé jouait à l’OM, ça me faisait hurler de rire de le voir parfois rater un dribble. Du coup, on passait une soirée plutôt agréable, même en cas de match pourri. D’ailleurs, le Vélodrome est un stade où on rigole beaucoup.

L’OM du début des années 90 a dû t’avoir marqué ?En fait, j’ai arrêté de m’intéresser au foot en 1992, je n’y suis revenu que plus tard. Je suis donc passé complètement à côté de l’euphorie liée à la victoire en Ligue des champions. Par contre, en 1990 et 1991, j’étais complètement à fond, oui.

Pourquoi as-tu cessé de t’intéresser au foot ?Peut-être que je pressentais ce qui allait se passer. Et puis le but de la main de Vata, ça a été un vrai traumatisme (rires). Le pire, c’est que lorsque je m’y suis réintéressé quelques années plus tard, j’ai connu à peu près la même chose. En 2004, alors que je suis parti en Égypte pour y travailler, sans télé ni internet, l’équipe va en finale de la Coupe de l’UEFA. Je n’ai même jamais vu un seul match de Drogba à Marseille.

L’idée du culte ne te dérange pas ?Non, pas du tout. En Égypte, j’ai vu des gens tourner autour d’une statue de scarabée pendant toute une journée, alors…

« Marseille, c’est un peu un encéphalogramme fou »
Aujourd’hui, le club est plutôt sur une mauvaise pente. Tu vois comment l’avenir de l’OM dans les prochaines semaines ?Marseille, c’est un peu un encéphalogramme fou. Mais je pense qu’ils peuvent remonter, même si je suis parfois trop optimiste. La preuve, je dois être le seul à aimer voir jouer l’équipe de France en ce moment (rires). Et puis j’aime le côté cause perdue.

Ce serait donc miraculeux si l’OM terminait dans le top 3 ?Non, c’est juste une mauvaise série. Soit il plonge, soit il se relève. Mais niveau point, on est pas mal pour le moment. L’effectif est là, en plus. Le problème, c’est que j’avais plus confiance en Deschamps pour manger le cerveau des joueurs dans ce genre de situation. Là, il n’est plus là…

N’est-ce pas frustrant de voir les rivaux de l’OM, Monaco et Paris, sur le point de s’imposer sur la scène européenne ?Non, parce qu’à l’époque, l’OM, Bordeaux, Saint-Étienne ou Reims ont également réussi leurs belles performances grâce à l’argent. C’est la même logique. En plus, je me dit que si l’OM finit troisième, il y a peut-être moyen pour qu’on retrouve une caisse noire sur Monaco et Paris. Du coup, ils seront rétrogradés et Marseille sera champion (rires).

Tu as fais tes études d’arts plastiques à Montpellier. Le titre obtenu il y a deux ans, ça t’a fait quelque chose ?Non, parce que quand tu viens de Marseille, l’identité de la ville est bien trop forte. Si tu es né à Marseille, tu restes attaché à l’identité de ta ville à vie, même si tu vis à Miami ou à Pékin. J’ai donc suivi le titre de Montpellier, mais sans émotion particulière.

Les pratiques sportives ont tendance à être de plus en plus présentes dans l’art contemporain. Comment définirais-tu la place du football dans ce secteur ?Je trouve que le football reste encore assez marginal. Il faut dire qu’il occupe tellement de place médiatiquement. L’art, lui, a plutôt tendance à s’intéresser aux éléments secondaires avec la prétention de les réinventer. Il y a tout de même quelques œuvres qui surnagent, mais ça reste tendancieux, tabou. C’est à l’image de la place du foot dans la culture en général, on ne peut pas avouer aimer le foot à 100%.

Il y a bien des œuvres intéressantes dans le lot…Oui, j’aime bien l’idée de la sculpture d’Adel Abdessemed, mais les proportions ne sont pas très justes. Si on prend le film de Gordon et Parreno sur Zidane : le principe est super, mais Zidane n’a malheureusement pas fait le match de sa vie. C’est dommage. Mais bon, pour ma part, j’aime le foot en tant que tel et j’aime la matière qu’il représente.

Tu nous parlais tout à l’heure d’une deuxième version de ton livre. Pour quand est-elle prévue ?Je ne sais pas encore. Là, j’ai commandé les albums Panini qui serviront de base au projet, le reste suivra. J’ai mis six ans à réaliser la première version. Mais là, ça devrait aller plus vite. Aussi, il y a pas mal d’éditeurs intéressés, mais il manque à trouver des mécènes, peut-être un footballeur qui ne sait pas quoi faire de ses 25% au-dessus du million. J’aimerais sortir cette édition le plus tôt possible. Disons en 2015, un an après la Coupe du monde, histoire de faire encore les choses à l’envers.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Maxime Delcourt

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