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Oliver Neuville : « Même si on a tout perdu en 2002, c’est ma meilleure saison »

Propos recueillis par Gabriel Joly
Oliver Neuville : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Même si on a tout perdu en 2002, c&rsquo;est ma meilleure saison<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En 2002, le Bayer Leverkusen lutte pour le titre en Bundesliga, mais se fait coiffer au poteau lors de la dernière journée par le Borussia Dortmund. En 2002, le Bayer échoue en finale de Coupe d'Allemagne face à Schalke 04. En 2002, le club se hisse en finale de la Ligue des champions, mais tombe face au grand Real Madrid. Cette lose terrible vaudra au club les surnoms de Neverkusen ou VizeKusen, moquant sa deuxième place sur tous les tableaux. Désormais adjoint au Borussia Mönchengladbach où il traduit notamment les consignes en français à Alassane Pléa et Marcus Thuram, l'ex-buteur allemand Oliver Neuville revient sur cette maudite fin de saison, vingt ans après et avec une certaine tendresse. Entretien avec un homme qui a tout perdu, en 2002, même une finale de Coupe du monde face au Brésil.

Vingt ans après la finale contre votre Bayer Leverkusen, le Real Madrid a remporté il y a quelques semaines une nouvelle Ligue des champions. Vous y avez pensé devant le match ?Non pas du tout ! Ce n’est pas la première fois que le Real Madrid est en finale depuis. Ce club est incroyable, mais nous, on aurait mérité de les battre. J’ai revu le match l’année dernière, car il était repassé à la télé allemande. On était supérieurs. On avait passé toute la deuxième mi-temps dans leur camp. C’est d’autant plus rageant d’avoir perdu.

Comme Liverpool cette année finalement…Oui, c’est vrai ! Liverpool a beaucoup pressé, mais ils sont tombés sur un grand gardien. Courtois a arrêté des ballons exceptionnels ! Vingt ans en arrière, c’était la même chose. César s’était blessé pendant le match, et le jeune Casillas était entré. On avait eu un paquet d’occasions, mais il était dessus à chaque fois.

L’année 2002 est maudite pour vous. Lorsque vous affrontez le Real Madrid, vous venez de perdre le titre de Bundesliga à la dernière journée et la finale de Coupe d’Allemagne contre Schalke quatre jours plus tôt. Avant la rencontre, vous aviez une pression supplémentaire à l’idée de vraiment tout perdre ?Non, je ne crois pas. En fait, pour Leverkusen, c’était déjà une saison extraordinaire. Au début de saison, personne n’aurait parié sur nous et d’ailleurs on ne méritait pas de perdre cette finale contre Madrid. Ils ont gagné parce qu’ils ont été plus efficaces. Pas parce qu’ils étaient meilleurs. Pas parce qu’on avait la pression, ça non.

Je dois bien le reconnaître : Zidane fait un geste technique extraordinaire. Mais honnêtement, j’ai parlé avec des entraîneurs de gardiens, et Butt doit l’arrêter ! Même si on n’en a pas reparlé avec Hans-Jörg, je crois qu’il le sait.

Votre coach, Klaus Toppmöller, a dit que vous auriez gagné avec Jens Nowotny titulaire. À quel point son absence, conjuguée à celle de Zé Roberto, a-t-elle porté préjudice ? C’est difficile à dire parce qu’on a été très bons sans eux. Nowotny nous avait vraiment manqué, mais c’est clair que Zé Roberto aurait pu faire la différence. Il avait fait une super saison sur son côté gauche. Avec sa suspension, j’ai repris son poste. J’avais commencé en pointe comme d’habitude, mais après une demi-heure, Toppmöller nous a permutés avec Thomas Brdarić. En face, Salgado était rapide, mais moi aussi, ça a donné un très bon duel.

Vous encaissez l’ouverture du score de Raúl sur une remise en touche dès la 8e minute. Qu’est-ce que vous vous dites à ce moment-là ? On était énervés parce que Toppmöller nous avait prévenus. On savait qu’il fallait faire gaffe à Roberto Carlos parce qu’il jouait toujours en profondeur pour Raúl, mais on encaisse quand même un but comme ça… On dormait sur l’action. Heureusement, Lúcio a vite égalisé. À 1-1, on savait qu’on pouvait le faire. On a bien réagi et même si on n’était pas favoris, on arrivait à les mettre en difficulté.

Jusqu’à ce but de Zidane…Je dois bien le reconnaître : Zidane fait un geste technique extraordinaire. Mais honnêtement, j’ai parlé avec des entraîneurs de gardiens, et Butt doit l’arrêter ! Je pense qu’il a été surpris par la volée, car ça passe juste à côté de sa main. Le but est évitable, comme le premier d’ailleurs. Il faut dire la vérité ! Même si on n’en a pas reparlé avec Hans-Jörg, je crois qu’il le sait. En revanche, on ne lui en voulait pas.

Quand César Sánchez se blesse en seconde mi-temps, vous êtes toujours menés. Il y a une forme de soulagement à l’idée de voir le gardien remplaçant entrer ?Ça ne changeait pas grand-chose. On était bien revenus en deuxième, on avait des occasions. Casillas, on ne le connaissait pas. Il avait 21 ans, il n’était pas connu. Quand il entre, il n’avait rien à perdre et il nous a tout sorti. Ce n’est pas pour rien qu’il est passé titulaire ensuite.

Pourtant deux ans plus tôt, il avait quand même gagné la C1 en tant que titulaire avec le Real. Vous ne le connaissiez vraiment pas du tout quand il entre ?(Il coupe.) Non, non. Je ne vous crois pas. Il a gagné la finale de Coupe d’Europe à 19 ans ? Vraiment ? Je dois dire la vérité, vous me l’apprenez ! Bon après, il fallait qu’on marque peu importe le gardien en face. Mais dans les vingt minutes où il a joué, il fait un super match.

En deuxième mi-temps, on les a surdominés. Je ne sais même pas si Butt a touché un ballon.

Finalement, vous perdez trois titres en moins d’un mois. Comment l’expliquez-vous ?C’est différent à chaque fois. La Bundesliga, c’est juste notre faute. On devait faire quatre points en trois matchs, dont deux à domicile. On n’en a fait que trois… À partir de là, on ne mérite pas d’être champions. En coupe, on n’a juste pas bien joué contre Schalke. Mais contre le Real Madrid, je n’ai pas l’impression qu’on ait eu peur de perdre. La preuve, on a fait notre match. En seconde mi-temps, on les a surdominés. Je ne sais même pas si Butt a touché un ballon.

Dans la continuité, vous perdez également la finale de la Coupe du monde avec l’Allemagne. C’est quoi la défaite qui fait le plus mal cette année-là ?Avec le Bayer, on est partis dès le début avec l’idée d’être champions, mais comme je vous le disais, on n’a pas mérité sur la fin. En revanche, personne ne nous voyait à ce niveau en Ligue des champions. Forcément quand tu joues en finale et que tu perds, tu es très déçu ! Les deux premiers jours ont été difficiles, mais après, on avait l’équipe nationale pour le Mondial. Bon finalement, on a aussi perdu avec l’Allemagne… Moi, en 2002, j’ai perdu quatre finales quand même ! (Rires.) Pareil pour Ballack, Ramelow, Schneider, Nowotny et Butt. C’est clair qu’une finale de C1 ou de Coupe du monde, ça n’arrive pas tous les jours, donc je dirais que ce sont ces deux-là qui font le plus mal.

En 2002, Ballack était le meilleur milieu de terrain du monde.

Même s’il ne se classe que cinquième d’un Ballon d’or 2002 glané par le Brésilien Ronaldo à cause de ces défaites, le joueur clé de Leverkusen et de la Mannschaft cette année-là, c’est Michael Ballack. Vous vous attendiez à ce qu’il soit aussi exceptionnel ? Il était arrivé à Leverkusen en 1999, la même année que moi, donc on savait déjà qu’il avait beaucoup de talent et d’ailleurs,, c’est vite devenu notre leader. Il prenait ses responsabilités, alors qu’il était encore jeune. Il était très important pour nous parce qu’il marquait beaucoup. Il maîtrisait aussi bien les deux pieds que le jeu de tête. En 2002, c’était le meilleur milieu de terrain du monde. En matière de niveau, c’est clair qu’il aurait dû être plus haut dans le classement du Ballon d’or. Mais Roberto Carlos qui termine deuxième par exemple, lui il prend la Ligue des champions et la Coupe du monde… Nous, si on avait gagné tout ça, je suis sûr qu’il aurait été premier. Après, Ronaldo marque les deux buts en finale du Mondial, il ne l’a pas volé. Nous, on avait tout perdu, mais je le répète, en matière de performances, Ballack n’était pas moins fort que Roberto Carlos ou Ronaldo.

Revenons à Leverkusen. Sur le plan collectif, vous faites pourtant une très bonne saison. C’était quoi la recette tactique de Klaus Toppmöller ?La vérité, c’est qu’on n’avait pas le temps de parler tactique. En 2002, il y avait encore plus de matchs en Ligue des champions. Les huitièmes étaient remplacés par une deuxième phase de poules. Moi, j’ai joué 65 matchs officiels cette saison. Et puis ce n’est pas comme aujourd’hui. Il n’y avait pas autant de profondeur de banc. À l’époque, tu avais maximum treize ou quatorze titulaires qui tournaient alors qu’on jouait tous les trois jours. C’était toujours la même équipe. La tactique, on en a fait pendant la prépa, mais entre août et mai, on n’a pas eu le temps. Il fallait surtout penser à régénérer nos forces pour le match suivant. Pendant la semaine, c’était récupération, récupération, récupération ! Mais notre bonne dynamique s’explique aussi par le mental. Quand tu gagnes les matchs, les jambes ne sont jamais fatiguées.

Selon vous, c’est ça qui peut expliquer que vous soyez entrés dans une spirale négative en toute fin de saison ?Si on avait eu plus de joueurs ou plus de temps pour se reposer entre les matchs, cela aurait sûrement aidé, mais jusqu’ici, cela ne nous avait pas empêché d’être bon.

Quelle relation avait Toppmöller avec son groupe ?Comme il avait lui-même été joueur, il savait comment on pensait. On était suffisamment proches pour qu’il nous explique les choses. Par exemple, il y a eu une période pendant laquelle il m’a mis sur le banc. Mais j’entrais et je mettais des buts importants. En demi-finales contre Manchester United, je suis remplaçant et j’égalise sur un de mes premiers ballons. Si Toppmöller ne me parle pas avant, j’aurais pu être fâché contre lui, et dans ce cas, pas sûr que je marque à Old Trafford. Quand l’entraîneur t’explique pourquoi tu n’es pas titulaire, ça marche mieux.

Ce qui a été dur, c’est qu’on n’a eu que deux semaines de vacances parce qu’il fallait vite rattaquer la saison suivante. C’est aussi pour ça qu’on a failli descendre l’année d’après.

C’est quoi le meilleur moment de votre saison ?Évidemment, il y a ces buts contre Manchester United, mais mon meilleur souvenir, c’était fin octobre à Istanbul pendant la première poule de C1. On venait de battre Fenerbahçe pour se qualifier en deuxième phase. Le soir, on était dans un super hôtel et on n’arrivait pas à dormir. On s’est retrouvés sur le balcon de notre chambre avec Schneider, Ramelow et Nowotny et on a parlé longtemps en regardant le Bosphore. On se disait déjà que c’était fou ce qu’on avait réussi. Leverkusen n’était jamais passé au tour suivant.

Hormis Zé Roberto et Ballack qui s’en vont, l’équipe a peu changé l’année suivante. Pourtant le Bayer s’effondre et a même failli tomber en deuxième division. Ce sont les conséquences d’un traumatisme selon vous ?Beaucoup de joueurs de Leverkusen étaient en finale de Coupe du monde. Il y avait les Allemands, mais aussi Lúcio qui l’a malgré tout gagné avec le Brésil. Ce qui a été dur, c’est qu’on n’a eu que deux semaines de vacances parce qu’il fallait vite rattaquer la saison suivante. Quand tu sors d’une saison à plus de 60 matchs, deux semaines, ça ne suffit pas. C’est aussi pour ça qu’on a failli descendre l’année d’après. On aurait eu besoin d’au moins un mois de pause.

Pour tout le monde en Allemagne, on reste VizeKusen. Mais je préfère voir le positif : pour perdre ces finales, il faut déjà les jouer.

Vous êtes toujours en contact avec vos anciens coéquipiers ?J’ai toujours des contacts avec Bernd Schneider, Jens Nowotny et Ulf Kirsten. On s’appelle tous les six mois. Et puis là, le club veut organiser quelque chose pour les vingt ans, donc on va sûrement se retrouver.

On a souvent collé une étiquette de loser à Michael Ballack, notamment après Leverkusen. Cette réputation vous a-t-elle aussi suivi ? Pour tout le monde en Allemagne, on reste VizeKusen. Mais je préfère voir le positif : pour perdre ces finales, il faut déjà les jouer. Faire tout ce qu’on a fait, ce n’est pas simple. Maintenant, quand je repense à ma carrière, même si on a tout perdu, c’est la meilleure saison que j’ai vécue.

Aujourd’hui, vous êtes adjoint à Gladbach. Est-ce qu’on relativise mieux la défaite après ce qu’il vous est arrivé en 2002 ?Non, je vous rassure, la défaite fait toujours mal.

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Propos recueillis par Gabriel Joly

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