- La pépite du week-end
- Espagne
- Atlético Madrid
Óliver, l’autre Torres de l’Atlético
Du côté de l’Atlético Madrid, l’idole s’est longtemps appelée Fernando Torres. Mais depuis son départ en Angleterre, les supporters n’avaient plus eu de chouchou local. Or, un nouveau Torres est entré hier par la grande porte. Il s’appelle Óliver, et porte déjà sur lui l'étiquette de futur grand du football espagnol.
S’appeler Torres et porter le maillot de l’Atlético Madrid, c’est un choix à assumer. Quoique, le petit Óliver Torres, 18 ans, 1m78 en extension et 70 kilos tout mouillé, n’a pas vraiment choisi : il a toujours été là. Et le gamin est du genre précoce, dans tous les sens du terme. Voilà plusieurs semaines que Diego Simeone lui offrait un peu de temps de jeu. 32 minutes par-ci, 21 par-là, toujours en fin de rencontre. Mais ce week-end, El Cholo a pris ses responsabilités, et a décidé d’offrir sa toute première titularisation en Liga au jeune prodige, qui s’appelle Óliver parce que son grand frère a insisté pour qu’il porte le même nom que le héros de Olive et Tom (Oliver y Benji en espagnol). Un prédestiné. L’arbitre siffle le coup d’envoi et, forcément, les yeux sont braqués sur cette pépite dont tout le monde, en Espagne, dit déjà le plus grand bien. Autant dire qu’il ne va pas mettre bien longtemps à se distinguer. On joue la première minute de jeu, et voilà que le natif de Navalmoral de la Mata fait déjà trembler les filets. Un petit plat du pied tout en sérénité, à la 13e seconde, qui fait chavirer de bonheur le stade Vicente Calderón, trop heureux de pouvoir, à nouveau, célébrer le but d’un Torres. Simeone le laissera sur la pelouse une heure, le temps pour lui de participer activement à la démonstration des Colchoneros et de prouver que, du haut de ses 18 ans, il a déjà l’allure et le comportement d’un patron. Rien que ça.
Petit, technique et pas blond
Si en France, Óliver Torres est surtout connu par les utilisateurs de Football Manager, en Espagne, sa réputation n’est plus à faire. Car le joueur porte déjà fièrement les couleurs de la Rojita, les jeunes de la sélection espagnole. Sept apparitions avec les U19 (avec lesquels il remporte l’Euro des moins de 19 ans en 2012), cinq avec les U20 et quatre avec les Espoirs, avec lesquels il a disputé en septembre et octobre les éliminatoires du prochain Euro U21. Ses prestations ont été excellentes, à tel point qu’il a rapidement été comparé à Xavi dans sa façon de se déplacer et de lire le jeu. Pas la pire des comparaisons. Avec l’Atlético, son parcours a de quoi faire rêver tous les gamins du coin. Après avoir été attiré tout gamin par les sirènes catalanes (il ne reste à la Fondation Marcet que six mois avant de rentrer à la maison parce que sa famille lui manque), il est repéré par les émissaires de l’Atlético Madrid. Il intègre le centre de formation en 2008 à l’âge de 13 ans et, forcément, son nom fait sourire, Fernando Torres ayant quitté le club un an plus tôt pour rejoindre Liverpool. Un peu comme si la relève divine était arrivée. Mais attention, Óliver Torres n’a pas grand-chose en commun avec Fernando.
Il est petit, il est très technique, il n’est pas blond et, surtout, il est milieu de terrain. Ses modèles ? Xavi et Iniesta. Original. C’est avec l’envie d’atteindre un jour le niveau de ces deux-là qu’il fait ses armes avec les jeunes de l’Atlético. Très doué pour son âge, mais encore un peu frêle physiquement, il intègre dès l’âge de 16 ans l’Atlético Madrid B. Lors de la saison 2011/12, il va accumuler du temps de jeu dans cette équipe réserve qui évolue en Segunda B, la troisième division espagnole. Ses très bonnes prestations arrivent jusqu’aux oreilles de Diego Simeone, qui l’emmène sur le banc de l’équipe première pour la première fois en avril 2012, face au Betis Séville. El Cholo lui fait alors comprendre qu’il va miser sur lui pour la nouvelle saison 2012/13. Le coach argentin tient sa promesse. Il lui offre son grand baptême dès la première journée de championnat, face à Levante, en le faisant entrer en jeu à la 64e minute. Il devient, à 17 ans et 283 jours, le deuxième plus jeune joueur de l’histoire de l’Atlético Madrid en championnat d’Espagne. Qui était le premier ? Bah, Fernando Torres, évidemment.
Les dessous de l’affaire David Villa ?
Pendant un an, Óliver va faire des allers retours entre l’Atlético B et l’Atlético A, car Diego Simeone comprend qu’il l’a peut-être appelé trop tôt, et ne veut surtout pas qu’il se brûle les ailes. Il inscrit ainsi son premier but avec la réserve le 30 septembre 2012, lors d’une victoire 3-1 face au Real Avilès, alors qu’il était entré en jeu deux minutes auparavant. Précoce, qu’on vous disait. À partir de là, Alfredo Santaelena, le coach de l’Atlético Madrid B, va lui faire de plus en plus confiance, et, plus tard dans la saison, Diego Simeone va le faire jouer de plus en plus fréquemment. À partir du mois d’avril 2013, Óliver Torres est convoqué à pratiquement chaque match de l’Atlético. Le 12 mai, Simeone lui offre même quinze minutes de jeu face au Barça, lors d’une défaite 2-1. Torres se retrouve en face de ses idoles et continue ainsi son apprentissage. Toujours bon quand il entre en jeu, il attise inévitablement les convoitises d’autres clubs, qui se positionnent pour le recruter lors de l’été 2013. L’Atlético fixe une clause à 24 millions d’euros. Mais le joueur hésite. D’un côté, il ne veut pas quitter son club formateur. De l’autre, il veut jouer, car il a la dalle. El Cholo lui offre le compromis rêvé : rester à l’Atlético et jouer. Marché conclu.
S’il avait toujours dû se contenter d’une place sur le banc au coup d’envoi depuis le début de la saison, Torres a goûté dimanche soir, pour la première fois, à l’ivresse d’un poste de titulaire. Poste qu’il a donc honoré au bout de 13 secondes avec son premier but parmi les pros, mais pas seulement. Dans le jeu, il a été excellent, et la presse espagnole loue aujourd’hui ses qualités. Même si l’Atlético tourne à plein régime avec ses titulaires habituels, il sera désormais difficile, pour Simeone, de le laisser sur le banc. Alors, Óliver Torres, futur grande star de l’Atlético Madrid ? Pas sûr. Si le peuple rêve de le voir devenir le futur porte-étendard de l’équipe, il se dit, en off, qu’il a déjà un accord de principe avec le Barça. Ce serait d’ailleurs pour cela que l’Atlético Madrid n’a déboursé que 5 millions d’euros cet été pour David Villa. Des suppositions, pour le moment. Mais Xavi n’est plus tout jeune, et Óliver Torres est, sans nul doute, la relève idéale du capitaine blaugrana. N’en déplaise aux supporters des Matelassiers.
Par Eric Maggiori