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Oleg Petrov, l’homme du président

Par Adrien Candau
4 minutes
Oleg Petrov, l’homme du président

Depuis le début des années 2000, Oleg Petrov, qui vient de remplacer Vadim Vasilyev comme nouveau directeur de l'AS Monaco, marche consciencieusement dans les pas de Dmitri Rybolovlev. Reste à voir si ce technocrate d'entreprise, qui n'a jamais travaillé de près ou de loin dans le monde du football, saura tirer son épingle du jeu au sein du club de la Principauté.

En voilà, un nouveau mystère. Ce 22 février, l’AS Monaco a donc dévoilé le remplaçant de Vadim Vasilyev comme nouveau directeur du club. Nom : Petrov. Prénom : Oleg. Âge : 55 ans. CV : cinq langues parlées, deux diplômes universitaires et « une forte expérience dans les affaires et dans le développement de marques à l’échelle mondiale » à en croire le communiqué officiel de l’ASM. On n’en saura pas beaucoup plus. Circulez, y a rien à voir ? Peut-être pas. Car Dmitri Rybolovlev vient de propulser aux commandes du club de la Principauté un de ses lieutenants les plus fidèles. Soit un homme que l’oligarque russe a choisi à plusieurs reprises par le passé, pour intégrer successivement la direction d’entreprises où il avait choisi d’investir sa fortune.

Le traquenard biélorusse

C’est au début des années 2000 que la route de Petrov aurait croisé, pour la première fois, celle de l’actuel propriétaire de l’ASM. À l’époque, Rybolovlev est encore à la tête d’Uralkali, géant russe spécialisée dans la production et la vente de potasse. En 2005, Uralkali décide de faire alliance avec son équivalent biélorusse, Belaruskali, pour former le géant mondial du minerai Belarusian Potash Company (BPC). Une nouvelle superstructure, où Petrov est nommé directeur commercial. En 2010, Rybolovlev revend néanmoins Uralkali pour 4,7 milliards d’euros à plusieurs hommes d’affaires proches du Kremlin qui se partagent les parts de la société. En parallèle, Petrov continue son bout de chemin dans l’entreprise minière, et devient directeur du marketing et des ventes d’Uralkali en 2011. Problème : l’alliance Uralkali-Belaruskali ne fonctionne pas.

Coté russe, on reproche à la branche biélorusse de vendre de la potasse sans passer par BPC. Dans le camp Belaruskali, société sous la supervision étroite du pouvoir biélorusse et notamment du très autoritaire président Alexandre Loukachenko, on soupçonne Uralkali d’utiliser les structures locales de BPC pour signer des contrats finalement honorés seulement par la branche russe de l’entreprise. En juillet 2013, Uralkali annonce même vouloir se retirer de BPC pour redevenir entièrement indépendant. « Le retrait unilatéral d’Uralkali de BPC a induit une pagaille boursière d’amplitude mondiale. Le cours de la potasse s’est effondré, rognant les marges jusque-là confortables sur ce marché oligopolistique, expliquait alors Anaïs Marin, chercheur au Finnish Institute of International Affairs et spécialiste de la Russie. Belaruskali en fut l’une des premières victimes, ses coûts de production demeurant bien supérieurs à ceux d’Uralkali et ses débouchés plus restreints. Le Bélarus reproche donc à son indélicat partenaire russe d’avoir dénoncé ses engagements vis-à-vis de BPC pour faire cavalier seul. » Le pouvoir biélorusse ne tarde pas à sévir et fait arrêter Vladislav Baumgertner, le directeur général d’Uralkali. La justice du Bélarus cible aussi d’autres cadres de la branche russe de BPC. Parmi ces gros bonnets, on retrouve Oleg Petrov, qui serait alors semble-t-il soupçonné par la justice biélorusse d’avoir participé à la mise en place d’un système favorisant les intérêts d’Uralkali au détriment de ceux de Belaruskali.

Dans le sillon de Rybo’

Désormais hors jeu en Biélorussie, Petrov ne va cependant pas tarder à rebondir. Car ce natif d’Oufa est une grosse tête, une vraie, bardée de diplômes extrêmement prestigieux. Comme ceux de l’académie de commandement militaire, et de l’académie d’économie et de droit de Moscou. Son profil très international le rend d’autant plus désirable à la direction de sociétés qui veulent conquérir de nouveaux marchés : le zozo maîtrise le portugais et l’anglais, et a également appris l’espagnol et le grec. En 2016, il rejoint ainsi les rangs d’Alrosa (leader mondial russe de l’extraction de diamants). L’expérience sera relativement courte : son vieil ami Dmitri Rybolovlev a besoin de ses qualités de gestionnaire. En 2017, le président de l’ASM qui a investi des billes dans Alevo (une start-up suisse qui produit des batteries) nomme Petrov à un poste d’exécutif. Plus récemment, Rybolovlev aurait selon L’Équipe recasé Petrov dans son nouveau secteur d’investissement : le cinéma, alors que le président de l’ASM a dernièrement investi dans la société de production cinématographique New Republic Pictures.

Énigme en suspension

Reste que c’est donc désormais de l’ASM que Petrov devra prioritairement s’occuper. Sa nouvelle fonction de grand ordonnateur des Rouge et Blanc s’annonce délicate, alors que le club de la Principauté reste encore sportivement dans le creux de la vague et relativement fragilisé dans l’opinion publique par certains éléments dévoilés par les Football Leaks. Difficile aussi de savoir si son arrivée contribuera à modérer la politique hyperactive de trading de joueurs du club du Rocher, qui s’est résigné à acheter des vieux briscards cet hiver (Fàbregas, Naldo, Vainqueur…) pour sauver sa peau dans l’élite. Une certitude demeure : le nouveau dirigeant asémiste a beau avoir roulé sa bosse en entreprise, il n’avait auparavant jamais touché à la gestion d’un club de foot. Un ultime signe que, pour la Ligue 1 et l’ASM, Oleg Petrov reste encore une énigme à résoudre.

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