- Angleterre
- Manchester United
Ole Gunnar Solskjær-MU : l’idylle désenchantée
La lourde défaite contre Watford (4-1) ce week-end aura été celle de trop pour Ole Gunnar Solskjær, démis de ses fonctions par les dirigeants de Manchester United dimanche matin. Une issue inéluctable pour le coach norvégien qui aura passé presque trois ans sur le banc des Red Devils malgré une crédibilité proche du néant. Paradoxe.
Cette fois, le couperet est tombé. Épargné de justesse par la direction de Manchester United après l’humiliation subie à domicile contre Liverpool il y a un mois, Ole Gunnar Solskjær a finalement été contraint de rendre son tablier ce 21 novembre 2021 après une nouvelle rouste, cette fois sur la pelouse de Watford (4-1). L’image de l’entraîneur norvégien, au coup de sifflet final, allant s’excuser auprès des supporters des Red Devils présents à Vicarage Road interrogeait d’ailleurs : demandait-il pardon à cause de la désastreuse performance de son équipe ce samedi après-midi ou en raison de son bilan fade à la tête du club mancunien, comme s’il savait que sa tête allait tomber ? La conférence de presse d’après-match d’OGS laisse croire que la bonne réponse était la première. « J’ai toujours cru en moi, a-t-il rappelé. Bien sûr, il s’agit d’une période difficile pour nous. Mais je peux assurer que chacun d’entre nous donne le meilleur. Le staff est fantastique, et même si les résultats sont difficiles, je suis persuadé que l’on peut encore renverser la vapeur. » Si cela a lieu, ce sera sans lui.
Manchester United can confirm that Ole Gunnar Solskjær has left his role as Manager.Thank you for everything, Ole #MUFC
— Manchester United (@ManUtd) November 21, 2021
Une équipe au cœur brisé
Son départ, bien qu’inévitable, aura néanmoins été repoussé au maximum par ses joueurs, très attachés à leur coach et dont certains étaient en larmes dans le vestiaire après la gifle reçue contre Watford, conscients que leur entraîneur ne survivrait pas à cette nouvelle déroute. « Je dois remercier tous les joueurs car, depuis que je suis arrivé, ils ont été formidables, a insisté OGS dans une interview d’adieu publiée sur le site du club. Certains sont venus, d’autres sont partis, mais ça a toujours été un plaisir de travailler avec eux. » Une entente collective inexistante sur le terrain où seul Cristiano Ronaldo donne signe de vie offensivement, tandis que d’autres comme le capitaine Harry Maguire, ou encore Jadon Sancho, sont totalement à côté de leurs pompes. Des circonstances imputables à Solskjær, toujours prêt à défendre ses joueurs en conférence de presse. « Tous ces gars, ce sont des super joueurs et de vrais professionnels, mais ce sont aussi des êtres humains, lâchait-il encore après la défaite à Watford. Il est difficile de se relever mentalement quand les choses ne tournent pas en votre faveur. » Un héros pour ses hommes, mais un zéro pour les supporters.
Club legend ♥️ pic.twitter.com/Dhef4U0T2A
— Marcus Rashford MBE (@MarcusRashford) November 21, 2021
Trois ans pour rien
Nommé entraîneur intérimaire le 19 décembre 2018 pour remplacer José Mourinho, puis installé définitivement le 28 mars 2019, trois semaines après un exploit retentissant contre le Paris Saint-Germain en huitièmes de finale de la Ligue des champions, Solskjær aura finalement passé deux ans et onze mois sur le banc des Red Devils avec une étiquette « choix par défaut » collé sur le dos. Incapable de dénicher un coach de renom à cette époque, le board de MU avait fini par laisser les clés du camion à l’ancien tacticien de Molde après des débuts plus que corrects, mais qui s’avèreront être un cadeau empoisonné. Malgré un effectif renforcé chaque année, avec en point d’orgue le retour de Cristiano Ronaldo cet été, jamais OGS n’a semblé capable de faire progresser le club. Ses meilleurs résultats (une finale de Ligue Europa perdue contre Villarreal et une deuxième place en Premier League l’année dernière) en sont la preuve. Trop léger par rapport au palmarès son prédécesseur, qui avait lui décroché la C3 en 2017.
Mais la comparaison ne s’arrête pas là : avec 1,81 point par match en 109 rencontres disputées en championnat, le manager de 48 ans fait moins bien – encore – que Mourinho (1,89 en 93 matchs) et à peine mieux que Louis van Gaal (1,79 en 76 affrontements), deux hommes qui n’avaient pas eu la bienveillance dont a trop longtemps bénéficié Solskjær. Du moins jusqu’à cette saison, où son effectif aurait dû lui permettre d’être bien plus haut qu’une huitième place en Premier League, à douze longueurs du leader Chelsea après autant de journées et surtout 21 pions concédés, un record dans l’histoire du club depuis 1992. Tel est donc l’héritage laissé par le Norvégien à Michael Carrick, son ex-assistant et autre légende de MU, qui assurera l’intérim en attendant que le club anglais se trouve un nouveau coach. Une recherche entamée ce dimanche et qui agite les tabloïds britanniques, où de nombreux noms (Zinédine Zidane, Laurent Blanc, Mauricio Pochettino, Erik ten Hag…) circulent déjà. Toutefois, les dirigeants n’excluraient pas de conserver Carrick, 40 ans, s’il parvenait à enchaîner les bons résultats avec cet effectif pléthorique. Comme si la leçon n’avait pas été retenue.
Par Fabien Gelinat