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Old Mountain Station : « Anelka était obligé de rouler en Opel »

Propos recueillis par Maxime Delcourt
6 minutes
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Si tous les membres d'Old Mountain Station partagent un goût prononcé pour le folk-rock, ses guitares brutes et ses arrangements touchants, certains domaines divisent davantage : le foot, par exemple. A l'occasion de la sortie de leur premier album éponyme, rencontre avec Charles Morel, Parisien de cœur, et Alexandre Cassigneul, Canari jusqu'au bout des ongles.

Vous parlez souvent de foot au sein du groupe ?Charles : Entre nous deux, oui ! Mais les autres membres du groupe ne sont pas super intéressés (rires).Alex : En fait, je suis nantais et Charles est parisien d’adoption depuis quinze ans maintenant. C’est cool parce que ça crée des divergences.

D’autant que vous supportez des clubs dont les valeurs et les ambitions sont opposées…Alex : Roh ça va, Nantes a retrouvé pas mal d’ambitions là (rires). Charles : Au PSG, malgré les très bons résultats, on sent un énorme décalage financier avec les autres clubs de Ligue 1. On verra avec Monaco l’an prochain, mais pour le moment, je ne trouve pas ça hyper fair-play.

C’est un énorme décalage financier, mais pas tellement au niveau des résultats…Charles : Non, et c’est ce qui est décevant d’ailleurs. Mais bon, dans un sens, c’est plutôt réconfortant, ça démontre que le fric ne règle pas tous les problèmes. On voit bien qu’il ne suffit pas d’aligner les stars pour enchaîner les résultats. J’ai remarqué d’ailleurs que c’est souvent contre les petites équipes que le PSG se plante, comme si les joueurs ne jouaient vraiment que les gros événements et qu’ils se foutaient du reste.

Comme beaucoup, tu penses que le PSG n’est qu’une équipe de Ligue des Champions, et pas de championnat ?Charles : Oui, exactement. Mais contrairement aux grosses équipes européennes qui font régulièrement tourner l’effectif, Paris se contente d’aligner toujours les mêmes joueurs. La rotation n’est pas énorme, alors que le banc est assez conséquent. Ça apporterait un peu de fraîcheur au groupe je pense.

Vous devez être deux supporters plutôt heureux à l’heure actuelle ?Alex : Oui, je recommence à m’intéresser à Nantes. Je t’avoue que depuis deux saisons, je suivais beaucoup moins.

La L2 était frustrante ?Alex : Ouais, j’ai complètement saisi ce qu’on appelle « l’enfer de la Ligue 2 » (rires). Quand on a fait l’ascenseur il y a trois ans, on s’est dit qu’on allait rester en Ligue 2 quelques années, et ça n’a pas manqué.

Le pire ennemi pour vous, c’est qui ?Alex : C’est Paris (rires) !Charles : Je n’ai pas vraiment de pire ennemi, mais je n’aime pas trop Lyon. Après, faut savoir aussi qu’avant de supporter Paris, j’étais pour Marseille. Tout simplement parce que j’ai grandi à côté de Valence. Ce n’est pas vraiment le sud, mais là-bas tout le monde supportait l’OM. Il faut dire que c’était l’époque où l’équipe gagnait tout et représentait la France à l’échelle européenne. Et puis lorsqu’on habite en province, Paris représente un peu le club de gros connards.

Pourtant, tu as fini par travailler pour le PSG…Charles : En fait, quand je suis monté sur Paris, je me suis retrouvé à travailler pour le PSG en tant que consultant. C’était une époque où je commençais à me désintéresser un peu du foot, mais le fait de baigner dans le milieu, de côtoyer un peu des responsables de clubs et d’aller voir plus souvent les matchs m’a vachement redonné goût au foot. D’ailleurs, la première fois que j’ai mis les pieds au Parc des Princes, j’ai trouvé ça hyper impressionnant. Depuis, j’en ai vu des dizaines et des dizaines là-bas. Après, je me souviens aussi de pas mal de matchs dont le niveau était merdique, presque de la Ligue 2.

Tu fais partie de ces supporters qui regrettent l’ancien Parc des Princes, avec des valeurs et de fidèles supporters ?Charles : L’instauration du plan Leproux a clairement pourri l’ambiance. Mais je suis allé voir PSG-Barcelone dernièrement, et j’ai trouvé l’ambiance excellente. Pourtant, j’étais en présidentielle, entouré de gens un peu guindés. Mais même eux participaient à l’ambiance générale. Tout est beaucoup moins clivant qu’auparavant. Par contre, les accès au stade sont pourris.

Tu as pu fréquenter des joueurs avec le poste que tu occupais ?Charles : Alors, il y en a un que j’aimais beaucoup, c’était Jérôme Alonzo. Il était très sympa et hyper apprécié par le personnel du club. Mais ça, c’est typique de l’ancienne génération. Quand on voit aujourd’hui les petits jeunes rouler des mécaniques, c’est un peu navrant. Anelka, par exemple, n’était pas du tout accessible. Il se déplaçait toujours avec son crew. Il était obligé de rouler en Opel, mais il ne voulait pas. Du coup, c’est un pote à lui qui conduisait et ses potes conduisaient ses grosses voitures. En plus, il faisait tout le temps la gueule, peut-être à cause de ses performances (rires).

Nantes et Paris étaient au sommet dans les années 90. Vous êtes nostalgiques de cette époque ?Alex : Complétement. On est orphelins de Jean-Claude Suaudeau (rires). Der Zakarian a beau avoir fait du beau boulot, ça ne remplacera pas l’époque 90. C’était l’époque où il y avait un vrai centre de formation, un suivi des joueurs et un état d’esprit. Je pense que c’est pour ça qu’on a fini par descendre. La partie formation a trop été délaissée pendant quelques années. Pareil pour Auxerre.Charles : C’est vrai que lorsqu’on regarde l’équipe-type du PSG cette saison, il n’y a peut-être qu’un joueur sur onze qui a été formé en Ligue 1. Je ne dis pas que ce n’est pas bien d’avoir de grands joueurs étrangers dans l’équipe, mais ça serait bien d’avoir au moins un tiers des joueurs issus du centre de formation. Même Sakho aujourd’hui n’est pas un titulaire indiscutable alors qu’il a totalement le niveau.

Quels joueurs vous ont particulièrement marqués ?Charles : À l’époque où j’y travaillais, c’était Gabriel Heinze. Aujourd’hui, je retrouve un peu ça avec Thiago Silva : un mec indispensable, qui fait bouger le jeu et casse le rythme. J’adore ce profil de joueur.Alex : C’est très classique, mais je vais dire Zidane. C’était super beau à voir jouer.

Attendez-vous le mercato d’été avec beaucoup d’impatience ?Alex : Le groupe n’est pas trop mal actuellement, donc je ne suis pas sûr qu’il faille absolument claquer de l’argent. Peut-être un gros attaquant histoire d’amener un peu plus de monde au stade, même s’il était plutôt blindé cette année et qu’il le sera encore plus avec la Ligue 1 l’année prochaine.Charles : Je suis assez impressionné par des modèles à l’anglaise, comme Manchester United et Arsenal, où des entraineurs restent des années à la tête de l’équipe. Il y a une grosse différence avec des clubs comme Madrid où l’on ne voit qu’à court terme. C’est pour ça que j’espère qu’Ancelotti restera malgré son envie de partir. On n’a pas vraiment besoin de grosses stars supplémentaires, ce serait bien au contraire d’exploiter l’ensemble de l’effectif.

Pourquoi le folk-rock est-il si peu adapté au foot ?Charles : La réponse caricaturale serait qu’on est des âmes sensibles et qu’on n’est pas faits pour les terrains de sport, mais je ne pense pas que ce soit ça.Alex : D’ailleurs, il y a un petit festival à Nantes qui s’appelle le « Jeu à la Nantaise » où plein de groupes folk se produisent. Le clin d’œil est donc plutôt pas mal.

Ronaldinho, le duc d’Anjou

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