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OL : Textor temporise
Très bavard face aux micros ce mardi, deux jours après avoir évincé Jean-Michel Aulas de la tête de son Olympique lyonnais, John Textor s'est toutefois contenté d'éteindre les braises et de confirmer Laurent Blanc à la tête de l'équipe. Pour le reste, rendez-vous cet été.
Il est arrivé avec les cinq minutes de retard protocolaires, manteau de l’Olympique lyonnais sur le dos, l’air souriant et détendu, a pris le temps de s’installer confortablement et calé un « bonjour » en VF à la vingtaine de journalistes présents dans la salle de presse du Groupama Stadium ce mardi, avant de débuter. Deux jours après l’officialisation du départ de Jean-Michel Aulas de la présidence de Lyon, John Textor se savait très attendu, et c’est pourquoi il a décidé de se présenter face aux micros dès le lendemain. À l’aise dans l’exercice, le propriétaire américain de l’OL s’est montré particulièrement loquace, se prêtant avec plaisir au jeu des questions-réponses. Un numéro d’équilibriste pour stabiliser un club encore secoué par le tremblement de terre consécutif au départ de son boss historique.
Aulas salué, Blanc confirmé…
Conscient des attentes autour de cette conférence de presse, Textor a décidé de prendre le taureau par les cornes et de désamorcer en premier lieu la polémique autour du départ soudain de JMA, qui a eu le droit à un hommage appuyé. « Je voulais remercier d’abord Jean-Michel, j’ai été ravi d’avoir été choisi par les vendeurs et notamment par Jean-Michel. Il fallait surtout son accord, a tenu à souligner Textor. Chez Eagle, nous sommes une famille de clubs. Chaque club est aussi important pour la communauté qui l’entoure, à l’image de Lyon et de la ville qui l’entoure. » Il s’est également employé à dédramatiser les tensions entre lui et l’ancien boss du club rhodanien, arguant qu’Aulas avait été acteur de son départ. « Il y a beaucoup de points de vue quant à l’avenir du foot. Jean-Michel et moi-même avons toujours eu une bonne communication. Il ne faut pas exagérer les tensions. Il a pensé que c’était le moment (de passer la main, NDLR). C’est le moment parfait pour réaliser la transition. »
L’autre point d’attention concernait le poste d’entraîneur. S’il n’y avait pas de doute quant au maintien de Laurent Blanc d’ici la fin de la saison, la volonté de Textor de vouloir profondément réorganiser le club laissait planer quelques doutes pour l’avenir, mais le patron d’Eagle Football a balayé tout cela d’un revers de la main. « On va garder et soutenir Laurent Blanc. Notre entraîneur mérite d’avoir beaucoup de soutien cet été. Le club a bien fonctionné sur les 15 derniers matchs. […] Je soutiens l’entraîneur. Point barre. Il n’y a rien qui me dise que je dois me débarrasser de ce coach. » Des louanges adressées à Blanc, mais aucune pour Bruno Cheyrou, responsable de la cellule de recrutement, ni Vincent Ponsot, directeur du football, dont les trajectoires seront connues après la fin de la saison. Reste à savoir s’ils seront encore liés à l’OL d’ici-là.
… Et une stratégie à affiner
Pour le reste, Textor s’est appliqué à distribuer des mots justes, sans aller trop loin dans le détail. Il a évidemment rappelé que l’objectif de l’OL est – au minimum – de jouer la Ligue des champions tous les ans ,et ne pas y arriver constituerait un échec. « Dans ce club, ce doit être l’objectif pour chaque saison, a embrayé Textor. L’OL a toutes les ressources nécessaires : l’académie extraordinaire, la ville… Si on regarde les performances sur les quatorze, quinze derniers matchs, pourquoi ne pas réussir sur l’ensemble de la saison ? »
Afin d’y parvenir, l’Américain de 57 ans, qui souhaite à terme installer un directeur sportif, a remis une pièce dans son discours fétiche : investir dans les outils technologiques pour renforcer un effectif trop limité pour le haut niveau. « Nous voulons investir lourdement dans le recrutement, a-t-il insisté. Nous voulons accroître le nombre de gens pour repérer des talents. Nous pouvons, grâce à la technologie, analyser des milliers de joueurs. La cellule de recrutement est compétente, mais petite, et sous-développée. Je pense qu’il faut investir dans les outils numériques. Il est temps de faire les choses de manière différente. […] Ces outils vont améliorer la recherche de talents, pour avoir non pas une cible, mais cinq. Il faut faire cela de manière traditionnelle, mais aussi avec les outils modernes. » Plus qu’un changement de présidence, c’est donc une nouvelle ère qui vient de débuter à Lyon, dont le destin est entre les mains d’un homme reparti de cette conférence de presse comme il était arrivé : souriant, détendu et même blagueur. « J’ai parlé trop longtemps ? », s’est-il amusé à demander au moment de poser pour les photographes. On en croirait presque que Lyon respire de nouveau la sérénité.
Par Fabien Gelinat