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À Orléans, la dernière danse d'Aulas

par Anna Carreau, au stade de la Source (Orléans)
8 minutes

Après 36 ans de bons et loyaux services, Jean-Michel Aulas avait un dernier rendez-vous coché dans son agenda de président déchu : une finale de Coupe de France féminine au stade de la Source. Véritable star des tribunes, l'ancien boss de l'OL a vécu une soirée entre émotions, hommages et passation de pouvoir.

À Orléans, la dernière danse d'Aulas

Le stade de la Source d’Orléans est fait de promiscuité, de passages entre les sièges où s’élèvent les « pardon » avant des « excusez-moi » quasi obligatoires pour qui souhaite se mouvoir. En cet après-midi de finale de Coupe de France, tout le monde était logé à la même enseigne : des internationales encore blessées, mais bien présentes à Orléans pour encourager leurs équipes, aux supporters lambda ayant dépensé les 30 euros nécessaires pour s’offrir une place dans cette tribune latérale aux allures de VIP. Mais si tout ce beau monde se presse dans les allées, c’est parce qu’en plus de vouloir prendre la pose avec Griedge Mbock, Melvine Malard, Marie-Antoinette Katoto ou Kadidiatou Diani, il y a un homme qui attire toutes les attentions. Quelques rangs en dessous de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, elle aussi du voyage dans cette petite enceinte aux 7 500 places, se trouve un certain Jean-Michel Aulas.

Bain de foule, lunette de soleil et larmes

Celui qui officiellement n’est plus que le président d’honneur de l’OL, après avoir été gentiment évincé de son rôle de dirigeant dans un communiqué paru le 5 mai dernier, a toujours des allures de boss du club rhodanien. Même s’il a délaissé son costume siglé « OL » pour une broche rouge et bleu bien plus sobre. D’ailleurs, les supporters semblent eux aussi avoir oublié cette décision récente de John Textor et interpellent le désormais ex-dirigeant lyonnais par des « Monsieur le Président, Monsieur le Président » avant de quémander un selfie. Quelques sièges plus haut, Michelle Kang, future propriétaire de l’équipe féminine et pour l’instant propriétaire du Washington Spirit en D1 féminine américaine, observe ce va-et-vient incessant d’adorateurs de son prédécesseur derrière ses lunettes de soleil. Il faut dire que si la FFF s’était sans doute plantée sur le choix du stade accueillant cette finale de Coupe de France féminine, la météo a répondu présente.

Cette victoire, c’est pour notre président Monsieur Aulas. Si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à lui.

Selma Bacha

Mais ce ne sont sûrement pas ces quelques rayons dans le ciel loirétain qui ont ému aux larmes la star de l’après-midi. Après avoir satisfait les curieux et dit à chacune des joueuses de l’équipe de France venue le saluer qu’il espérait qu’elle serait retapée pour le Mondial, Jean-Michel Aulas prend la direction de la pelouse. Déboulant aux côtés des officiels, le « président d’honneur de l’Olympique lyonnais » s’offre un dernier serrage de pinces, terminant la colonne de joueuses par « ses » joueuses. Tous savent qu’il s’agit là d’une Last Dance, d’un moment que cette fin de saison leur permet encore, avant que le très gros chapitre Aulas à l’OL ne se referme. Et pris par l’émotion, Aulas craque. Heureusement, la FFF avait prévu un hymne national joué au saxophone avec un magnéto enregistré, l’aidant sûrement à retrouver le sourire.

« Jean-Michel Aulas, on va tout gagner pour toi ! »

Sur la pelouse, les Lyonnaises déroulent et font en sorte de tenir la promesse énoncée par leur capitaine Wendie Renard la veille en conférence de presse : « On ne peut que lui rendre hommage, on fera tout demain pour lui. » Ada Hegerberg dédie même chacun de ses deux buts à celui qu’elle nomme sobrement « le plus grand président de l’histoire du football ». Au coup de sifflet final, Jean-Michel Aulas n’est déjà plus dans la tribune : il s’est vite extirpé de son fauteuil en plastique rouge pour descendre en bord de terrain et rejoindre celles qui ont voulu rendre cette dernière fête vraiment belle. « Cette victoire, c’est pour notre président Monsieur Aulas. Si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Ce titre, on lui dédie spécialement, on le remercie pour tout, on sait qu’il va continuer à faire progresser le football féminin, j’ai une confiance aveugle en lui », braille Selma Bacha au micro de beIN SPORTS dans la foulée, avant de former un cœur avec Griedge Mbock puis de partir en courant rejoindre ses potes qui l’attendent pour soulever le trophée.

Près de la coupe, la capitaine Wendie Renard attendait quelqu’un d’autre. Encore et toujours Jean-Michel Aulas. Prenant chacun un côté du trophée, les deux soulèvent dans le ciel d’Orléans la dixième Coupe de France de l’histoire de l’OL, toutes remportées durant la présidence de JMA. Prostré devant cette énième bannière de championne déployée devant les joueuses lyonnaises, le boss a le regard fixe quelques instants pendant qu’il applaudit, comme s’il prenait conscience d’une fin plus que jamais proche, tranchant avec le chaos qui règne dans son dos. Ada Hegerberg, elle, ne perd pas le nord. Après avoir lancé un gros câlin collectif autour du président Aulas, la Norvégienne file chercher Michelle Kang, jusqu’ici cantonnée dans son rôle de spectatrice de ces adieux déchirants. Elle aussi a eu le droit de soulever le trophée avec l’équipe, dans une scène qu’observe à son tour le dirigeant déchu. Mais la future propriétaire n’aura pas le droit à la voix mielleuse d’Amel Majri, hurlant dans un micro mal paramétré : « Jean-Michel Aulas, on va tout gagner pour toi ! »

« En matière d’émotions, je pense que c’est le plus beau trophée »

La fête se poursuivra dans les vestiaires, où l’ancien boss de l’OL profite une dernière fois de ces moments de joie, de cette saveur particulière d’un trophée. Et tant pis pour les journalistes qui poireautent en zone mixte, profitant au passage de toutes les célébrations du vestiaire lyonnais beaucoup trop mal insonorisé. « On ne va vous envoyer que Wendie, tease la responsable presse des filles. Il y a beaucoup d’émotions dans les vestiaires, c’est compliqué de les faire sortir. » Pendant ce temps, les policiers agglutinés à l’entrée du couloir se prennent en photo avec Hervé Renard, lui-même retranché dans un coin en attendant un membre de son staff. Débarque enfin un représentant de la Team OL. Et pas n’importe lequel : l’élément central de cet après-midi, dont le titre lyonnais est presque devenu anecdotique. « Je suis un homme heureux parce que je me retire sur un titre, sourit Aulas, qui se marre en entendant ses joueuses s’égosiller dans son dos. On doit être au 34e titre chez les féminines, 19 chez les garçons, 20 à l’académie, on a encore gagné le championnat de France U19 féminin il y a trois jours. C’est donc 73 titres que j’ai eu la chance de gagner au sein de l’Olympique lyonnais. (…) C’est beaucoup d’émotion. Quand on donne 36 ans de sa vie au football, ce n’est pas simple de quitter ce qu’on aime le plus, avec sa famille. »

Des émotions qu’il partage très largement avec sa capitaine qui lui emboîte le pas, encore plus émue que son ancien dirigeant. « Quand on a vu dans quel état il était au début du match, ça nous a toutes touchées, on s’est dit : “Il n’y a pas moyen, il faut qu’on gagne pour lui”, raconte Wendie Renard entre deux longues respirations, pour éviter qu’elle aussi ne verse quelques larmes. En matière d’émotions, je pense que c’est le plus beau trophée. C’est quelqu’un qui humainement est… C’est un homme avec beaucoup de valeurs. Ce n’est pas facile. (…) On sait ce qu’il a fait pour nous, ce qu’il est, ce qu’il sera toujours. Il aura toujours mon respect jusqu’à mon dernier souffle, parce que c’est un homme de valeurs, qui agit et ça fait plaisir d’avoir fait ça pour lui aujourd’hui. » L’heure n’est pas vraiment à la projection, et toutes parlent de Jean-Michel Aulas au présent, comme si malgré l’arrivée de Michelle Kang, le vrai patron restera.

Passation discrète

Seule Sonia Bompastor, gardienne du temple et reconnaissant elle-même qu’il a fallu batailler pour garder les joueuses concernées sur le match plus que sur l’hommage, évoque un futur pas si lointain : « Le président va rester avec nous jusqu’à la fin de saison, mais on verra pour Michelle. Le plus important à retenir, c’est ce que le président nous a dit aussi, c’est qu’elle arrive avec beaucoup d’ambitions, de moyens, de rester le meilleur club français, le meilleur club européen et certainement l’un des meilleurs au monde. » L’entraîneuse de l’OL indique même que la voisine de John Textor à Palm Beach passera la semaine avec le groupe. Aulas a déjà joué le rôle de la passation à sa manière : « J’ai appelé Michelle (Kang) à célébrer avec nous pour montrer que ceux qui arrivent avec de la passion, avec une vision soient bien accueillis et mis dans les meilleures conditions pour la suite. Ça fait partie de l’homme : tout donner quand on est aux manettes et tout donner pour que ceux qui arrivent derrière puissent réaliser les plus belles performances, parce que ça sera mon adrénaline de demain. » Avant de peut-être lui piquer une ultime fois la vedette en cas de titre face au PSG dimanche prochain.

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par Anna Carreau, au stade de la Source (Orléans)

Tous propos recueillis par AC, sauf mentions.

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