OL-OM : Benzema Vs Ben Arfa ?

A la fin de la saison, Karim Benzema sera sacré meilleur buteur de Ligue 1 pour la deuxième fois consécutive. Qui pour en douter ? Mais quel que soit le résultat d’OL-OM, le titre ne sera cette fois pas au pied du sapin artificiel de JMA, comme de coutume à Noël. Cette année, les créatures des écuries d’Aulas n’ont pas été assez sages pour déballer si tôt un si gros cadeau. Dissipé sur le terrain, apathique parfois, l ‘OL n’a jamais paru si vulnérable : collectif souvent inoffensif, manque d’automatismes (avec une litanie de blessures certes, comme alibi crédible), l’équipe semble encore en rodage. La turn-over attitude de Puel y est aussi pour quelque chose. Pour beaucoup ?

Pour le Glaude, aucun joueur ne dispose du statut de vache sacrée, Benzema compris. Au coup d’envoi ou en cours de match, Rim-K se retrouve ainsi à l’écart du rectangle vert. Des absences que Lyon paye cash quasi systématiquement. La faute au genou dans le sac de son joueur le plus rentable, l’OL a disputé ces deux dernières rencontres de Ligue 1 sans le K10. Résultat : un nul contre Valenciennes et une défaite à Nantes. Que serait Lyon sans Benzema ? Plus grand chose.

Mais que serait l’OM sans Ben Arfa ? A vrai dire, dur de trancher. La seule victoire acquise (face à Nice) sur les quatre derniers matchs de championnat olympiens le fut avec l’ailier fort sur le banc (rentrée à la 74e). Mais on pourrait trouver des stats plus à l’avantage de l’ancien Lyonnais, comme ces six buts marqués et ces deux passes décisives. S’il y a bien un joueur qui paraît indispensable aux Phocéens, c’est Mamadou Niang, pas Ben Arfa, six buts et cinq offrandes fatales au compteur pour le Sénégalais. Pas un hasard si son absence fait envisager au directoire marseillais le renfort d’un joker.

A l’inverse de Benzema, rentable ne serait pas le premier adjectif qu’on accolerait à Ben Arfa. Plutôt, fantasque, lunatique, capricieux ou génial. Au choix. Le plus doué pour donner le torticolis à ses gardes du corps l’est aussi pour laisser s’évanouir des ballons au beau milieu du terrain ou disparaître tout simplement de la circulation en cours de match. Le graphique des performances de Ben Arfa prend les atours de montagnes russes, comme celui de son équipe d’ailleurs, capable du meilleur comme du pire, d’un match à l’autre, et même au cours du même match. Ben Arfa c’est un peu le Benzema version équipe de France, trop solo. Ecole ROHFF: « Je me suis fait tout seul, je me fais la passe et marque tout seul » . Une référence que les deux ex amis, aujourd’hui ennemis, partagent.

L’OL plus costaud que l’OM

Cette saison, Lyon donne sa pleine mesure en Ligue des Champions. Tout sauf un hasard, Benzema, son arme fatale, y est systématiquement aligné, et y a donné ses plus belles représentations (à Munich et à Florence). Plus que la preuve du nouveau sens des priorités lyonnais, c’est la loi de nécessité qui conduit Puel à servir Benzema lors de chaque repas avec le gotha européen et à s’en priver, de temps à autre, en championnat. Dans ses joutes hexagonales, Lyon sait qu’il peut gagner à l’économie et que des faux-pas lui sont autorisés.

Pour ses premiers test-matchs, Lyon a failli à Paris (Juninho avait remplacé Benzema à la 54e), puis a sombré Rennes (cinq jours après Bayern-OL) mais a fini par répondre présent quand le péril menaçait. Acculé par Bordeaux pendant une infernale demi-heure, l’OL s’en était sorti en convertissant sa première occasion. Benzema avait tranché d’un pied gauche vicieux.

Ce soir, Ben Arfa a l’occasion de montrer qu’il n’a rien à envier à son conscrit. Cela pourrait être son soir et celui de l’OM. Mais il pourra toujours faire le match de sa vie et donner la victoire à l’OM, ce ne sera sans aucune garantie de pérennité. Marseille vit trop vite. L’enthousiasme peut le porter haut, mais c’est un carburant à durée de vie de poisson rouge. Moins drôle mais plus sûr, l’ogre Lyon la joue manager de grande entreprise : efficace et impitoyable. Comme Benzema.

Par Ali Ben Mabrouk