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OL : ne banalisons pas l’incroyable

Par Julien Duez
5 minutes
OL : ne banalisons pas l’incroyable

Pendant que la France se paluchait sur ses deux clubs présents dans le dernier carré de la C1 masculine et qu'elle frétillait devant les coups de pédale de Julian Alaphilippe, personne ou presque ne veut souligner le septième titre européen de l'OL à sa juste mesure. On parle pourtant de l'une des plus grandes dynasties de l'histoire des sports collectifs.

Le football est un sport qui se joue à onze et, quand il est pratiqué par les femmes, à la fin, c’est l’Olympique lyonnais qui gagne. Quatorze fois d’affilée précisément, quand il s’agit du championnat de France. Cinq fois consécutives, lorsqu’on évoque la domination des filles de l’OL sur l’Europe du foot. Un bilan monstrueux qui fait ressortir une statistique, et non des moindres : jamais un club n’avait réalisé le cinq à la suite en Ligue des champions depuis le Real Madrid de Puskás et Di Stéfano, entre 1956 et 1960.

Pourtant, dimanche, sur les coups de 23h, la victoire à l’arrachée de l’OM sur la pelouse de Brest ou le test positif au coronavirus de Benoît Paire ont davantage alimenté les conversations. Bien sûr, il y a aussi eu la victoire de Julian Alaphilippe lors de la deuxième étape du Tour de France, qui a été envoyé à la Une de L’Équipe. Mais les Lyonnaises, alors ? Alors, heureusement pour elles, les Fenottes ont pu compter sur un clin d’œil politique : un gazouillis signé de la main du président de la République et de son Premier ministre. Ouf : leur performance n’est pas complètement passée inaperçue.

En France, on n’aime pas la réussite

Cette phrase, véritable mantra des libertariens et autres fans du rêve américain, un brin provocatrice, trouve quand même un fond de vérité quand il s’agit d’observer le décalage entre les performances à répétition des filles de l’Olympique lyonnais et le peu de répercussions que celles-ci suscitent. Comme si finalement, on s’était presque lassé de voir jouer un club qui est devenu au fil des années le meilleur d’Europe et, osons le dire, du monde. Tout ceci n’a pourtant aucun sens et finit presque par occulter l’énorme travail abattu par la machine à Aulas, qui ne cesse de briser les records avec la régularité d’un métronome. Seul problème : quand on est aussi constant au plus haut niveau, le public et les médias ont parfois tendance à oublier que cela n’a rien d’une évidence.

Pour dresser un parallèle avec les garçons, on pourrait citer l’exemple de Robert Lewandowski qui, malgré ses 55 buts marqués toutes compétitions confondues cette année, trouve encore des détracteurs pour qui le Ballon d’or, s’il avait été décerné cette année, aurait dû revenir à Karim Benzema ou, pourquoi pas, à Cristiano Ronaldo, parce que le bougre se démerde quand même bien pour être super fort chaque saison. Le Polonais empile pourtant les titres de meilleur buteur depuis des années dans un championnat dont le niveau de compétitivité n’est plus à démontrer. Ce qui joue en sa défaveur, ici, serait plutôt sa capacité à être sous-médiatisé. Où l’on en revient à l’équipe féminine de l’OL.

Et après ? Eh ben, on continue !

Ce que ce septième succès européen, le cinquième d’affilée, de l’OL est venu nous rappeler, c’est que quand on est un sportif professionnel, on ne se lasse jamais de gagner. La question, posée à plusieurs Fenottes avant et après la rencontre face à Wolfsburg, pouvait en effet paraître légitime : « Est-ce qu’on ressent encore de la joie quand on gagne tout le temps ? » Wendie Renard, 88 matchs de Ligue des champions au compteur et joueuse la plus capée de la compétition, avait donné un élément de réponse à L’Équipe avec sa verve légendaire : « Quand je mets mes crampons, c’est pour gagner. Sinon, j’arrête le foot et je vais faire du 5-5 tranquille, dans le sable en Martinique. » Même son de cloche du côté d’Eugénie Le Sommer, qui a inscrit pas moins de 269 buts sous les couleurs rhodaniennes : « On nous demande souvent si on n’en a pas marre de gagner, mais non, pas du tout. On n’a pas de lassitude parce que la gagne a une belle saveur. La joie est peut-être différente, mais c’est la récompense d’un énorme travail au quotidien, avec des sacrifices toute l’année. »

Quant à Jean-Luc Vasseur, il n’a pas manqué de souligner à quel point cet énième succès est tout sauf anodin : « On parlait de parité, elle est acquise puisque aujourd’hui l’Olympique lyonnais féminin est au même niveau que le Real Madrid des années 1950-1960. C’est une grande satisfaction. Elles voulaient écrire l’histoire, elles ont commencé il y a quelques années et je pense qu’elles n’ont pas fini de l’écrire. » Morale de cette histoire : il faut peut-être commencer à se dire qu’il n’y a pas de Coupe d’Europe au rabais et que voir un club français gagner cinq fois d’affilée une telle compétition est une performance bien plus grande que placer deux clubs français en demi-finales de C1.

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