- Ligue 1
- J19
- Lyon-Strasbourg (1-2)
OL : le point de rupture
Battus par Strasbourg ce samedi au Groupama Stadium, les Lyonnais continuent de creuser. John Textor, qui assistait à son premier match, a peut-être vu la rupture s'opérer entre le club et ses supporters.
« Vu la première partie du championnat, ce soir, et tous les autres soirs, il faudra gagner », prévenait Laurent Blanc avant la rencontre au micro de Prime Vidéo. Deux heures après ce petit message, ses Lyonnais finissaient par s’incliner face à Strasbourg (1-2), enchaînant un troisième match sans victoire en championnat. C’est aussi le second revers d’affilée des Gones dans leur antre après Clermont. Pourtant, les supporters du Groupama Stadium avaient clairement fait comprendre à leurs joueurs qu’un autre résultat qu’un succès serait très mal perçu. Les ultras, plutôt patients jusque-là, avaient annoncé la couleur cette semaine à l’entraînement : « Arrêtez d’être ridicule ou dégagez. » Cette nouvelle défaite ne devrait rien arranger.
Une ambiance houleuse
Ce samedi soir, l’arrivée du car de la délégation locale a été copieusement accompagnée de fumigènes. Et pas des fumigènes craqués dans une ambiance d’encouragements. Plutôt en guise d’avertissement. Lors de l’entrée des joueurs, le virage Nord a dégainé un tifo montrant une chèvre, accompagné d’un nouveau message : « Ne laissons pas notre club partir en fumée. » Au Sud, les fans se sont adressés au nouveau propriétaire : « John, the house is burning, fire the incompetents » (John, la maison est en train de brûler, virez les incompétents, en VF). Dans cette ambiance tendue, les supporters du virage Sud ont profité de la présence de John Textor dans les travées du stade de Décines-Charpieu, sa première en tant que propriétaire, pour lui faire comprendre l’état dans lequel se trouve un club loin, si loin de ses ambitions.
Hué par ses supporters lors de sa sortie, Karl Toko Ekambi s’est vengé sur la poubelle dans les couloirs du stade…#OLRCSA I #PrimeVideoLigue1 pic.twitter.com/7epCWIgmnd
— Prime Video Sport France (@PVSportFR) January 14, 2023
Présent à Lyon depuis vendredi, l’homme d’affaires américain s’est montré dans tous les recoins des infrastructures de l’OL, assistant même au match de la réserve. « Je pense qu’il est venu à Lyon pour essayer d’amener des choses nouvelles dans ce club et de faire en sorte qu’il retrouve son statut », estimait l’entraîneur de l’OL, qui a confirmé avoir rencontré son nouveau patron ce week-end. Les mots sont plutôt bien choisis par le Président. Quel est le statut de l’OL désormais ? « Quand on est l’OL, on ne peut que regarder vers le haut de tableau », affirmait Alexandre Lacazette, buteur sur penalty, après la défaite sur Prime Vidéo. Avec cette nouvelle désillusion, Lyon pourrait glisser en dehors de la première partie de tableau selon les résultats de dimanche, et tourner son regard vers le bas, la zone rouge étant à dix points seulement.
Une équipe du ventre mou
« Aujourd’hui, on est douzièmes de Ligue 1, ce qui est totalement inadmissible quand on est l’Olympique lyonnais », balançait Anthony Lopes il y a un peu plus d’un an. Dans 24 heures, il pourrait refaire la même déclaration. La réalité, c’est que depuis deux saisons, l’OL est un club de milieu de tableau, qui doit maintenant espérer que le grand frisson vienne d’une qualification en Ligue Europa Conférence. Avant cette soirée rhodanienne, Strasbourg, 19e, n’avait gagné qu’une fois en championnat. La défaite sera difficile à avaler pour les Lyonnais puisqu’elle n’est pas la plus méritée de la saison, mais elle est aussi la conséquence des multiples mauvaises décisions d’un club à la dérive.
Bruno Cheyrou avait beau fanfaronner en août, son recrutement n’est pas à la hauteur des ambitions lyonnaises, et les retours de Corentin Tolisso et Alexandre Lacazette ne peuvent déjà plus masquer les limites d’un effectif trop limité pour être un candidat au podium. Les départs de Memphis Depay, Lucas Paquetá ou Bruno Guimarães n’ont pas été compensés. Cette politique devrait changer selon Textor : « Si un joueur part, on en trouvera un meilleur à la place », assurait-il vendredi. L’exigence a peut-être aussi baissé d’un cran. Que ce soit concernant la performance des joueurs, ou le travail des dirigeants. Les supporters, aussi, se sont montrés plutôt sympas et patients au stade et n’ont pas mis une pression folle sur l’état-major pour changer les choses. Au moins, ce match a montré à John Textor les maux de son nouveau bébé. Peut-être comprend-il mieux là où il vient de mettre les pieds, et l’ampleur du chantier qu’il va devoir opérer.
Par Léo Tourbe