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OL, le foot est un sport de combat
Renvoyé à la sixième place au creux de la semaine, l’OL voudra sauver sa place dans la lutte pour le podium face au leader parisien (21 heures). Et sans doute bien plus encore…
L’événement a manqué de passer inaperçu, mais la Ligue 1 a peut-être bien perdu un de ses meilleurs représentants en Ligue des Champions mercredi dernier. Non pas du côté du Vélodrome où l’OM s’est remis à rêver d’un passage en quart. Disons plutôt dans ces stades où la lumière européenne n’est plus entrée depuis un bail et où une partie du destin lyonnais pour la suite de la saison devait se jouer mercredi. Une victoire des Verts et des Dogues plus tard, voilà l’OL qui pointe à la sixième place du classement, avec six points de retard sur le concurrent nordiste et l’amertume de voir passer pour la première fois depuis près de vingt ans le rival stéphanois devant aux deux tiers du parcours.
Au travail
A première vue, cette descente d’un cran supplémentaire au classement dans une sorte de semi indifférence serait plutôt du genre à faire les affaires de l’OL : personne pour brandir la menace de crise, pour remettre en cause les choix sportifs du club, pour rejouer de la comparaison entre le mandat Puel et l’effet Rémi Garde. Tout juste si l’on a prêté attention à cette idée d’un départ de Källström pour le Rubin Kazan, avant qu’elle ne soit, comme prévu, renvoyée au loin – on voyait mal le Suédois jouer sa place de titulaire en sélection en cédant à l’exotisme sous forme de contrat mercenaire pour les quelques mois à venir. Reste toutefois une sensation, celle que cette apparente quiétude dans laquelle on a bien voulu laisser l’OL n’est plus l’affaire que de quelques heures. Jusqu’à samedi soir grand maximum, lorsqu’il faudra accueillir le PSG et plonger pour de bon. C’est ce que dit le parcours en championnat mené sur un rythme de relégable depuis six journées, avec quatre points pour autant de défaites alignées. A moins qu’il reste encore de la place pour relever la tête et y croire encore un peu. Après tout, un sommet à disputer face au leader du moment peut aussi servir à ça, surtout pour une équipe qui n’aime rien tant que jouer sur la corde raide et sauver sa peau in extremis.
Du coup, on s’est dit que ça vaudrait le coup de retourner voir les Lyonnais sur leur lieu de travail, du côté des terrains d’entraînement de Tola Vologe. Ces matins-là, l’OL est à tout le monde : aux gamins, aux supporters et aux journalistes. Au bout de la séance, chacun repartira avec ce qu’il était venu chercher : un autographe, une certitude ou une déclaration. Un genre de défilé réglé comme du papier à musique où tout est à sa place, jusqu’aux rires et aux encouragements que les joueurs et le staff s’envoient depuis le terrain. Encore faudrait-il savoir quelle est la place de chacun. En général, il y a les matchs pour ça. Or, c’est précisément dans cette routine prise sur le vif, dans la répétition des gammes que les joueurs donnent à voir une heure durant à tout casser que la question va ressurgir l’air de rien. D’abord au bout du terrain d’entraînement, là où les attaquants peaufinent leurs appels dans la profondeur. On s’arrête un instant sur Lacazette, vingt ans à peine et en voie d’être promu comme le type décisif du moment à la faveur d’une poignée titularisations qui lui ont permis de briller. En début de saison, ses formateurs laissaient entendre que leur jeune poulain n’avait pas encore la caisse suffisante pour tenir ces 90 minutes à haute intensité qui distinguent les joueurs de Ligue 1 de tous les autres.
Lisandro ne marque plus
Six mois plus tard, on n’en est déjà plus là : Lacazette a gagné ses galons de sauveur de la République lyonnaise un soir de Ligue des Champions et serait même en train d’envoyer Jimmy Briand goûter un peu plus souvent du banc si l’on s’en tient aux derniers choix de Garde. Pour autant, depuis sa dernière apparition face à Bordeaux et à l’heure où l’OL doit s’employer pour espérer gratter cette troisième place qui menace de lui échapper, on ne sait si Lacazette a ce qu’il faut d’épaisseur pour incarner l’homme providentiel dont aurait bien besoin l’attaque lyonnaise en berne depuis quelques journées. A le voir multiplier les courses et les tirs tête rentrée dans les épaules, le visage fermé, on en douterait presque. Surtout, en voyant Lisandro enchaîner à ses côtés les accélérations et planter en toute facilité, on comprend que Lacazette en est encore à faire l’apprentissage du métier. A la manière des solistes qui répèteraient ensemble une même pièce, on saisit toute la différence qui sépare encore le jeune premier promis à un avenir brillant de son aîné qui maîtrise l’art de la fugue. En attendant, ses partenaires peuvent bien paraître à la peine devant tant de facilité dans les accélérations, les appuis et toutes ces feintes, revenu en match, l’Argentin ne marque plus. Pire, son talent a fini par se diluer à coups de décrochages permanents qui en font un animateur à peine inspiré d’un jeu lyonnais qui, il est vrai, en manque cruellement.
Sport individuel
A peine plus loin, c’est une autre histoire qui se raconte. Celle d’une défense centrale prise en plein turn over et que Rémi Garde se refuse encore à installer tant que Lovren ne sera pas en mesure de reprendre pour de bon. Alors, il faut s’en remettre une fois de plus aux bons services de Cris, tout juste sorti pour un petit échauffement et puis s’en va. Il faut surtout entourer Koné pour espérer le faire grandir un peu plus et l’imposer comme la bonne trouvaille de l’année. Le Burkinabé se montre à l’écoute : il y aura certainement d’autres coups à encaisser dans cette défense aux allures de chantier à ciel ouvert.
Pour l’instant, les premiers coups, c’est Bernard Lacombe qui s’est chargé de les envoyer. Pas depuis le terrain où il vient traîner, mais en coulisses où il réserve ses meilleures punchlines. Pour Ederson d’abord : « S’il était performant et décisif, Ederson jouerait plus. Mais en trois ans et demi à l’OL, combien de fois l’a-t-il été ? » Pour le reste de la troupe ensuite : « A Bordeaux et contre Caen, j’ai eu honte. (…) Par moments, j’ai eu l’impression de voir une équipe de fonctionnaires » . On pourra toujours trouver malice dans les propos de Dirty Bernie lorsqu’il fustige des joueurs qui pratiqueraient un « sport individuel » . Pourtant, ce qu’on a perçu le temps d’une séance d’entraînement comme ce qu’a vu Lacombe lors des derniers matchs fait partie d’une seule et même réalité : celle d’un club où personne n’est jamais prêt au même moment. Si depuis le milieu de terrain où il observe son monde, Rémi Garde doit s’employer à trouver le temps, la formule, les mots qui feront jouer ses hommes à l’unisson, les sorties programmées de Lacombe rappellent que l’urgence de la situation commandent de rassembler l’OL autour du plus petit dénominateur commun. Quelque chose qui aurait à voir avec le sens du combat.
Par Serge Rezza